L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise (CÉF) à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté.
Au cours des dernières années les tensions entre certains parents et nos dirigeants scolaires ont défrayé la manchette à plusieurs reprises. Quelques groupes de parents se sont formés pour présenter leurs doléances aux élus du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et partager leurs préoccupations haut et fort dans les médias. Plus tôt cette année, on a même eu droit à une pétition qui remettait en cause la réembauche du directeur de l’éducation. Bref, il y avait de la houle dans le milieu scolaire fransaskois.
Mais le calme semblait revenu et l’année scolaire s’annonçait sous des auspices favorables. Le CÉF a effacé sa dette et la Vérificatrice provinciale a reconnu que toutes ses recommandations ont été mises en application. De quoi regarder vers l’avenir avec optimisme. Mais voilà, cette élection a le potentiel de jeter de l’huile sur un feu qu’on croyait presque éteint.
À travers les vagues, l’APF a joué dignement son rôle d’information, de sensibilisation et d’engagement auprès des parents pour répondre à leurs préoccupations et inquiétudes. L’organisme a entretenu des relations saines avec nos dirigeants scolaires tout en maintenant sa crédibilité en tant que porte-parole des intérêts des parents.
L’APF représente les parents d’abord et avant tout. Le fait que sa présidence soit aujourd’hui assumée par un employé du CÉF risque d’en inquiéter plus d’un quant à l’indépendance politique de l’APF.
Le CÉF fait des efforts louables dans son désir de se rapprocher de la communauté, mais est-ce judicieux de laisser un employé cadre prendre la tête d’une association de parents? Une telle situation risque d’engendrer de la méfiance ou même du cynisme quant aux positions adoptées par l’APF, surtout dans le contexte de tension actuelle entre diverses factions de parents à travers la province.
Il est étonnant que l’administration du CÉF ne voit pas qu’il y a dans cette situation le grand risque d’une perception de conflit d’intérêt politique. Et qu’il y ait conflit d’intérêt ou non, c’est la perception qui compte. Les patrons de monsieur Diabagate auraient dû se garder une petite gêne et lui conseiller de ne pas briguer la présidence. Quant aux parents qui ont voté pour lui, ont-ils pensé aux implications de ce choix?
Il n’est pas question de remettre en question le dévouement de monsieur Diabagate au sein de la communauté ou ses compétences. Bien au contraire! Mais il risque de se retrouver rapidement dans des situations inconfortables. Il y a rarement unanimité chez les parents dans les dossiers scolaires et l’APF sera appelée à trancher pour adopter des positions officielles. Ça sera tout un défi de faire accepter des décisions controversées si celles-ci sont véhiculées publiquement par un haut cadre du système scolaire. Quelle portée auraient les revendications d'une association de consommateurs présidée par un haut cadre de la Chambre de commerce?
Entrevue accordée par Siriki Diabagate à Radio-Canada sur la question des conflits d'intérêt