En campagne, Brian Gallant a promis de « combattre l’assimilation », « d’élargir les responsabilités linguistiques » de l’administration selon les recommandations de la commissaire aux langues officielles et de « renforcer l’identité culturelle ».
Parmi ses engagements électoraux, on trouve : une plus grande flexibilité dans la révision de la carte électorale pour tenir compte des comtés acadiens, le renforcement des services bilingues d’Ambulance NB, plus d’immersion précoce et 5 millions $ à la mise en œuvre de la Politique d’aménagement linguistique et culturelle dans les écoles de la minorité.
« Ce que les libéraux ont promis durant la campagne », explique le journaliste Pascal Raiche-Nogue, de l’Acadie-Nouvelle, « ce n’est pas de grandes réformes, mais un changement de ton. Sur les dossiers des langues officielles, comme la refonte des circonscriptions et les services ambulanciers, Brian Gallant veut faire appel à la conciliation et éviter les tribunaux quand c’est possible. »
« Il n’y aura pas de changements dans les modèles en santé et en éducation », précise l’auteur d’une série d’interviews avec les chefs sur les enjeux linguistiques. « Mais ce sera plus facile de gérer les dossiers francophones avec le nombre de députés acadiens qui font partie du gouvernement. »
Lors des élections de 2010, souligne le journaliste, le vote était beaucoup moins polarisé. « Cette fois, c’est assez marqué : une seule francophone a été élue chez les progressistes-conservateurs dans le Nord-Ouest. Le défi pour Brian Gallant sera de nommer un conseil des ministres réparti selon la langue, la région et le sexe. »
Le vote conservateur s’étant concentré dans les villes du Sud (Fredericton, Saint John et Moncton), les quelques députés libéraux de cette région pourraient se retrouver automatiquement au cabinet.
Selon Pascal Raiche-Nogue, un choix de ministre s’imposerait. « Il n’y a pas beaucoup d’avocats chez les libéraux, à part du Premier ministre. Le professeur de droit Serge Rousselle, élu dans Tracadie-Sheila, pourrait être nommé procureur général. »
Le vote chiffré
• 49 circonscriptions
• 32 l’âge du PM
• 27 Libéraux (42%)(16 francophones sur 27)(4 femmes sur 27)
• 21 PC (36%)(1 francophone sur 21)
• 1 Vert (7%)
• 0 NPD (13%)
L’influence du Nouveau-Brunswick sur la francophonie canadienne n’augmentera pas à court terme, estime le journaliste, étant donné le peu d’expérience du nouveau Premier ministre. Mais l’élection provinciale d’un cinquième gouvernement libéral en un an pourrait avoir un impact sur la scène fédérale.
« Le seul chef national qui n’est pas venu dans la province durant la campagne est Stephen Harper », dit-il. « Ce n’est pas surprenant, sa cote de popularité n’est pas très bonne. Et le Parti progressiste-conservateur (PPC) au provincial n’est pas aligné avec le parti conservateur au national, comme chez les néo-démocrates et les libéraux.
« C’est clair qu’il y a une tendance régionale », soutient Pascal Raiche-Nogue. « Dans la seule province de l’Atlantique qui n’est pas libérale, Terre-Neuve et Labrador, les conservateurs sont en difficulté. Ça laisse présager un vote libéral fort dans la région en 2015. »
Le journaliste rappelle aussi que « le seul député libéral du Nouveau-Brunswick aux Communes est le mentor de Brian Gallant. Dominic LeBlanc a été son coprésident de campagne. Ça ne va pas nuire lors des élections fédérales l’an prochain. » La participation du député lui aurait permis de préparer le terrain pour la campagne qui s’amorce.
Dans la lutte des chefs, David Coon (Parti vert) a remporté son siège dans le comté de Fredericton-Sud. David Alward (PPC) et Dominic Cardy (NPD) ont démissionné au lendemain du scrutin.
« Comme le chef national Thomas Mulcair, Dominic Cardy a ramené le NPD plus près du centre », note Pascal Raiche-Nogue. « Malgré cela, il n’a pas réussi à faire élire un seul député. Le parti a aussi connu des ratées en Nouvelle-Écosse récemment. Il serait donc surprenant que ces résultats ne préoccupent pas les néo-démocrates fédéraux. »