VANCOUVER _ Les conservateurs ont mis fin samedi à un congrès animé à Vancouver, pendant lequel ils se sont distanciés de plusieurs politiques du passé au terme de quelques jours de débats. Et selon plusieurs, le parti est maintenant en meilleure posture après sa défaite cinglante aux dernières élections fédérales.
Le Parti conservateur a rayé un article de son programme qui s'opposait au mariage entre conjoints de même sexe, samedi, avant d'adopter une autre motion qui opte une approche plus permissive à l'égard du cannabis.
L'ancien ministre Peter MacKay a souligné que le vote sur le mariage entre conjoints de même sexe représentait une démonstration de la "maturation" du parti, ajoutant qu'il reconnaissait maintenant "la loi et la réalité de la vie des gens".
La motion qui élimine de la constitution du parti la définition du mariage comme étant entre une femme et un homme a reçu l'appui de 1036 délégués, contre 462.
Le vote a suscité un débat passionné de deux jours et demi au congrès du parti, vendredi et samedi. Certains conservateurs sociaux ont même prévenu qu'un candidat à la direction qui appuierait la motion perdrait automatiquement leur vote.
Cela n'a pas empêché le candidat et député Maxime Bernier de soutenir la motion ouvertement, sur le plancher du congrès.
"C'est une question de liberté et de respect. C'est une question de dire aux Canadiens qu'ils peuvent aimer qui ils veulent", a-t-il déclaré.
Mais si les membres du parti ont bien écouté le message de leur ancien chef, Stephen Harper, jeudi soir, sur la nécessité de rester fidèle aux valeurs du parti, ils ne pouvaient pas appuyer cette motion, a soutenu le député du Manitoba, Ted Falk.
"Cette motion est une attaque à nos valeurs et nos principes", a-t-il pesté.
M. Harper s'était adressé aux quelque 2000 délégués réunis au congrès, jeudi soir, les encourageant à rester unis en vue de la prochaine élection de 2019.
La dernière campagne de 2015 s'est avérée un échec en partie parce que le parti a adopté même thèmes et les mêmes approches que par le passé, selon ce qui a été énoncé lors d'une plénière, samedi, qui a été une véritable séance de défoulement pour plusieurs membres qui se sont sentis ignorés par la direction.
Ces plaintes ont été entendues, a assuré le député Erin O'Toole. "Nous avons eu quelques discussions difficiles, nous avons eu quelques frustrations en lien avec la campagne. Mais c'est de cette façon que notre parti devient plus fort", a-t-il indiqué.
Certains membres ont notamment souligné que le parti avait seulement attaqué ses adversaires sans mettre de l'avant de nouvelles idées. Par exemple, les conservateurs avaient beaucoup critiqué la proposition du Parti libéral sur la décriminalisation du cannabis.
Les libéraux vont de l'avant avec cette politique, et les conservateurs doivent s'ajuster, ont fait valoir certains délégués.
Une résolution qui proposait d'imposer des contraventions pour la possession de petites quantités de cannabis a été appuyée par plusieurs membres, dont l'ancien chef de la police de Toronto et ancien ministre Julian Fantino. Au final, 718 membres ont voté pour et 491, contre.
Les délégués conservateurs se sont aussi prononcés sur d'autres changements à la constitution de leur parti, dont l'un qui ajouterait "(la) croyance en la valeur et la dignité de toute vie humaine" à l'énoncé de principes de la formation. L'un des délégués a fait valoir que cet ajout était plus ou moins une façon déguisée pour le parti de prendre position contre le suicide assisté et l'avortement, ce qui n'a pas empêché la résolution d'être adoptée par une grande majorité.
La direction du Parti conservateur n'est pas tenue de respecter à la lettre le programme de la formation, mais ce dernier sert souvent de point de départ pour l'élaboration des plateformes politiques.
La prochaine rencontre qui réunira autant de membres conservateurs se tiendra en mai 2017, lorsque le parti élira son nouveau chef.