Généralement, je suis le conducteur de mon véhicule lors de mes déplacements, particulièrement lors des voyages pour participer aux multiples réunions de la communauté fransaskoise ou de la Francophonie dans les secteurs où je suis engagé comme bénévole.
Mais il m’arrive parfois d’être dans la position du passager. Alors là, toute la perspective change. J'ai beaucoup plus le temps pour admirer le paysage jusqu’à ce que je tombe dans les bras de Morphée. Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers avec Morphée, il s’agirait, dans la mythologie grecque, d’une divinité grecque des rêves prophétiques, fils d’Hypnos (le sommeil) et de Nyx (la nuit). « Être dans les bras de Morphée » ou « tomber dans les bras de Morphée » veut dire rêver et, par extension, dormir ou s’endormir.
Quand on conduit, on n’a pas le temps de réaliser la beauté des paysages qui nous entourent, que ce soit les champs qui dévalent à perte de vue, ou une communauté qui surgit de terre de façon impromptue dès que l’on semble dépasser la ligne incurvée de l’horizon. Et parfois, on découvre un « Bienvenue » d’une communauté fransaskoise.
Étant un oiseau de nuit, c’est-à-dire quelqu’un qui se couche tard et se lève tard - je me dévoile un peu ici - j’aime bien, lorsque l’occasion se présente, admirer le paysage tel qu’il se présente la nuit.
Donc cette fois-là, étant le passager, et de surcroît voyageant tard le soir, je me suis permis de laisser mes yeux virevolter au-delà du véhicule. À gauche et à droite, des champs et occasionnellement, au loin, une lumière indiquant qu’il y a une ferme.
Évidemment, on est entre deux centres urbains, hors de l’effet polluant de la lumière. Eh, oui ! Même la lumière peut être polluante quand il y en a trop. De nos jours, pour des raisons de sécurité, les rues de nos villes sont de plus en plus illuminées. Heureusement et malheureusement en même temps. Parfois, c’est une question d’esthétique, de visibilité. Les photos que nous montrent les satellites de la planète dite « bleue » reflètent de plus en plus ces illuminations massives de nos centres urbains où vivent maintenant plus de la moitié des gens. Et avec toutes ces lumières, on voit de moins en moins le spectacle que nous donne le firmament.
Dès qu’on lève les yeux, on découvre tout un univers, pour ne pas dire « des » univers. Il y a plein de points lumineux qui prennent des formes auxquelles nos lointains ancêtres ont donné des noms qui forment une base de l’astrologie : La Grande Ourse, La Petite Ourse, le Scorpion, le Cancer, le Lion. Sans oublier la lune et les planètes ainsi que les différents corps célestes.
Il y a plusieurs années, j’ai vu l’une de mes plus belles « visions » dans « le ciel vivant de la Saskatchewan » : une éclipse de lune dans un ciel où les étoiles semblaient nous tomber sur la tête comme une pluie diluvienne et où une comète semblait arrêtée, à nous regarder. Je ramenais un jeune au Collège Mathieu, nous nous sommes arrêtés en bordure du chemin et avons admiré ce paysage inusité, cette fresque nocturne.
Peut-être que dans ces lointains points lumineux, il y a une autre planète habitée ? Et quelqu’un qui regarde lui aussi les étoiles et les planètes doit sûrement se demander s’il peut y avoir de la vie ailleurs dans l’univers. Et qui sait ? Peut-être que les habitants de cette autre planète habitée parlent français ? On ne sait jamais !