Lors de la rencontre Inter-intra des 24 et 25 septembre, les directions des organismes fransaskois se sont penchées sur la participation citoyenne au sein de leurs organismes. C’était d’ailleurs le thème abordé par la conférencière Janique Dubois, invitée par le Centre canadien de recherche sur les francophonies en milieu minoritaire (CRFM) de l’Institut français et l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF).
Madame Dubois a brossé un tableau des modèles de gouvernance des communautés métisses et fransaskoises en faisant ressortir la similitude des objectifs et les différences de stratégies.
Elle a débuté sa conférence en rappelant la création, en 1912, de l’Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC), pour la défense de la langue française, et la mise sur pied du gouvernement provisoire métis en 1885 suite à l’échec des pétitions envoyées à Ottawa pour régler leurs revendications territoriales au Manitoba et en Saskatchewan.
Dans les années 80, la création des ententes de financement Canada-communautés a obligé les institutions fransaskoises à s’adapter à une nouvelle réalité. Jusque-là tributaire de l’implication de bénévoles, le réseau associatif avait dorénavant accès à des ressources financières pour appuyer ses actions. De même, en 1982 les Métis ont été reconnus comme un groupe à part entière et des fonds ont été mis à leur disposition.
Dans les années 90, les deux groupes sont arrivés à la conclusion qu’il leur fallait revoir en profondeur leurs structures de gouvernance afin d’offrir des services à la communauté, de coordonner l’action associative et d’assurer une représentation politique et tout ça dans un cadre dicté par les bailleurs de fonds fédéraux. Tant chez les Métis que chez les Fransaskois, il y avait la volonté d’atteindre ces objectifs dans un cadre démocratique favorisant la participation des individus et assurant leur représentation.
Les Métis et la communauté fransaskoise se sont dotés de structures différentes qui présentent toutefois certaines similitudes. Par exemple, l’ACF assigne des portfolios à ses députés (santé, communication, éducation etc.) alors que les Métis ont officialisé les mandats en créant des « ministères ». Afin de créer un pont entre la structure gouvernante et les structures de services à la population, les ministres métis participent aux divers conseils d’administration dont les dossiers relèvent de leur mandat. Ainsi, le ministre de l’éducation métis, participe aux travaux du conseil d’administration de l’Institut Gabriel Dumont.
Du côté fransaskois, il y a des exemples d’une telle collaboration. Ainsi, le député de l’ACF responsable du dossier santé siège comme membre ex-officio sur le conseil d’administration du Réseau santé en français en Saskatchewan (RSFS). Mais ce jumelage n’est pas encadré par une politique formelle.
Les façons d’aborder la question du financement diffèrent également. Du côté des Fransaskois, on travaille pour gérer l’enveloppe financière disponible, en diminution constante, en cherchant par exemple, à se partager des coûts fixes entre organismes. Du côté Métis, on cherche à générer plus de capital pour le réinvestir dans la communauté. Ainsi, les Métis du Manitoba ont mis sur pied une pharmacie dont les profits servent à couvrir certains coûts de santé, comme les lunettes pour les aînés.
Et la participation citoyenne dans tout ça?
Au cours des discussions qui ont suivi la présentation, il a été question de la faible participation citoyenne au processus électoral de l’ACF. Lors la récente période de mise en nomination pour les élections du 5 novembre 2014, les candidats ne se sont pas bousculés au portillon. Huit postes, dont la présidence, ont été comblés par acclamation et quatre postes demeurent vacants.
Les participants ont partagé des pistes de réflexion pour stimuler l’intérêt autour du processus démocratique de leur organisme porte-parole. Plusieurs ont soulevé qu’il était important non seulement de valoriser le rôle du député mais d’assurer une meilleure proximité entre les élus et les membres de la communauté.
Selon Roger Gauthier, directeur général du RSFS, la structure actuelle de l’ACF représente un défi au niveau démocratique. À l’Assemblée annuelle de l’ACF, seuls les députés peuvent voter, ce qui restreint l’impact du citoyen sur la prise de décision et ne favorise pas sa participation aux débats sur les idées de fond. Du côté Métis, tous participent aux discussions et à la prise de décision.
La journée s’est conclue avec une présentation de Johanne Perreault qui a informé les participants que le Plan global de développement de la communauté (PDG), élaboré il y a cinq ans allait faire l’objet d’une évaluation de mi-parcours. Quelques personnes ont fait remarquer que le Plan semblait avoir été « mis sur une tablette » dans une partie du réseau.