Le financement des médias communautaires (presse et radio communautaire) ainsi que de Radio-Canada et des médias privés dépend de plusieurs sources. Mais une qui est primordiale pour l’ensemble est la publicité. Ainsi, la baisse de la publicité en provenance du gouvernement fédéral a durement affecté des médias comme l’Eau vive et CFRG FM. Radio-Canada a connu un régime d’amaigrissement de son financement en provenance du même gouvernement dans les dernières années ; le nouveau gouvernement y a réinjecté des fonds pour les cinq prochaines années. Que ce soit dans le public, le communautaire ou le privé, l’arrivée d'Internet et des nouveaux médias a chambardé les formules de financement et on ne sait pas trop encore où tout cela va conduire.
Mais mon propos aujourd’hui n’est pas de faire une analyse philosophique de la situation des médias. Je crois que la publicité fait partie de la panoplie du financement des médias. Non, je veux vous parler de la publicité à la télévision.
Ayant eu vent de quelques émissions intéressantes dernièrement, je me suis donc réservé du temps pour écouter celles-ci. Et comme j’avais réservé beaucoup de temps, j’en ai donc profité pour écouter les annonces publicitaires, tant qu’à faire !
Je n’ai pas fait un décompte du nombre d’annonces publicitaires qu’il peut y avoir dans une émission d’une heure mais je ne sais pas si vous êtes comme moi, j’ai eu plus l’impression d’avoir affaire à une émission de publicités entrecoupée de l’émission que je regardais plutôt que l’inverse!
Je ne sais pas si vous vous souvenez des premiers temps de la télévision, fin des années cinquante, début des années soixante. À cette époque, la publicité en était à ses premiers balbutiements. La publicité telle qu’on la connaît aujourd’hui est à des années lumière de celle de l’époque. Ainsi, si vous écoutiez « La famille Plouffe », pendant l’émission quelques-uns des acteurs en profitaient pour aller au petit restaurant du coin acheter un paquet de cigarettes du commanditaire de l’émission. Les Américains, qui avaient une longueur d’avance sur nous avec la télévision, en était à peu près au même concept, sauf qu’on avait séparé les protagonistes de l’émission de ceux qui faisaient l’annonce. Ainsi, dans le « Ed Sullivan Show » des débuts, il n’était pas rare de voir une publicité d’automobile avec des gens mobilisés spécifiquement pour l’émission, ce qui était un pas en avance sur nous.
Puis est venu le type d’annonce comme on la connaît aujourd’hui, insérée à l’intérieur des émissions. Beaucoup de celles-ci étaient des reproductions traduites de l’anglais produites ailleurs qu’au Québec. Quelqu’un eut le génie de reprendre les dites publicités et d’en développer des concepts spécifiquement québécois. Souvenons-nous des annonces de la bière « Labatt » avec Olivier Guimond.
Aujourd’hui, le nombre de publicités à l’intérieur des annonces s’est multiplié de façon quasiment exponentielle: il y a les annonces d’automobiles, celles de produits de beauté, celles de nourriture, celles des gouvernements, celles sur la sécurité en automobile, celles sur la santé, celles sur les œuvres voulant nos dons, celles des grands magasins, celles des restaurants; celles qui sont originales, celles qu’on ne comprend pas tout simplement, celles qui sont des traductions de publicités anglaises (on a déjà vu cela), celles qui sont plates ou archiplates, celles qui ont des relents de sexisme; les auto-annonces de la chaîne de télévision et de ses émissions; et puis celles qui se répètent dans le même bloc de publicité. Il y en a pour tous les goûts semble-t-il.
La publicité est nécessaire, je n’en doute pas, dans notre modèle actuel de la télédiffusion. Mais pourrait-on améliorer ce modèle? De toutes façons, c’est à ce moment-là que j’en profite pour faire toute autre chose que de regarder ces annonces et je pense qu’elles ont très peu d’effets sur mes habitudes de vie et de consommation (le moins possible en tout cas). Et comme le disait le comédien Olivier Guimond, « il n’y en avait pas d’annonce » dans ce texte.