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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Si trop c’est comme pas assez, mieux c’est toujours mieux !

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Cette expression populaire : « trop c’est comme pas assez » est une maxime qui nous rappelle que la démesure est équivalente à son opposé et que la quantité n’est certainement pas synonyme de qualité. Cette vérité philosophique simple repose sur un jugement élémentaire : quand est-ce qu’il y en a « trop »? Ou alors, quand plus va finir par diminuer, sinon faire disparaitre, toute forme de qualité?

À notre époque où les excès sont célébrés, en avoir toujours plus semble toujours mieux. La quantité serait synonyme de richesse et d’accès à la qualité croirait-on. La logique capitaliste actuelle valorise l’acquisition maximale, la conquête, le pillage des richesses/ressources de notre petite planète si vulnérable à nos entreprises de progrès. Il n’y a jamais de « trop » dans cette logique, car l’accumulation est la seule vertu, la grande valeur recherchée. D’ailleurs les grands argentiers du monde, les banques, sont devenus des institutions « trop » grandes pour tomber (too big to fail). Et pourtant…leur appétit démesuré de profits provoque des engrenages d’excès qui nous mènent vers une décadence sociale, de la moralité et une destruction rapide de notre environnement naturel.

Il est pourtant clair que, dans un monde fini comme le nôtre (nous n’avons qu’une seule planète), les excès des uns affectent les besoins des autres. Notre incapacité à limiter notre consommation et notre recherche de quantité toujours plus grande nous mène à une fin brutale et des catastrophes sociales majeures. L’accumulation excessive, au-delà de nos besoins immédiats, devrait être considérée comme un danger commun. Dans notre monde économique où tout n’est que chiffres et quantité, la mesure de la qualité de vie semble secondaire.

Toutefois, lorsque l’on parle de qualité, « trop » est aussi un concept insensé. Nous n’avons jamais assez de qualité. Le meilleur étant un jugement personnel, chacun peut en avoir assez ou plus selon son niveau d’appréciation et sa capacité à la développer. La qualité est le fruit de notre labeur, notre art, notre savoir, notre créativité, mais certainement pas le fruit de notre capacité idiote d’appropriation et de consommation. D’ailleurs, dans notre vie personnelle, nous cherchons tous, d’une manière ou d’une autre, à accroître notre qualité de vie. Et cette qualité peut contribuer à prolonger notre vie (quantité) d’ailleurs. Nous vivons donc dans l’illusion que la quantité d’argent nous donne accès à la qualité. En fait, rien n’est plus faux, c’est l’inverse qui s’avère réel : la grande qualité attire les masses et enrichi son créateur. Aucun grand entrepreneur/créateur de ce monde n’a réussi grâce à son capital matériel, mais bien grâce à son capital créatif, source de toute qualité. 

Un changement de paradigme s’impose donc sur nous, pour changer de valeur fondamentale en valorisant une société qui développe la qualité, nos habiletés à la développer, notre créativité et savoir. Ceci devrait permettre d’apprécier ce qui est mieux plutôt que ce qui est plus. La quantité nous leurre, tel un appât, par sa luxure et ses éclats. La qualité, elle, nous embellit et nous procure, bonheur et accomplissements. Ne soyons pas dupes ! 

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