Bousille et les justes : un voyage hardi dans le passé
Une production communautaire de La Troupe du Jour
Bousille et les justes - 1er au 5 mars 2017
Alexandre Truchon-Savard (Phil Vezeau), Guy Verrette (Bousille)
Photo: La Troupe du Jour
Du 1ier au 5 mars 2017, Bousille et les justes de Gratien Gélinas, une production communautaire de La Troupe du Jour, s’est emparée vigoureusement d’un public enthousiaste qui a dû se secouer de ses fortes émotions à la fin de la pièce pour offrir aux comédiens des applaudissements nourris bien mérités.
La pièce québécoise, devenue un classique, a été créée à Montréal à la Comédie canadienne – aujourd'hui Le Théâtre du Nouveau-Monde -en 1959.
L’ère qu’elle reproduit – bien rendue par les accessoires, les costumes et les coiffures – peut nous choquer en 2017. Les attitudes envers la femme semblent presque néandertaliennes, et il n’est pas difficile de reconnaître la main lourde de l’Église catholique et d’apprécier l’importance primordiale de la mère dans les coulisses des familles québécoises dans les années 40 et 50.
Par contre certains comportements humains perdurent, hélas ! L’hypocrisie, l’intimidation (voire la violence), le chantage, la loyauté mal placée , la déception et le mensonge trouvent une incarnation vivante sous plusieurs formes. Les personnages sont joués avec une fougue dramatique par tous les comédiens..
On reconnaît leur engagement dès les premières entrées sur scène et les premières syllabes émises. Bousille et les justes est surtout une pièce à paroles (il s’agit des détails de témoignage dans un procès de meurtre). On se trouve dans une chambre d’hôtel et le procès aura lieu hors scène. Grâce aux voix archi-claires et bien caractérisées, on suit aisément les péripéties de mauvaise foi et les rebuffades à la vérité : un vague cousin pas très déluré et un des témoins, pathétique, pauvre, simple d’esprit et naïf. On suit ce mélodrame qui décide du sort de Bousille.
La confrontation vocale et physique entre Bousille (Guy Verrette) et le pontifiant Henri Grenon (Raoul Granger) est véritablement terrifiante. Le jeu des femmes n’est certainement pas moins impressionnant : par exemple le caractère et les réactions de Noëlla Grenon (Adèle Gaudet) et sa belle-sœur Aurore Vezeau (Catherine Godbout) ont causé, j’en suis sûr, maintes discussions sur la moralité de l'époque.
Il va sans dire, hélas, que le sujet central, ce qu’on ferait pour sauvegarder l’honneur de la famille, est sérieusement actuel.
Pour le mot de la fin j’aimerais signaler un petit détail bien inspiré: les photos dans le foyer sont reproduites en noir et blanc et sont encadrées comme des portraits de famille qu’on trouvait sur le piano familial à l’époque de la pièce. Chapeau ! À La Troupe du Jour pour cette production soignée. Et réussie.
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