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Le 7e art - chronique cinéma

The Twentieth Century : Matthew Rankin réinvente l’esprit canadien

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Crédit : Oscilloscope Laboratories

Le 2 juillet, j’ai eu le privilège de voir The Twentieth Century (2019), réalisé par Matthew Rankin, au cinéma de la bibliothèque publique de Regina. Mes attentes avant le visionnement ? Voir une reconstitution ultra-stylée de la première élection de William Lyon Mackenzie King, 10e premier ministre du Canada.

La demi-heure que j’ai passée à faire des recherches sur King s’est révélée inutile. À l’exception de quelques noms et événements, le film est une œuvre de complète fiction surréaliste. 

En réalité, The Twentieth Century est une libre adaptation des journaux de bord de Mackenzie King et le produit final est plus comparable à un cauchemar qu`à un rapport de faits réels.

La direction artistique d’Andrew Boivin est l’aspect le plus mémorable du film. Les décors géométriques rappellent le style expressionniste allemand qui était commun dans les années 1920 comme dans Metropolis (1927), ou bien dans Le Cabinet de Dr. Caligari (1920). 

Des jeux de miroirs, des fonds de décor peints de couleur mate et des effets de néon dans la mise en scène créent une atmosphère surréaliste, reflétant la condition turbulente du Canada lors de son passage au vingtième siècle.  

C’est vrai, le film ne prétend pas raconter fidèlement l’histoire du Canada – on parle bien d'un film où Mackenzie King, joué par Dan Beirne, est élu en attirant l'attention d'un goéland… Ce que The Twentieth Century fait vraiment, en revanche, c’est de représenter le sentiment d’insuffisance de l’homme politique face aux conflits du pays.

Le Canada se trouve alors déchiré entre la furie impérialiste et le progrès des libéraux canadiens-français. On pourrait déduire que les sentiments de King illustrent plus largement l’anxiété du peuple canadien face à la modernisation du pays entrant dans une nouvelle ère. 

Même si le film exagère et invente certaines de ses excentricités, il est vrai que Mackenzie King était un personnage qui sortait de l’ordinaire. Traité avec fascination aujourd’hui, King est une des rares figures à avoir gardé un journal de bord pendant toute sa vie, un journal qui nous fournit aujourd’hui une grande quantité de précieuses informations.

À travers sa loupe surréaliste, The Twentieth Century présente les anxiétés et les frustrations de King, que ce dernier a consignées dans son journal. Dans le film, cela se traduit par des hyperboles surréalistes à la David Lynch : une mise en scène cauchemardesque, des procès ridicules du gouvernement et des folies dérangeantes chez le personnage principal et les personnages secondaires.

En empruntant le style de l’expressionnisme allemand, une période aussi touchée par l’anxiété et les frustrations après la Première Guerre mondiale, ainsi que celui du surréalisme lynchien, Matthew Rankin peint ainsi le portrait d'un Canada apeuré et divisé. 

À cause d'une distribution limitée, The Twentieth Century est malheureusement difficile à trouver, mais plus d'informations sont disponibles sur le site web d’Oscilloscope Laboratories.  

 

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