C’est, hélas, grâce aux visites périodiques dans les couloirs des tribunaux que la francophonie canadienne réussit tant bien que mal à tirer son épingle du jeu. Le dossier scolaire a tenu pas mal d’avocats occupés ces dernières années à l’échelle du pays afin de s’assurer que l’éducation en français ait droit de cité à l’échelle du pays. Et ce n’est pas fini!
Il y a un peu plus de deux mois, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) avait signé une trêve sur les procédures légales contre le gouvernement, histoire de donner une chance à une véritable négociation. Mais voilà que le CSF repart sur le sentier du palais de justice, insatisfait des résultats à date, et surtout en l’absence de fonds qui devaient être versés.
Quand tout ce qu'on a c'est un marteau, les problèmes ressemblent à un clou. Nos experts politiques sont principalement issus du monde légal, c'est donc normal que les solutions ressemblent à des injonctions juridiques.
Il y a pourtant d’autres pistes d'action qui méritent d’être explorées. J’ai peut-être trop regardé de House of Cards ou de West Wing, mais il me semble que nous sous exploitons le jeu du politique, de l’opinion publique et des alliances.
C’est bien que le CSF fasse monter la pression sur le gouvernement et que ce dernier sente une épée de Damoclès sur sa tête (quoique la dernière fois elle est tombée sur la nôtre). Mais il ne faut pas s’arrêter là. Il faudrait redoubler d’effort dans la poursuite d’une solution négociée hors cour. L’opinion publique sur le financement scolaire francophone étant houleuse, suite au dévoilement de chiffres trompeurs par le ministre de l’Éducation, ce ne serait pas le meilleur moment de démontrer l’utilisation de fonds publics pour des recours juridiques.
Pendant que les avocats préparent le terrain pour une joute légale de dernier recours, le CSF devrait travailler sur une solution négociée. Ce genre de négociation requiert une expertise stratégique particulière et il faudrait faire appel à des experts dans le domaine, histoire de ne pas tomber dans l’improvisation (et ils ne doivent pas coûter plus cher que des avocats).
Depuis des lustres la pierre d’achoppement entre le gouvernement et le CSF est le fameux triple mandat que se donnent nos élus scolaires (éducatif, culturel et communautaire). À la lueur des changements de la démographie scolaire des dernières années, avec l’afflux de nouveaux arrivants, il y aurait matière à revisiter le triple mandat. Il est également question, dans les couloirs, de revoir les critères d’exception pour l’admission de non-ayants-droit. Ces ajustements pourraient se faire dans le cadre des négociations avec le gouvernement pour jouer un jeu gagnant-gagnant.
Dans tout cet exercice, il faudra que le CÉF se guérisse de sa phobie des médias. Les médias sont comme des chatons. Plus la nouvelle est furtive, plus ça les excite. Encore là, une stratégie de communication efficace permettra d’assurer une transparence mobilisatrice tout en permettant un certain contrôle du message transmis.