Le 22 mars dernier, plus de 8 000 personnes étaient réunies au Sasktel Centre de Saskatoon pour voir et entendre l’ex-première dame des États-Unis, Michelle Obama.
Photo : Céline Galophe
SASKATOON - En 2009, quelques mois seulement après l’investiture de Barack Obama, je me trouvais à Washington DC pour un échange universitaire à l’American University. Terrassée par une de ces grippes saisonnières, je me souviens devoir annuler ma participation à une conférence du nouveau président des États-Unis, en tournée auprès des étudiants. Neuf ans plus tard, l’occasion était trop belle : je devais aller écouter Michelle Obama !
Il est pourtant difficile de qualifier cette soirée du 22 mars à laquelle ont assisté plus de 8 000 personnes au Sasktel Centre de Saskatoon. Conférence, discussion, allocution politique, confidences de femme ? Ce qui est sûr, c’est que l’ex-première dame des États-Unis a ravi l’audience, très largement féminine, en partageant pendant une heure une série d’anecdotes et de messages inspirants.
Confortablement installée sur scène aux côtés de la championne olympique canadienne Cassie Campbell, Michelle Obama s’est donc livrée à un pseudo exercice de questions-réponses qui visait à aborder les grands thèmes de prédilection de l’ex-première dame.
S’il est clair que Michelle Obama n’avait pas besoin d’être présentée au public acquis de Saskatoon, comme l’a souligné en introduction Michael Burns, président directeur général des Jeux Invictus 2017, elle aurait aussi très bien pu se passer d’une modératrice tant son discours est maîtrisé et sa présence assurée. Et ce soir-là, les notions de modèle et d’inspiration ont pris tout leur sens.
En partageant de nombreuses anecdotes familiales, de l’attention sans faille portée à ses enfants, au respect profond qu’elle a pour son mari et ses accomplissements, en passant par l’engagement acharné qu’elle montre pour ses projets, Michelle Obama fait jaillir cette envie de lui ressembler. Ressembler à cette femme brillante naturellement, et fine stratège, dévouée à sa famille mais indépendante, pragmatique mais toujours aimante. Elle incarne toutes ces valeurs très universelles d’amour, de générosité et de partage que nous rêvons tous d’appliquer à nos vies. La fascination est d’autant plus forte que Michelle Obama semble toujours parler au nom des femmes du monde entier.
Au cours de la soirée, elle a abordé le sujet de son enfance à Chicago, qui lui a appris le travail acharné et l’importance cruciale de la famille. Elle a également parlé avec beaucoup d’humilité de cette notion de femme-modèle qu’elle représente, en commentant notamment les portraits officiels d’elle et de l’ex-président américain présentés au National Portrait Gallery de Washignton DC depuis le 13 février 2018. Les tableaux présidentiels ont été réalisés pour la première fois par deux artistes afro-américains. Encore une première pour le couple qui ressent au quotidien cette attention et pression du public qui ne leur laisse aucun autre choix que d’être de « bons modèles ».
Elle s’est confiée sur la perception du rôle de première dame. Trouver le bon équilibre entre la figuration et l’engagement politique excessif est un des défis les plus difficiles qu’elle a eu à relever. Sa stratégie a été de commencer son mandat par des projets simples, ludiques, comme celui de faire planter un potager dans les jardins de la Maison Blanche, afin d’attirer l’attention des foules sur un sujet facile et plaisant, pour ensuite aller se battre sur le sujet de l’obésité.
Elle a également discuté de son engagement auprès des anciens combattants blessés et malades, de son implication dans les Jeux Invictus auprès du Prince Harry, ou encore de sa rencontre avec Nelson Mandela qu’elle décrit comme un moment bouleversant. Elle en a profité pour rappeler que l’œuvre de l’homme est la preuve que les grands changements prennent du temps, et que cette leçon devrait être enseignée à nos jeunes qui vivent dans l’instantanéité des réseaux sociaux.
La mère de famille a également beaucoup insisté sur son rôle d’épouse et d’éducatrice, en relatant par exemple le déménagement vers la Maison Blanche en 2009, la recherche d’école pour ses deux filles, le déchirement de voir la gardienne de ses enfants les quitter.
Elle est évidemment revenue sur le thème de la place des femmes dans nos sociétés. Elle constate que les femmes conservent cette tendance à rester en arrière, à douter de leurs propres capacités. Or, toutes les blessures passées, les questionnements et les doutes ne doivent pas nous ralentir, mais au contraire, nous rendre plus fortes. Le message clé qu’elle souhaite véhiculer est que la confiance en soi se travaille et s’acquiert comme n’importe quelle autre compétence. C’est grâce à cette confiance que les femmes pourront s’attaquer aux mêmes défis que les hommes.
À la question « à quand la première femme noire présidente », l’ex-première dame répond que le temps viendra quand les femmes elles-mêmes seront convaincues de leurs capacités et surtout quand les femmes sauront donner leur confiance aux autres femmes. La bienveillance et l’entraide entre les femmes est primordiale pour parvenir à l’égalité. « We love you dads, but you can do better ! » L’exclamation, qui a faite rire l’assemblée, a permis à Michelle Obama de rappeler que demander et accepter de l’aide de sa famille, de ses amis et de son entourage, est essentiel pour que les femmes se réalisent sans avoir l’impression perpétuelle de ne pas en faire assez.
Enfin, c’est sur fond musical que l’ex-première dame s’est retirée, en esquissant ses quelques petits mouvements de danse devenus sa signature.