Martine St-Onge, directrice générale de l’Aféseo.
Crédit photo : Martine St-Onge
La petite enfance est d’une importance capitale pour les francophones et Acadiens des provinces et territoires à majorité anglophone. Et leur avenir pourrait être lié à l’adoption de politiques d’aménagement linguistique (PAL). L’Ontario prend les devants en petite enfance.
L’Association francophone à l’éducation des services à l’enfance de l’Ontario (Aféseo), qui représente quelque 25 000 familles franco-ontariennes, a participé à une consultation provinciale sur l’éducation de la jeune enfance. Au cœur de la démarche : le Cadre stratégique de l’Ontario sur la petite enfance, visant la constitution d’un réseau homogène et coordonné pour la petite enfance partout dans la province.
Le but du Cadre est « de veiller à ce que les enfants, de la naissance à 6 ans, aient le meilleur départ possible dans la vie », lit-on dans le document publié par la Province. La mise en place progressive de maternelles et de jardins d’enfants à temps plein fait partie du cadre stratégique.
Comme le précise Martine St-Onge, directrice générale de l’Aféseo : « Ça fait dix ans que les conseils scolaires francophones offrent, avec des partenaires, le service de maternelle et de jardin d’enfants à temps plein. » Ce service est offert par une éducatrice pendant la moitié de la journée et une enseignante durant l’autre moitié de la journée.
Le cadre stratégique sert de complément à d’autres priorités et initiatives du gouvernement, dont la Politique d’aménagement linguistique (PAL) en éducation. Ainsi, un comité de travail a été chargé d’élaborer un cadre pour la petite enfance permettant de « faire le pont avec le scolaire, d’établir un continuum petite enfance, scolaire et postsecondaire ».
L’aménagement linguistique, rappelle Martine St-Onge, se définit comme étant « la mise en œuvre, par les programmes et services à la petite enfance, d’interventions planifiées et systémiques visant à assurer la protection, la valorisation et la transmission de la langue et de la culture française en situation minoritaire ».
L’une des répercussions les plus significatives des PAL est « l’expression de la volonté politique du gouvernement provincial ou territorial de soutenir l’épanouissement de l’éducation en langue française ». La Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) est arrivée à cette conclusion en avril suivant une consultation sur l’aménagement linguistique dans les écoles françaises ontariennes.
L’organisme représentant 28 conseils scolaires francophones de partout au Canada, a aussi trouvé que :
- • L’éducation en langue française, pour avoir un impact sur le développement des communautés francophones, doit être perçue dans sa globalité; c’est-à-dire en tenant compte du continuum d’apprentissage de la petite enfance jusqu’au postsecondaire.
- • Quatre domaines sont reconnus comme prioritaires pour les communautés francophones et acadiennes en situation minoritaire : petite enfance, pédagogie/apprentissages, construction identitaire et immigration.
Le secteur de la petite enfance allant de 0 à 4 ans ne se limite pas à un service de garde, au dire de la directrice générale de l’Aféseo, c’est un projet éducatif. « C’est très hétéroclite comme modèle. Il y a l’institution, la communauté, le service d’appui à la famille. C’est vraiment diversifié. »
« C’est tout un défi de mettre en œuvre un cadre d’aménagement linguistique pour la jeune enfance. Les besoins n’ont pas de fond. La grande majorité de nos services à l’enfance sont communautaires, sans but lucratif. Chaque service est autonome et, contrairement aux écoles, ils ne sont pas regroupés. »
Pourtant, son importance est vitale et l’expérience ontarienne pourrait servir de piste à suivre dans d’autres provinces et territoires. « Ça donnerait un levier pour les services », évalue Martine St-Onge.
« L’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés établit le droit de faire éduquer son enfant dans la langue de la minorité, rappelle-t-elle. Mais il ne s’applique pas à la petite enfance, qui n’est pas un service public, contrairement au scolaire. Le seul levier qu’on a, c’est ce qui existe dans les plans stratégiques résultant des politiques du gouvernement provincial. »
C’est dans cette optique que la FNCSF a salué, dans un communiqué émis le 13 mai, « l’initiative du gouvernement du Nouveau-Brunswick qui vient de lancer récemment sa Politique d’aménagement linguistique et culturel. Cette politique assortie de financement propose des solutions aux défis de l’éducation en milieu minoritaire afin de favoriser la réussite et la construction identitaire des apprenants ».