Lancement du Mois de l'histoire des Noirs à Saskatoon
Des célébrations sous le signe de l’engagement civique
SASKATOON - Le Mois de l’histoire des Noirs se place cette année sous le signe de l’engagement civique des immigrants noirs. La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 1er février au Relais de Saskatoon en présence de Fulgence Ndagijimana, directeur général de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS), et d’une quarantaine de participants. Des discours, une discussion animée et de nombreuses questions ont suivi.
Les célébrations ont commencé par le visionnage du documentaire L’histoire des Noirs au Canada : Une chronologie sélective. Cette chronologie animée couvre trois siècles d’histoire, de l’autorisation par Louis XIV de l’esclavage en Nouvelle-France, en passant par la destruction du quartier noir d’Africville à Halifax, à la décision en 2016 de la Banque nationale du Canada de faire de Viola Desmond la première femme noire à figurer sur la monnaie canadienne.
L’HISTOIRE DES NOIRS AU CANADA : UNE CHRONOLOGIE SÉLECTIVE
La vidéo a été présentée lors du lancement du Mois de l'histoire des Noirs à Saskatoon.
Lors de la période d’échanges, l’un des participants a d’ailleurs tenu à souligner que le nouveau billet de 10 dollars était la preuve que les choses changeaient quant à la reconnaissance des personnes noires dans l’espace public.
De l’importance de connaître son histoire
La Canadienne d’origine burundaise Anne Yvette Sibomana a pris la parole pour souligner quelques dates importantes de l’histoire des Noirs. Elle a rappelé qu’en décembre 1995 la Chambre des communes a reconnu officiellement le mois de février comme étant le Mois de l’histoire des Noirs, suite à une motion initiée par l’honorable Jean Augustine, première Canadienne noire élue au Parlement.
Mais il faudra attendre février 2008 pour que le sénateur Donald Oliver, le premier homme noir du Sénat, présente la motion visant à reconnaître la contribution des Canadiens noirs et du mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs.
« Le Sénat n’a rien fait jusqu’en 2008. Il fallait qu’il y ait un noir pour proposer cela ! Ceci n’est qu’un exemple que les Blancs qui dominent dans les postes d’influence ne sont pas assez sensibilisés sur l’histoire des Noirs et surtout sur leurs contributions... Ou tout simplement ils ne s’en soucient pas… C’est pour cette raison que les immigrants noirs eux-mêmes doivent comprendre leur histoire et savoir qu’ils doivent continuer à se battre pour avancer leur cause », a-t-elle déclaré avec passion avant d’aborder la question des défis et opportunités auxquels font face les immigrants noirs francophones, plus particulièrement ceux issus de l’Afrique subsaharienne.
Réflexions et discussions
Pour la deuxième année consécutive, le professeur en études francophones et interculturelles à la Cité universitaire francophone, Jérôme Melançon, a partagé le résultat de ses recherches à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs. Il a abordé, entre autres sujets, la question des changements sociaux qui, selon lui et ses sources, passent nécessairement par des luttes. Il a également cité les travaux de nombreux universitaires, dont ceux du philosophe et politologue camerounais Achille Mbembe.
La période de questions fut fort animée. Les thématiques soulevées ont touché les pratiques éducatives parentales divergentes d’une culture à l’autre, souvent d’une culture africaine à l’autre, ainsi que les diverses raisons motivant l’engagement civique. Innocent Gasana, secrétaire général de la CAFS, en a profité pour souligner la raison de son engagement auprès de sa communauté : « Redonner ce que j’ai reçu ».
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