Théâtre
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À l’occasion du Forum virtuel 2021 de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), la journaliste culturelle, auteure et réalisatrice québécoise Émilie Perreault a mis de l’avant l’idée de considérer l’art comme un élément essentiel à la santé mentale, voire de parler de « santé culturelle ».
Que ce soit au niveau scolaire, sociétal, politique ou économique, Émilie Perreault plaide en faveur d’une réflexion accrue sur la place de l’art dans la société postpandémie.
À l’occasion du forum, l’auteure des essais Faire œuvre utile : quand l’art répare des vies et Service essentiel : comment prendre soin de sa santé culturelle a donné sa conférence « Faire œuvre utile : quand l’art répare des vies ».
« Je pense que les propos de Mme Perreault ont résonné en francophonie canadienne […] Ce sont des thèmes un peu universels qui ont touché des réalités de terrain, soit des artistes ou des travailleurs culturels qu’on a en francophonie canadienne », explique la directrice de la FCCF Marie-Christine Morin.
Un « esprit sain » par la culture
Émilie Perreault, journaliste culturelle, auteure et réalisatrice.
Crédit : Capture d’écran par Francopresse
« L’art, ça nous fait du bien, ça peut nous réparer à certains moments. Dans nos vies, quand il n’y a rien d’autre et qu’on a besoin d’une bouée, souvent c’est l’art qui va arriver pour nous aider. Ça va nous tomber dessus un peu par hasard, il y a une synchronicité », a lancé la conférencière.
Journaliste culturelle depuis une décennie, Émilie Perreault a voulu creuser cette piste et voir s’il était possible de démontrer que les arts et la culture sont des éléments essentiels à une bonne santé physique et mentale. C’est ainsi qu’est né son deuxième essai.
« Dans cet essai-là, c’est le pourquoi et le comment ça fonctionne […] C’est important de venir chercher des données qui prouvent [que l’art nous fait du bien] et je me suis rendue compte que beaucoup d’études sont disponibles », notamment un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) paru en 2019 sous le titre Quelles sont les bases factuelles sur le rôle des arts dans l’amélioration de la santé et du bien-être ? Une étude exploratoire.
« On connaît tous l’expression “Avoir un esprit sain dans un corps sain” […], poursuit Émilie Perreault, mais comment est-ce qu’on garde un esprit sain ? Comment est-ce qu’on le cultive ? Je pense que c’est beaucoup à travers notre consommation de culture. »
« Le rôle de l’artiste, c’est de mettre sa propre sensibilité au service d’une histoire. Puis, quand on l’écoute, ça nous permet de vivre en accéléré, d’atteindre certaines d’émotions et de nous dire qu’on n’est pas seul […] Ça fait du bien d’être validé, de savoir qu’il y a un artiste qui a mis toute son intelligence, toute son émotivité à notre service », ajoute la journaliste culturelle.
Santé culturelle et pacification sociale
Aux yeux d’Émilie Perreault, l’une des premières étapes pour démocratiser la culture est qu’elle fasse davantage partie du quotidien, soit de « sortir la culture du ministère de la Culture ». Qu’il s’agisse d’économie, d’éducation, de famille ou de politique, « la question [de la santé culturelle] concerne tout le monde et a des impacts bénéfiques pour tout le monde », assure-t-elle.
L’auteure estime qu’à partir du moment où l’on prend véritablement conscience des bénéfices de l’art, on peut décider « de lui faire de la place tous les jours, d’avoir de saines habitudes de vie culturelle et se dire que la lecture, ce n’est pas juste pendant les vacances […] C’est vraiment de changer la façon dont on perçoit la culture dans notre quotidien. »
L’exemple de la Corée du Sud
Émilie Perreault a mis en lumière l’importance de la lecture dans sa vie. Elle a également souligné l’importance pour les jeunes du primaire et du secondaire d’assister à des spectacles dans des centres culturels. « Je pense que dans le cursus général on devrait faire plus de place aux arts, pas juste réserver ça aux gens qui ont choisi l’option artistique », défend-elle.
D’autres idées sont ressorties des questions des participants, dont celle d’une « grève des arts » pour faire prendre conscience à la société de leur importance. La conférencière a également encouragé à suivre l’exemple de la Corée du Sud qui verse 500 millions de dollars chaque année à son ministère de la Culture pour stimuler l’exportation de produits culturels.
« On a vu à quel point ça a un impact : ils ont gagné l’Oscar du meilleur film pour un film en coréen [Parasite, qui a également remporté trois autres Oscars]. Ce n’est pas tombé du ciel […] Il y a des mesures qui peuvent être mises en place par le gouvernement. C’est beaucoup de retombées économiques », précise Émilie Perreault, ajoutant qu’il faut de la patience pour que les mesures portent leurs fruits.
En définitive, la journaliste culturelle affiche « beaucoup d’espoir » pour la place des arts et de la culture postpandémie et espère voir « des réflexions en profondeur » sur le sujet de la santé culturelle.
Qu’est-ce que la « santé culturelle » ?
Émilie Perreault se fie à la définition de l’auteure et psychologue française Sophie Marinopoulos : « La santé culturelle ouvre sur la connaissance de soi et la reconnaissance des autres. Elle permet à chaque sujet de construire son identité et de partager avec d’autres que soi. La santé culturelle est porteuse d’apaisement personnel et de pacification sociale. »
La journaliste commente : « Je trouve ça merveilleux comme idée […] La pacification sociale, c’est quand on se retrouve au théâtre, avec tout le monde, et qu’on vit ce moment-là ensemble et qu’on est en communion d’une certaine façon à la fin […] Mon plaidoyer ultime, c’est de dire : “J’en ai besoin parce que j’ai besoin de quelque chose de plus grand, d’une quête de sens dans ma vie.” La pacification sociale, pour moi, ça passe beaucoup par là. »