AGA 2018 de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan
Photo: Simb Simb (2018)
SASKATOON - La Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) s’est réunie samedi dernier, le 30 juin 2018, au Pavillon Gustave-Dubois de l’École canadienne-française de Saskatoon, dans le cadre de son Assemblée générale annuelle (AGA). Cette rencontre était très attendue compte tenu des crises récentes qui ont secoué cette association communautaire.
Une centaine de personnes étaient présentes, venant d’un peu partout à travers la province, pour faire entendre leur voix et chercher à clarifier certains éléments. C’est toutefois dans une ambiance houleuse que s’est tenue cette assemblée, avec une présence policière sur les lieux.
Un contexte tendu
Le 17 mars 2018, à Saskatoon, lors d’une Assemblée générale extraordinaire (AGE), un projet d’amendement des statuts et de mise sur pied d’un comité de réforme des statuts et règlements avait été proposé par Mamadou Bah, un membre du conseil d’administration de la CAFS. Ce projet a été adopté par l’AGE. Ce comité a donc vu le jour, mais des divisions ont perturbé ses travaux de révision, ce qui a occasionné le départ de deux de ses membres.
Le 13 juin dernier, la majorité des membres du conseil d’administration (CA) de la CAFS décide de mettre fin au mandat du conseil exécutif (CE) constitué du président par intérim, Jean Népo, ainsi que d'Alice Kankindi et Ildephonse Bgirimana : « Jean Népo avait été mandaté par le CA afin d’initier des réformes. Dans le processus de mise en application des réformes, ce dernier a été peu coopératif, prenant des décisions sans consulter le CA », a déclaré Mamadou Bah.
Dans sa réplique, le président sortant par intérim, Jean Népo, a affirmé qu’il a subi « un coup d’État qui visait à me déchoir de mon mandat. » Et d’ajouter : « quand j’ai commencé à assurer la fonction de président par intérim, j’ai remarqué que la CAFS accusait un déficit financier de 42 000 $, occasionné par le bureau de 2015-2016. Il était donc normal que la communauté sache ce qu’il en était, tel était mon mandat. »
Annulation de la censure du CE et demande d’excuses
S’appuyant sur l’article 11.4 des statuts de la CAFS, le président de l'AGA Judicael Moukoumi, déclare l’annulation de la censure du CE, initiée le 13 juin par certains membres du CA, par défaut d’avoir atteint le quorum de sept membres exigé pour une délibération. L’AGA adopte ensuite une mesure punitive qui demande aux membres dissidents du CA de présenter, en public, leurs excuses pour avoir semé du trouble et du désordre au sein de l’organisme.
En réponse à cette décision et à cette demande d’excuses, une bonne partie de l’assemblée ainsi que les membres dissidents du CA ont quitté la salle. L’AGA s’est néanmoins poursuivie avec la présentation des nouveaux membres du CA élus deux semaines auparavant sur la base des statuts actuels et l’élection d’un nouveau CE, avec, à sa tête, la nouvelle présidente de la CAFS, Céline Moukoumi.
Patrice Ngouandi, membre de la CAFS, déplore le non-respect d’une résolution qui avait été prise lors de la dernière AGE : « Cette résolution était que si le CA ne parvenait pas à organiser les élections sur la base des nouveaux statuts, l’AGA du 30 juin devrait être tenue pour mettre sur pied un comité de transition. Mais on vient de se rendre compte que c’est un cirque qui a été mis en place pour maintenir des dictateurs en place. »
Création d'une deuxième association ?
À l’issue de cette AGA, les lendemains de la CAFS ne s’annoncent pas meilleurs. Il est notoire que deux groupes de l’organisme s’opposent avec des idées antagonistes. Selon Céline Moukoumi « aucun membre de notre communauté n’est exclu de la CAFS, et tout le monde est amené à participer à nos rassemblements et activités ». Mais selon Patrice Ngouandi, il est temps que « les oiseaux qui ont le même plumage volent ensemble, c’est-à-dire, que ceux qui ont la même vision d’une organisation inclusive soient ensemble. Nous avons donc décidé de créer une autre association plus inclusive, plus représentative de la diversité africaine, au sein de laquelle tous les Africains francophones de la Saskatchewan se retrouveraient ».