Avant d’entamer mon sujet d’aujourd’hui, j’ai un aveu à vous faire. Léon Marchildon de Zenon Park m’adressait, amicalement bien entendu, un reproche. Léon m’est bien connu. Je crois bien que vous le connaissez, vous aussi. Tous savent qu’il ne ferait jamais de mal à une mouche. Il m’a dit, « Certaines de tes chroniques n’ont rien à voir avec les timbres ». Vous savez sans doute qu’il a parfaitement raison et aujourd’hui, je me propose de récidiver.
Selon la thèse de Jonathan Hanna, l’historien du Canadian Pacifique (CP), l’histoire que je vous présente aujourd’hui s’est déroulée entre 1887 et la fin de la Grande Dépression. C’est une histoire obscure des trains de la soie. À la fin du XIXe siècle, la soie était en grande demande à la National Silk Exchange à New York pour la fabrication d’articles de luxe tels que cravates, foulards, chemises et robes. Or, la soie brute, un produit hautement périssable, venait du lointain Orient. La vitesse dans le transport et le transbordement des navires aux trains était d’importance primordiale.
Ce trafic était extrêmement lucratif. Le Canadien national (CN) aussi a voulu partager le « gâteau ». Or ces deux compagnies se sont construits des wagons spéciaux conçus pour la grande vitesse. Ils étaient plus courts ce qui leur permettaient de négocier à grande vitesse les nombreuses courbes dans les montagnes Rocheuses. Encore pour favoriser la vitesse, ces wagons étaient munis de la même suspension que ceux des voyageurs.
Afin de hâter le transbordement, des officiels montaient à bord des navires à Victoria pour s’occuper de la paperasse pendant la traversée du détroit Juan de Fuca. Dès que le navire accostait au port de Vancouver, les ballots de soie descendaient sur des courroies sans fin vers le train même avant qu’on pose la passerelle pour les voyageurs. La documentation prouve qu’on pouvait charger un train de 8 wagons en 1 h 39. Les chaudières étaient prêtes pour un départ dans un nuage de vapeur, de suie et de fumée. Les trains de la soie ne transportaient qu’un seul produit: la soie.
Toutes les lois ferroviaires étaient sacrifiées en faveur des trains de la soie. Tous les frets stationnaient sur les voies d’évitement pour rencontrer ou se laisser dépasser par les trains de la soie. Même les trains de voyageurs tel que le Supercontinental leur cédaient la voie principale. Jonathan Hanna dit : « Il paraît » que les trains de la soie avaint même la priorité sur la royauté. Mais Hanna ne cite aucun cas précis lors du voyage transcontinental de la famille royale en 1939.
Ce transport épique a débuté à l’âge de la vapeur. Les engins à vapeur et les wagons de l’époque n’étaient pas équipés de coussinets à billes. Ils nécessitaient de l’entretien tous les 400 milles, c’est-à-dire un approvisionnement en charbon, en eau et un huilage. À la fin de chaque division, un engin chauffé à rouge et approvisionné en eau et charbon attendait pour continuer la course effrénée.
Les engins à vapeur n’étaient pas équipés d’un vélocimètre. En utilisant un chronomètre pour minuter le parcours d’un mile, on a déterminé que ces monstres de leur temps pouvaient atteindre 80 miles à l’heure (130 km/h).
Postes Canada à commémoré les engins à vapeur du Grand Tronc (GT), du CN et du CP avec 12 timbres et une feuille souvenir de 4 timbres. Le CP classe P2a est un géant à 8 grandes roues motrices.