Votre humble chroniqueur avec un ancien coéquipier des Gaiters de Bishop aujourd'hui entraîneur de la ligne défensive du Ottawa, Leroy Blugh
REGINA - Nous sommes en prolongation. En effet, deuxième prolongation. C’est 32 à 32. La tension est à son plus fort. Christopher Milo vient de manquer un placement sur une mauvaise remise. Ce n’est pas de sa faute ni du teneur aussi, ni du joueur qui fait les longues remises.
C’est juste comme ça. Ça n’a pas fonctionné pour le centre des longues remises. Sûrement, un peu nerveux. Des doigts qui tremblent. De la sueur dans les yeux. Des insultes venant du gros joueur d’en face. De l’intimidation.
Au moins, des partisans silencieux. Qui se ferment lorsque c’est le temps. La remise s’effectue. Le ballon arrive dans les mains. Weston Dressler jongle un petit peu avec le ballon. Le ballon est plus ou moins bien placé sur le support noir de placement. Christopher débute sa motion pour effectuer... peut-être le botté de placement de la victoire...
Non! Le ballon est botté et passe à côté du poteau gauche. Déception. Chez les partisans. Déception. Du botteur, du teneur, des coéquipiers, des entraîneurs. Si on est chanceux, on recommencera ça sous peu. Si.
On vient de terminer la première prolongation. C’est encore 32 à 32. Des coriaces ces gars d’Ottawa. Ils ne nous laissent pas beaucoup de manœuvre sur ce terrain. Sont impitoyables.
Mathieu de Vanille au Québec et recrue pour le corps des receveurs de passe regarde cela à la droite de l’entraîneur en chef. Celui-ci a embarqué sur le terrain aujourd’hui, pour la première fois cette saison, sur les unités spéciales et à mis sur le cul un gros joueur du Ottawa qui tentait de plaquer son copain Dressler lors d’un retour de botté de dégagement. Dressler grâce au bloc de Mathieu, avait réussi à faire toute une spirale et ainsi se dégager afin d’aller compter un touché important pour les Verts lorsque ceux-ci se sentaient perdus sur le terrain.
Les deux vieux entraîneurs se berçaient tranquillement en regardant le match des Riders du foyer pour personnes âgées de Vanille au Québec.
- Finalement il l’a laissé jouer notre petit Mathieu!
- Il est à peu près temps, la moitié de la saison est passée boyenne!
- En tous les cas, il est capable de cogner le petit vinyenne!
- Ouans! Le gars du Ottawa vient de se relever tout croche!!!
- C’est grâce à Mathieu si le train à Dressler a réussi à passer comme ça!
- Chut! Chut! La deuxième prolongation va commencer... Chut!
Weston Dressler s’installe et on y va pour une deuxième tentative de placement de la part de Christopher.
- Sois pas nerveux Christopher! Allez mets-nous ça entre les deux poteaux qu’on en finisse de cette partie!
- Bien plus facile à dire Weston qu’à faire...
- Bon, Forza! Je suis prêt puis en passant, mon petit Weston, si je l’ai... tu payes le steak, mon homme! Compris!!!
- OKDOU! Christopher, comment tu le veux ton steak?
Weston s’installe et reçoit le ballon lors d’une bonne remise, cette fois-ci... Weston place le ballon sur le support du botté de placement.
Le ballon voyage tranquillement et se fraye un chemin entre les deux barres jaunes verticales. Bon pour trois points. 35 à 32 pour les Verts.
Il reste maintenant le tour d’Ottawa. Ils prennent le ballon au 35. Premier essai. Burris se fait mettre sur le derrière. Se relève. Tant bien que mal. Deuxième essai. Ottawa s’avance un peu mais pas assez. Troisième essai. Tentative de botté de placement du Ottawa afin d’égaliser le pointage.
La foule est bruyante. Ça crie au meurtre. Ça tapoche sur les bancs métalliques. Les décibels augmentent de plus en plus.
Le botteur d’Ottawa s’installe. Il est nerveux. Le teneur tente de lui redonner confiance mais en vain... Il compte ses pas de recul, s’aligne avec les poteaux. Le centre des longues remises, nerveux lui aussi, envoie le ballon au teneur... Le teneur prend le ballon dans ses mains, le place sur le support... et puis, et puis... le botteur botte la calebasse. Les joueurs en vert sautent mais haut, si haut qu’un joueur de la doudoune adorée touche du bout des doigts au ballon. Celui-ci bifurque de sa trajectoire et s’échoue devant les poteaux. L’hystérie dans la foule partisane des Verts. On a gagné. Ouf! S’écrit-on sur le banc des Verts!
À Vanille, au Québec, on se tombe dans les bras. On crie dans le foyer de personnes âgées. La panoplie de chandails verts achetés directement de la boutique des Riders grâce à Mathieu est en liesse!
On les aime nos Riders dans ce coin de pays! Et Mathieu le sait trop bien car il est maintenant leur porte-parole. Il a mis ses pieds sur le terrain aujourd’hui tout en défendant son copain du Dakota du Nord.
- Merci bien Christopher de nous avoir permis de remporter le match!
- Merci bien Mathieu d’avoir planté celui qui voulait arrêter Weston lors de son retour de botté!
- Oh! C’est rien! Je faisais seulement que mon job!
- Oui, mais quel job mon vieux! Je pense que le gars d’Ottawa a encore le fond de son pantalon vert tellement qu’il a revolé sur son derrière!!!
- Merci Weston d’avoir bien tenu le ballon pour moi disait Christopher à Weston.
- Pas de problème mon vieux!
- En passant je le prends bien cuit le steak!!!!
- Mathieu! Viens-tu avec nous autres!
- Oui les gars et en passant Weston, c’est moi qui t’a fait une ouverture pour ton touché lors de ton retour sur le botté de dégagement!
- Donc, mon steak je le prendrai saignant s’il te plaît!
- Pis moi les gars! M’invitez-vous?
- Bien sûr Shologan! Pis Ottawa, c’est comment!!!
- Sans commentaires les boys!
Anecdote de football de la semaine
Amos Alonzo Stagg est le père du football moderne. Il fut entraîneur pendant 57 ans pour le club de football de l’université de Chicago.
Ce personnage légendaire a développé le caucus, la passe en spirale, le livre de jeux, les receveurs de passe en motion, le jeu renversé...
Il s’est retiré du football universitaire tout jeune à l’âge de... 98 ans!!!
Mais son plus grand accomplissement fut qu’il préconisait beaucoup plus l’honneur de représenter son école et le jeu franc au football au football universitaire.
Il n’a pas gagné beaucoup de championnats nationaux mais son nom était respecté dans tous les milieux du football universitaire américain!
(Source : Rites of Autumn P. 53)