Nous ne voulons plus parler de Feuille de route, mais plutôt d’un Plan d’action. » C’est ainsi que le secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Randy Boissonnault, a lancé la rencontre de consultation qui s’est tenue à Regina le 7 juillet 2016. L’utilisation du terme « plan d’action » représente un retour aux sources puisqu’en 2003, le ministre des Affaires intergouvernementales libéral de l’époque, Stéphane Dion, avait lancé le tout premier Plan d’action pour les langues officielles qui encadrait la stratégie du gouvernement fédéral en matière de langues officielles.
En 2008, le « Plan Dion » est arrivé à échéance et le gouvernement conservateur l’a remplacé par la Feuille de route pour les langues officielles du Canada. Renouvelée en 2013 la Feuille de route arrive à échéance en 2018. Les libéraux nouvellement reportés au pouvoir ont amorcé, en juin 2016, une vaste consultation nationale pour articuler le prochain plan d’action. La rencontre à Regina était le septième arrêt de l’équipe de Patrimoine canadien dans une tournée de 21 villes. Ralph Goodale, le ministre de la Sécurité publique, député de Regina-Wascana et seul élu libéral en Saskatchewan, était présent à la rencontre.
Les besoins en éducation ont été soulevés par plusieurs participants. Siriki Diagabaté, le président de l’Association canadienne-française de Regina, a affirmé « on achète des billets d’avion à nos jeunes pour qu’ils puissent étudier en français et ils ne reviennent pas ». Michel Vézina de Gravelbourg a également déploré « la cassure dans le continuum de l’éducation ». Monsieur Boissonnault a souligné qu’il y a des limites dans ce que le fédéral peut faire dans ce domaine, en faisant référence au partage des pouvoirs entre Ottawa et les provinces tel qu’établi par la Constitution.
De nombreux représentants d’organismes ont déploré la difficulté de recruter et de garder des ressources humaines qualifiées avec des budgets qui ne permettent pas d’offrir des salaires compétitifs. La réginoise Marie-France Kenny, ancienne présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes, a renchéri en expliquant que « le cycle de développement communautaire est de dix ans et les employés partent après 2-3 ans. »
Mélissa Bouffard, présidente de la Société historique de la Saskatchewan, a souligné la difficulté d’obtenir du financement de Patrimoine canadien pour des projets interprovinciaux.
Le financement « par projet » a également été dénoncé par plusieurs intervenants car il s’agit généralement d’initiatives qui voient leur financement disparaître à la fin du projet. Madame Kenney a d’ailleurs manifesté son impatience devant l’importance qu’accorde Patrimoine canadien dans l’aspect « innovation » pour les projets. « Innovation ça veut dire casse toi la gueule pendant un an » a-t-elle affirmé.
L’atmosphère était à l’optimisme chez les participants qui voient dans l’arrivée du nouveau gouvernement libéral « un vent d’espoir » pour reprendre les mots de Michel Dubé, le président de la Société canadienne-française de Prince Albert.
Monsieur Boissonault a informé les participants qu’à la fin du cycle de consultation, il y aura une présentation au Forum des leaders pour un dernier son de cloche avant la préparation du plan d’action. Il a conclu la rencontre en annonçant un investissement de son ministère de plus de 3 millions$ dans les organismes fransaskois au cours des deux prochaines années.
Jusqu’à la fin septembre il est également possible de participer au processus de consultation en répondant à un sondage sur le site Internet de Patrimoine canadien.