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Gaetan Benoit: Un album pour nourrir ses rêves

Gaetan Benoit: Un album pour nourrir ses rêves
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Avant le lancement officiel, le 7 février, du tout premier album signé de sa plume, Gaetan Benoit présente un avant-goût alléchant et attachant de la chanson titre Viejo Mundo accompagnée de son vidéoclip réalisé par Marie-Ève Fontaine.

En attendant les douze chansons de l’album L’autre bout du continent, à paraître en février, l’auteur-compositeur-interprète fransaskois nous emmène dans l’univers de son personnage phare Viejo Mundo, un lama qui défie les lois de son destin pour vivre son rêve.

C’est sans doute lorsqu’on va brouter ailleurs, qu’on va voir du paysage, que l’on « ne reste pas pris à l’abreuvoir, que l’on peut oser vivre autrement et vivre son rêve maintenant », explique l’artiste.

L’animateur et journaliste n’en est pas à ses premières armes artistiques, mais cet album ouvre un nouveau chapitre dans sa carrière. « C’est le premier projet sur lequel je mets mon nom, alors je ressens une certaine fébrilité, appréhension, mais aussi excitation. J’ai lancé quelque chose dans l’univers et j’appréhende la réaction des gens. »

Gagner les cœurs

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La comédienne Marie-Ève Fontaine a confectionné les éléments du vidéoclip de la chanson Viejo Mundo à la main.
Crédit : Marie-Ève Fontaine

Cette première chanson, sortie le 19 janvier, est un avant-goût. Assortie d’un vidéoclip monté de toutes pièces par la comédienne Marie-Ève Fontaine, Viejo Mundo plante le décor, entre drame, douceur et dépassement.

« J’aimais beaucoup le côté simple, artisanal, presque enfantin de son travail, et sa grande rigueur. J’ai tout de suite pensé que cet univers collerait bien à la chanson », précise Gaetan Benoit.

Quelque part entre naïveté et profondeur, la mise en scène rappelle l’humanisme saint-exupérien du Petit Prince, empreinte d’une philosophie universelle. « J’avais un peu peur que les gens pensent que c’est un album pour enfants, mais ce n’est pas du tout ça ! », précise l’artiste qui évoque la quête de liberté de son personnage fétiche.

Nourrir ses rêves

« C’est comme si Viejo avait été dans la salle du spectacle de Fred Pellerin, Un village en trois dés, ajoute Gaetan Benoit, et qu’il avait entendu la question que le conteur pose : ‘Qu’avez-vous fait aujourd’hui pour nourrir votre rêve ?’ »

Les rêves, rappelle l’auteur-compositeur-interprète, ne sont pas nécessairement des changements radicaux ou des choses extraordinaires : « Le point, c’est de trouver quelque chose qui nous allume et d’y aller à fond, comme Viejo qui se découvre une passion pour le banjo. »

Parce que les meilleures idées viennent parfois d’une étincelle inattendue, c’est un vin espagnol bon marché qui est à l’origine de la chanson Viejo Mundo, alors que l’artiste et sa complice de tous les instants, Katrine Deniset, étaient attablés pour parler de leurs projets.

« Cette chanson a été écrite avant mon diagnostic de cancer, mais j’ai toujours vécu comme mon personnage, dans l’urgence, l’aventure, la liberté », observe Gaetan Benoit.

S’amuser de la vie et de la langue

L’autre trait caractéristique du style du Fransaskois, c’est sa manière bien particulière de jouer et déjouer le parler bilingue qu’il revendique avec fierté. C’est en effet à partir de l’expression anglaise « the straw that broke the camel’s back » qu’est née l’expression « la paille a cassé le dos du lama », en ouverture de la pièce musicale.

« J’aime jouer avec la langue, prendre des expressions idiomatiques et les traduire directement. La traduction de cette expression devrait être "la goutte qui a fait déborder le vase", mais je chante pour les francophones de l’Ouest qui naviguent entre les deux langues et qui pourront comprendre sans mépris comme le feraient peut-être les Français ou les Québécois qui penseraient que c’est un calque. »

Un nouveau monde

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L’auteur-compositeur-interprète Gaetan Benoit lance son tout premier album le 7 février.
Crédit : Katrine Deniset

Viejo, « l’ancien » en espagnol, incarne parfaitement les nouvelles voix que Gaetan Benoit interprète dans son album L’autre bout du continent, en plus de celles qu’il a su réunir pour concocter ce concentré de vie.

« Mon objectif était de faire ça avec des amis, de faire de la création ensemble, de rentrer dans leur intimité. Ce processus de création collaborative m’a énormément nourri », remarque le musicien.

Fier de ce tour de force en période de pandémie, Gaetan Benoit précise que ce ne sont pas moins d’une vingtaine d’artistes de l’Ouest qui ont contribué au projet. « Je ne suis responsable que des croquis, et eux, ils ont donné des ailes à mes chansons », commente-t-il avec humilité et poésie.

Par et pour les francophones de l’Ouest

Les thèmes abordés dans cet album sont très éclectiques, allant de l’amour à l’humour, en passant par le deuil ou encore la perte de mémoire. Le tout s’articule autour d’un fil conducteur aux accents country et folk, assorti d’une langue qui veut parler à son public.

Le chanteur a bénéficié de la contribution financière de la Fondation fransaskoise et du Conseil culturel fransaskois (CCF), ce qui lui a permis de rémunérer les artistes à leur juste valeur. Il souligne également le grand cœur des artistes participants qui ont donné, sans compter, de leur temps et talent.

L’artiste à la santé fragilisée ne prévoit pas pour l’instant de lancement en grande pompe. « Dans le meilleur des mondes, je ferai une tournée pour présenter les chansons, mais les choses ne vont pas trop bien. J’ai des symptômes de ma tumeur au cerveau qui affectent mon élocution, j’ai de la difficulté à chanter et à jouer de la guitare », confie-t-il.

Gaetan Benoit se dit confiant et travaille déjà sur un nouveau projet : un album en anglais cette fois qui abordera des thèmes davantage liés à sa maladie.

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Crédit : Marie-Ève Fontaine

Entretien avec l’artiste Marie-Ève Fontaine, réalisatrice du vidéoclip de la chanson Viejo Mundo

Comment s’est déroulée la rencontre avec Gaetan Benoit ?

J’ai rencontré Gaetan l’été dernier par l’entremise de sa copine Katrine, une bonne amie à moi. Nous nous sommes rencontrés à Saint-Boniface autour d’une bière et nous avons jasé de nos obsessions communes, dont certaines personnalités ayant marqué l’Ouest, comme Gabrielle Roy, Gabriel Dumont, René Richard, ainsi que de la création artistique dans toutes ses formes. C’est à ce moment-là que Gaetan m’a proposé de faire le vidéoclip de sa chanson Viejo Mundo. Il avait vu quelques vidéos cocasses que j’avais créées avec des marionnettes en papier, et je crois que ça lui a inspiré l’idée…

De quelle façon Gaetan Benoit t’a-t-il donné le goût d’embarquer dans le projet ? 

J’aime beaucoup Gaetan. C’est quelqu’un de cultivé, de positif, de rieur. Tous mes échanges avec lui sont riches, motivants. Alors, quand il m’a proposé de faire un vidéoclip, j’ai accepté avec joie ! J’étais heureuse de collaborer avec lui sur ce projet qui m’a poussée à me surpasser. Et puis, Viejo Mundo, c’est un vrai ver d’oreille ! L’histoire est charmante et fait rêver.

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Crédit : Marie-Ève Fontaine

Quel a été ton processus artistique pour la réalisation de ce vidéoclip 

En temps normal, je suis artiste de la scène. La pandémie a été très difficile : j’ai dû adapter ma pratique artistique à toutes sortes de nouvelles contraintes. C’est pour ça que je me suis mise à faire des vidéos un peu flyées, souvent avec des marionnettes. Le bricolage, j’adore ça, j’en fais dès que je peux ! C’était parfait pour créer l’univers de Viejo Mundo : papiers, marqueurs, crayons de couleur, tiges, attaches parisiennes… ! Après, c’est l’assemblage, la manipulation et le montage, des étapes qui me plaisent aussi.

Comment s’est passé le processus de collaboration ?

Au niveau de la collaboration avec Gaetan, ça a été très fluide. Nous avons travaillé ensemble sur le scénario et on a eu du plaisir à imaginer les manières dont on pouvait agrémenter en images l’histoire qui est racontée dans la chanson. Le défi, c’est que j’ai fait plusieurs déplacements durant les mois où je travaillais sur le clip. Il a fallu que je traîne les marionnettes et les arrière-plans dans plusieurs villes sans les abîmer !

Quelles sont les voies d’expression que tu privilégies en tant qu’artiste ?

Bien que je raffole de toutes les formes d’art, je suis d’abord et avant tout une artiste de théâtre. Dans mes spectacles, j’essaie d’intégrer différents médiums pour raconter des histoires de manière innovante. Par exemple, je travaille en ce moment à l’adaptation du livre Cet été qui chantait de Gabrielle Roy pour la scène en utilisant théâtre d’ombres, marionnettes et jeu d’acteur. Dans mon temps libre, j’adore faire du perlage à motifs complètement abstraits et originaux. Je suis originaire de Winnipeg, ville que j’adore, et j’habite depuis une dizaine d’années à Ottawa.