Du 16 au 22 novembre, c’était la Semaine de sensibilisation à l’intimidation. C'est dans ce contexte que le mercredi 19 novembre, des élèves, enseignants et parents se sont rencontrés à Saskatoon autour d’une discussion sur le sujet.
Quand on entend le mot 'intimidation', on pense tout de suite aux cours d’écoles, aux réseaux sociaux où des jeunes doivent affronter la méchanceté de leurs pairs, à ces jeunes victimes qui ont fini par s'enlever la vie. Mais c'est plus que celà.
Les spécialistes nous proposent leurs stratégies, les directions scolaires encouragent les jeunes à parler de leurs problèmes aux adultes, particulièrement à leurs parents, les conseils scolaires développent des trousses et chacun y va de sa solution.
Le dossier est complexe. Parfois en croyant aider, on peut aggraver le problème sans le savoir. Dans l’Eau vive du 6 mars 2014, un reportage sur une conférence de Nancy Doyon (1), traitant de l’intimidation, rapportait que « En défendant les victimes, elles se sentent encore plus vulnérables et pensent que si un adulte doit les aider, c’est parce qu’elles ne sont pas capables. »
Nous avons tous été adolescents. À cet âge, rien ne nous importait d'avantage que d'être accepté par nos pairs. Lorsque nous avions un problème, nous en parlions à nos amis bien avant d'en parler à nos parents qui de toute façon « n'auraient rien compris ». Que faire quand on n'a pas d'amis, quand on a peur d'aller à la cafétéria ou dans la cour de récré, quand on n'ose plus aller sur sa page Facebook par crainte d'y trouver des posts haineux?
Il n'y a pas de solution simple. Mais peut-être faudrait-il commencer par reconnaître que l'intimidation n'est pas réservée aux ados, qu'elle existe partout, depuis toujours, sous toutes sortes de formes. Puisque les jeunes apprennent surtout par imitation, il y a peut-être lieu de se questionner sur les modèles qu’on leur offre.
De la ruelle aux officines du pouvoir, l'intimidation est là. Je pense à ces pompiers de Montréal qui ont saccagé la salle du Conseil de ville en pleine réunion du conseil municipal, à cet employé qu'on oblige à maintenir un rythme d'enfer sous peine d'être renvoyé, à cette actrice qui obtiendra le rôle si elle fait preuve de « gentillesse » envers le producteur, à ces aînés en centre d'accueil menacés par des préposés surchargés ou par d'autres aînés, à ces politiciens qui font des campagnes de salissage public de leurs adversaires. Mais surtout, je pense à nos propres comportements quotidiens.
Un jour nous serons peut-être assez évolués pour ne plus avoir recours à l'intimidation mais on peut supposer que ce n'est pas demain la veille. Tant pour la victime que pour le bourreau, l'intimidation trouve sa source dans la peur. Dans la série Taken de Spielberg, il y a cette phrase : « Tu n’auras pas peur que le monstre te poursuive si c’est toi le monstre ».
En attendant la venue d'une société où régnera la confiance, il ne nous reste qu'à outiller nos jeunes pour affronter l'intimidation, car ils la retrouveront sur leur chemin pendant de nombreuses années.
(1) Éducatrice spécialisée, auteure, fondatrice de SOS Nancy, une école de coaching familial