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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Savoir s’unir, malgré le désenchantement du monde

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Si lharmonie existe, elle émerge souvent de lunion de musiciens autour dune mélodie, ou encore de la parfaite concordance des formes de la nature comme si limperfection nexistait pas. Entre nous, gens de société, lharmonie est plutôt un idéal que l’on frôle parfois, mais que lon finit par ne plus espérer à force d’échecs répétés et de dissonances incessantes. Pourtant, l’unité harmonique est une force monumentale qui peut nous mobiliser et nous propulser vers des réalisations exceptionnelles. Le groupe est toujours plus grand que la somme de ses parties. 

Si lon peut concevoir que lharmonie peut émerger de lunion de musiciens autour dune mélodie, pourquoi nous, acteurs sociaux, ny parvenons-nous que rarement? Quelle mélodie partageons nous? Sans cette ligne mélodique claire et envoûtante tout semble si chaotique. Dailleurs, lorsque le chaos mène à l’implosion dune unité instable, une nouvelle quête d’unité va s’ensuivre parce que le chaos est un état transitoire. Peut-être que l’harmonie l’est aussi vous me direz. Toutefois, si les acteurs saccordent, limpossible semble tout-à-fait possible. Une équipe ayant une vision et des objectifs communs peut sans difficulté déplacer des montagnes.

Nous valsons inlassablement entre unité et désunion, entre crise et réaction, entre action créative et action négative, entre solitude et solidarité. Ce perpétuel mouvement politique nous construit mais nous épuise aussi et participe à détruire de magnifiques possibilités d’unité et de collaboration. « Là où il y a lhomme, il y a lhommerie ». Mais pouvons-nous nous résigner ainsi? Surtout pas ici, en milieu minoritaire, où chaque acte de résignation enterre davantage lespoir dune francophonie prospère. Et combien dentre nous optons pour la résignation plutôt que la résistance, pour la paresse plutôt que l’effort, pour l’individualisme plutôt que la communauté?

Savoir sunir demeure le défi de l’heure ici comme ailleurs. Je ne dis pas que tout est chaos, mais sans chef dorchestre ou leaders rassembleurs, la « communauté » demeure fragile et en péril. Il faut savoir se coordonner, apprendre à partager et dignement sengager à créer des collaborations véritables, fondées sur le bien commun (plutôt quinstitutionnel ou personnel), le dialogue et la bonne volonté. Lorsque les leaders agissent dabord et avant tout dans leur intérêt personnel, pour le prestige et le pouvoir plutôt que pour favoriser la collaboration et lharmonisation des créatifs, le chaos simpose et fragmente les forces et toutes possibilités de croissance collective. Notre société moderne encourage l’individualisme, le  consumérisme, et la séparation des groupes à cause de la monétarisation du monde, mais linverse demeure toujours possible. Cela ne dépend que de nous!

Lorsque les voix saccordent en chorale, l’émerveillement se produit et change le monde et les personnes en profondeur et de manière durable. Parlez-en aux choristes et musiciens! L’unité harmonique est tout-à-fait possible si, et seulement si, nous savons « jouer ensemble », collaborer vivement et dissoudre notre individualisme au profit dune note commune, dune vision claire, précise en harmonie avec la rythmique qui est la nôtre.

Dans cette période de division qui semble vouloir s’imposer sur nous depuis les États-Unis, nous pouvons faire une différence en résistant à la haine et à la ségrégation et en avançant vers la recherche d’une vie commune malgré nos différences et le désenchantement du monde qui règne.

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