Le succès des organismes en santé dépend aussi de l’approche unique de Santé Canada, qui a créé le Bureau d’appui pour les langues officielles en milieu minoritaire.
Photo: Société Santé en français
La santé est le secteur le mieux nanti de la
Feuille de route pour les langues officielles qui prend fin en mars 2018 : 22,5 millions à Société Santé en français (SSF) pour l’appui aux communautés et 69,2 millions au Consortium national de formation en santé pour le volet éducatif. Comment ces organismes expliquent-ils ces résultats alors que bien d’autres ont serré la ceinture pendant cinq ans?
Le directeur général de la SSF, Michel Tremblay détaille : l’organisme fondé en 2002 sur la base d’un partenariat à cinq (provinces, instituts de formation, professionnels, établissements et communautés) est apolitique, inspiré du modèle de l’Organisation mondiale de la santé.
« On n’a pas de choix de fonctionner comme ça, la santé est provinciale et le fédéral contribue pour les langues officielles. On n’intervient pas directement dans le système, notre travail est d’influencer les provinces pour qu’elles puissent changer des choses. C’est comme ça qu’on avance. »
Le succès dépend aussi de l’approche unique de Santé Canada, qui a créé le Bureau d’appui pour les langues officielles en milieu minoritaire. « C’est pas juste ad hoc, souligne le gestionnaire, eux ils ont une orientation, un plan et un budget : ça change tout. »
Répartis entre le siège social de la SSF et ses 16 membres au pays, les fonds de la Feuille de route ont permis la poursuite d’initiatives dans sept domaines : santé mentale, offre active, ressources humaines, normes linguistiques, promotion de la santé, évaluation et mobilisation des connaissances et inclusion de la variable linguistique dans les bases de données.
SSF : une continuité dans le prochain plan d’action
Quelques indicateurs au bout de cinq ans : 150 projets régionaux, formation de 700 premiers répondants en santé mentale, liaison soutenue avec 600 étudiants dans 13 facultés de médecine anglophones au pays, entente avec Agrément Canada pour la certification d’établissements et lancement du Portail national de ressources humaines.
Michel Tremblay est conscient de l’excellent état de son secteur, évoquant des situations difficiles au sein du milieu associatif. « Il y a des groupes autour de nous qui ne savent pas où ils s’en vont. »
La SSF s’attend à une continuité dans le prochain plan fédéral. « On a soumis notre budget à la demande de Santé Canada. Ils nous ont donné un cadre financier à partir du cadre actuel. On espère qu’il y aura du financement pour qu’on puisse aller encore plus loin. »
La directrice du Consortium, Luce Lapierre, espère également que les cinq prochaines années permettront de multiplier les initiatives de formation pour dépasser la centaine de programmes administrés par ses membres.
« On veut de nouveaux programmes, de nouveaux sites de formation et de nouvelles méthodes pour la rendre accessible dans certains milieux qui sont mal desservis. Notre offre en français correspond à 7 % des programmes offerts à la majorité. On a encore du travail à faire. »
CNFS : l’offre en français égale 7 % de celle en anglais
L’appui fédéral à la CNFS est partagé entre le bureau national et le regroupement pancanadien de 11 collèges et universités offrant des programmes dans diverses disciplines de la santé et de six partenaires régionaux qui facilitent l'accès à ces programmes.
Luce Lapierre compare l’évolution en santé à celle de l’éducation, où l’élaboration d’un modèle de livraison de service s’est avérée déterminante. « On est en train de voir quels modèles mettre en place. La santé est une grosse machine à transformer pour répondre aux besoins des francophones. »
Le CNFS poursuit la mission originale formulée en 2003 : pour transformer le système et donner accès à des services, « il fallait s’équiper de professionnels, dit-elle, et c’est comme ça que les collèges et les universités ont été mis à contribution. » Depuis 2008, l’organisme aurait formé 4500 professionnels dans 38 disciplines qui sont maintenant sur le marché de travail.
« La part des fonds fédéraux consacrée à la formation est restée la même, alors que les frais ont augmenté, souligne la directrice. On vient de terminer une étude pour évaluer les besoins et on trouve des pénuries partout : les services en français, il en existe encore très peu. »
Depuis 2013, le Consortium met l’accent sur une question de formation propre à la francophonie : l’offre active, qui s’ajoute aux compétences professionnelles requises.
« On a travaillé beaucoup sur la capacité des professionnels d’intervenir au niveau de l’offre active et de participer à la mobilisation dans leur environnement. C’est un travail très concret, note Luce Lapierre, et on voit des changements. On a déposé un plan qui vise à poursuivre ce travail. »