Angela Davis (à gauche) et deux membres du Women’s Action Group (WAG), organisateur de l’évènement
Photo: Marie Galophe
La Journée internationale des femmes 2018 aura été marquée cette année par la venue à Regina d’Angela Davis. La professeure, écrivaine, activiste et féministe américaine a été accueillie par le
Women’s Action Group de l’Université de Regina et le
University of Regina Women’s Centre. La conférence a eu lieu au centre Riddell de l’Université de Regina, où une foule nombreuse s’est rassemblée pour l’occasion.
La soirée a commencé par une présentation énergique de l’équipe organisatrice qui s’est dite extrêmement fière d’avoir organisé un tel évènement. Norma Jean Byrd, une ancienne du projet Strengthening and Building Sexual Health of Aboriginal Youth and Young Adults, a ensuite conduit une prière. Finalement, Dre Brenda Anderson, professeure en sciences religieuses à l’Université de Regina, a brièvement présenté Angela Davis, en soulignant l’importance de choisir, en cette Journée internationale des femmes, de s’instruire ensemble.
La salle n’a pas manqué d’acquiescer avant de se lever pour saluer l’entrée sur scène de la conférencière. Avec une humilité surprenante et un aplomb plein d’impertinence joyeuse, Angela Davis a su faire rire et réagir l'auditoire, avec un mélange, extrêmement bien dosé, d’anecdotes personnelles, de citations, de statistiques, d’idées, de concepts et de bons jeux de mots, en donnant au tout un air de conversation enjouée.
Elle a commencé par rappeler que les femmes ont été la colonne vertébrale du mouvement ouvrier et de la lutte pour les droits civils. Elle a ensuite abordé l’idée de la libération des femmes en parlant de la situation des femmes en prison. Selon elle, cette question révèle la problématique de l’incarcération de masse, notamment aux États-Unis. Cela l’a conduite à présenter le concept de féminisme intersectionnel en réponse à l’idée d’abolition du féminisme aujourd’hui.
Période de questions
La présentation d'Angela Davis a été suivie d’une période de questions qui a mis en lumière la diversité de l’audience. Pas moins de 8 questions ont été discutées, abordant, entre autres, la justice économique, la police, les droits des personnes transgenres, le morcellement du féminisme, le changement organisationnel.
Photo: Marie Galophe
Angela Davis n’a pas manqué d’évoquer le mouvement
#metoo comme un exemple des limites de la dénonciation individuelle et du besoin fondamental de révolutionner systématiquement la société au lieu de chercher à éliminer l’agresseur, réduit à n’être qu’une figure défectueuse et marginale, mettant de côté la responsabilité de la collectivité. Et d’ajouter :
« Une femme ne peut pas défendre toutes les femmes, surtout si cette femme est blanche et influente. » En effet, parler des femmes impose de se demander : de quelles femmes ?
Angela Davis a ainsi pu établir le lien entre race et violence et le besoin urgent de reconnaitre l’hétérogénéité du concept de femmes, en termes socioéconomiques, raciaux, sexuels. Des questions d’emprisonnement en passant par la question des armes à feu, Davis n’a cessé de rappeler l’importance du féminisme comme approche conceptuelle qui, par sa méthodologie, permet de critiquer la société et simultanément de soutenir cette même société.
La soirée s’est conclue sur une ovation du public, suivie d’une période de questions qui a mis en lumière la diversité de l’audience. Pas moins de 8 questions ont été discutées, abordant, entre autres, la justice économique, la police, les droits des personnes transgenres, le morcellement du féminisme, le changement organisationnel. Angela Davis a ainsi pu conclure : « Ce ne sont pas les individus qui changent le monde, mais les communautés organisées autour d’une lutte. »