Le porteur de ballon des Riders, le #5 Hugh Charles, qui se fera projeter rudement au sol par trois gros joueurs de défense des Lions. Les joueurs #44 et #79 des Lions s'occuperont de rappeler à M. Charles que le football est un sport de contact!
Photo : Claude Martel
L’entraîneur marchait tranquillement vers le vestiaire. La tête baissée en regardant au sol. Après la rencontre contre les Lions de la Colombie-Britannique. Par un beau samedi soir d’été.
Il marchait avec les mains dans les poches. L’air absent. Sa femme était encore assise dans les estrades près du banc des joueurs. Elle le regardait. Elle avait de la peine pour lui. Après mûres réflexions, elle décidait d’envoyer un texto à la gardienne l’informant qu’elle rentrerait un peu plus tard.
Les joueurs des Riders passaient près de leur entraîneur, quelques-uns osaient le regarder sans mot dire.
Au loin, mais pas trop loin, d’autres joueurs ricanaient. L’entraîneur les regardait. Oh que non! Il n’était pas content du tout!
Les autres entraîneurs de position étaient déjà rentrés au vestiaire. Ceux-ci ne voulaient pas croiser le regard du coach. Sachant que ça allait barder lorsque la porte du vestiaire allait se renfermer!
Une autre défaite. Par la marque de 26 à 13. Une deuxième de suite, surtout après la dégelée à Toronto. Maintenant, l’équipe trône au bas de la puissante division de l’Ouest de la ligue canadienne de football.
Fallait pas avoir ça! Non, Simonaque!
Le joueur-recrue, Mathieu, de Vanille au Québec suivait son entraîneur. Celui-ci n’avait pas joué du match. Au moins, il était en uniforme!
C’était mieux que rien. Mathieu aurait pu être en survêtement de sport comme la douzaine de ses coéquipiers qui, partie après partie, ne peuvent pas être de la rencontre à cause du barème obligatoire de la ligue de mettre en uniforme 46 joueurs pour une rencontre.
Le jeune Mathieu, lui, était sur les lignes de côté. Prêt à recevoir l’appel tant désiré de son entraîneur de position à sauter sur le terrain et ainsi prouver à tous ceux et celles qui lui disaient qu’il n’avait pas le gabarit d’un joueur de football professionnel et ce, depuis qu’il était tout petit qu’il pouvait faire sa place au football. Sauf deux de ses ex-entraîneurs qui avait cru en lui à la polyvalente des Deux-Rochers au Québec. Et aussi, ses chers parents, frères et sœurs.
L’entraîneur en chef était presque rendu à la porte du vestiaire des joueurs. Se retournant soudainement vers Mathieu. Il lui dit :
- Mathieu! Je m’excuse profondément pour ce soir!
- Mais pourquoi M. Chamblin?
- Parce que j’aurais dû t’envoyer dans la mêlée comme receveur de passes!
- Mais vous savez, coach, que vous me faites une faveur juste en me disant de revêtir l’uniforme pour les parties. Vous savez sans doute que je ferais n’importe quoi pour vous aider à acquérir une victoire. Je sais très bien que l’objectif ultime est la Coupe Grey à la fin de novembre!
- Mathieu, je ne suis pas pressé d’entrer dans ce vestiaire et d’aller rencontrer les journalistes qui me poseront les sempiternelles questions à propos de cette deuxième défaite de suite... Et surtout de voir que j’ai des joueurs qui auraient pu tout donner ce soir mais peut-être que le cœur et l’effort n’y étaient pas... Je ne sais pas! Allons Mathieu! Viens dans le coin ici et dis-moi franchement ce que tu as observé ce soir!
- Ben coach, pour être bien honnête, M. Durant a essayé de son mieux mais j’ai trouvé que certains de nos receveurs de passe auraient dû mettre un petit, disons... un immense effort de capter les ballons lancés par M. Durant. Mettons que certains avaient les mains pleines de pouces! Mon père me disait cette expression lorsque j’échappais des ballons de football. Messieurs Paquin et Vaillant, mes anciens entraîneurs me répétaient toujours qu’un ballon touché est un ballon attrapé! Aussi simple que cela!
- Continue Mathieu, ça m’intéresse ce que tu me dis! T’a l’œil mon petit! Allez! Et comment tu dis ça en anglais... Les mains pleines de pouces!
- Bien, j’ai aussi remarqué qu’on échappe encore des ballons et qu’on prend beaucoup de punitions! Je ne sais pas M. Chamblin... Mais on devrait trouver des exercices afin que nos porteurs de ballon n’échappent pas les ballons dans les moments critiques.
- Mathieu mon petit gars! Je pense, sans le mentionner à personne, que je vais prendre tes conseils à la lettre et c’est ça ce que je vais dire à la conférence d’après partie dans quelques instants. Je vais reprendre tes mots.
- Il faudra qu’on s’assure de mettre en sécurité le ballon et ainsi s’éviter des revirements qui nous coûtent les parties.
- Je vais rappeler aux joueurs qu’il y aura des changements et que ceux-ci devront commencer à s’auto-évaluer sur la position qu’ils projettent pour cette équipe en cette nouvelle saison!
Le coach mis sa main sur l’épaule de Mathieu et lui dit : Merci jeune homme!
Avant d’ouvrir la porte du vestiaire avant d’aller rencontrer la meute journalistique, l’entraîneur chercha du regard sa femme, encore assise dans les estrades du vieux stade, et lui fit un clin d’œil avec en plus, un sourire en coin. Cela réconforta celle-ci que son mari n’était pas si découragé que ça après cette humiliante défaite!
Le jeune Mathieu assista à la scène. La femme de l’entraîneur en chef regarda Mathieu et lui souffla un merci!
Mathieu, par après, fit son entrée dans le vestiaire. Les joueurs avaient plus ou moins terminé de s’habiller et plusieurs se souhaitaient bonne semaine de vacances.
C’était pour les Verts la semaine de congé où il n’y avait aucune partie à l’horaire pour la semaine prochaine.
Un des joueurs s’adressa à Mathieu et lui demanda où il était passé et pourquoi il avait pris tellement de temps à venir se changer.
Mathieu, lui répondit, qu’il se devait d’envoyer un message-texte à son père à Vanille. Malheureusement, les parents de Mathieu, avec la différence de l’heure avancée dans l’est du pays, s’étaient déjà déconnectés du téléviseur.
Surtout après le troisième quart et sans parler du dernier quart de la partie. Ils étaient allés se coucher sauf le papa qui attendait le message de son fiston.
- Mathieu! Viens-tu veiller avec nous!
- Non les gars! Car demain matin je me lève de bonne heure et je m’en viens m’entraîner au stade!
- Mais voyons Mathieu, on a une semaine de vacances et l’entraînement ne reprend que lundi prochain!
- Je le sais! Mais je veux être prêt pour la prochaine partie contre Toronto, surtout après la volée qu’ils nous ont mise!
- Mais Mathieu, tu sais très bien que l’entraîneur ne t’enverra pas sur le terrain cette année!
Mathieu se pencha, pris sa serviette, regarda M. Chamblin qui revenait de la conférence de presse!
L’entraîneur fit un clin d’œil à Mathieu sous le regard du copain de celui-ci.
Mathieu fit un petit signe de la tête à M.Chamblin et se rendit vers la douche en souriant!
Anecdote de football de la semaine
Bob Bruer, ça ne vous dit absolument rien. Pas de problème. C’est un de nos anciens joueurs pour les Riders.
Celui-ci a joué pendant qu’une saison, soit en 1977-1978.
Mais la marque que M. Bruer a laissé est qu’il fut le premier receveur de passe à recevoir la première passe de touché du grand quart arrière américain, Joe Montana, membre du temple de la renommée de la LNF, alors que celui-ci était quart-arrière pour les 49ers de San Francisco lors de la partie du 18 novembre 1979 contre les Broncos de Denver.
Joe Montana a gagné quatre fois le Super Bowl avec San Francisco!
(Source : The Rider book of list P. 198)