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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Les symptômes post-pandémie: L’éternel maintenant

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Crédit : Compare Fibre / Unsplash

L’humanité a été profondément ébranlée par la pandémie. Tel un « saut quantique », elle nous a tous propulsés dans un nouveau paradigme, éclatant au passage les fondations de nos vies en morceaux.

Mon fils a récemment déménagé ses pénates à Montréal pour entrer à l'université.  Mais, pandémie oblige, c'est une rentrée numérique.  Il suit donc ses cours à distance sur son ordinateur depuis son appartement. Deux pas en avant, un pas en arrière...

La pandémie n’a pas complètement changé le monde, mais elle a modifié notre rapport à ce dernier. Les habitudes d’antan sont devenues des souvenirs et ce qui semblait impensable est devenu possible. 

La pandémie a ouvert des failles dans le tissu de l’espace-temps offrant la possibilité d’une nouvelle expérience du réel. Plusieurs d’entre nous ont d’ailleurs des vies radicalement différentes aujourd’hui.

Un effet notoire de ce « saut » est venu de notre expérience de la solitude ou de l’isolement. Ce plongeon hors du monde nous a invités à être plus à l’écoute de nous-mêmes et à apprivoiser tous les détails de notre environnement et de nos habitudes.

Ce fut certainement une occasion d’introspection profitable, mais aussi difficile, pour nombre d’entre nous, nous amenant à repenser nos carrières, nos relations, mais surtout nos plans d’avenir.

Cette sentence de solitude, vécue parfois seul ou en famille, a ouvert une brèche dans notre rapport au temps. Ce temps que nous voyions comme linéaire, qui nous précipitait sans cesse à aller plus vite et plus loin, a pris la forme d’un « éternel maintenant » dans lequel il est même devenu difficile de sortir. Pour certains, ce fut un moyen de se libérer de vieilles habitudes. Pour d’autres, le monde s’est refermé, les emprisonnant dans un stress incessant.

Certains ont profité de ce passage forcé pour se retirer complètement du monde et pour ne plus vraiment y retourner, sauf par obligation. Un ami a changé de carrière, un autre s’est trouvé un lopin de terre qu’il ne veut plus quitter. La vie communautaire a ainsi été dévastée, remettant en question les activités de nombreuses organisations de mobilisation sociale.

Certes, le cours de la vie se poursuit, le soleil se lève et se couche, mais il me semble, par expérience, et en regardant mon fils, mes amis et connaissances, que le temps a changé de rythme, sinon de nature. Il est plus flexible en quelque sorte, mais nous devons souvent le vivre en solitaire.

Mon fils, par exemple, s'est rapproché de 2 800 kilomètres d'une vie universitaire qu'il ne peut encore goûter qu'à une distance respectable, à travers un écran. Inconvénient temporaire ou réorganisation permanente de l'espace-temps ?

La vie sociale est en train d’évoluer pour prendre de nouvelles formes. Cette métamorphose obligée demande un effort de résilience pour réussir à se réinventer et y trouver les nouvelles avenues qui vont permettre de redéfinir comment bien vivre ensemble, dans cet « éternel maintenant ».

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