Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Se mêler de ses oignons, c’est s’occuper de ses propres affaires
Bayla Pollick

Se mêler de ses oignons, c’est s’occuper de ses propres affaires

Les Franco-Canadiens ont fait preuve de la plus grande des imaginations au fil des siècles pour exprimer tout un éventail d’actions. Voici une série d’expressions inoubliables qui éveillent la fantaisie.

Pelleter des nuages, c’est faire des projets sans tenir compte de la réalité. Quand on pellette par en avant, au contraire, on ne reporte pas à plus tard une tâche importante.

Parlant de plaisirs, lâchant son fou, on se laisse à la joie ou à l’allégresse. Se payant la traite, on se gâte, s’offrant des folies. Swinguant la bacaisse dans le fond de la boîte à bois, on jette son instrument de travail dans un coin afin de se libérer les mains et de s’unir à la danse pour faire la fête. Tout ça me fait un petit velours, m’est très agréable.

Quant aux luttes et à la persévérance, frappant à un nœud, on se heurte à un obstacle. Frappant son Waterloo, on subit un échec. Mais ne lâchant pas la patate, on ne perd pas courage, on tient le coup. Mettant les bouchées doubles, on redouble d’efforts. Tirant la couverture de son bord, on s’approprie le plus d’avantages possible.

Côté décisions, faire à ta tête, c’est à toi les oreilles, c’est à toi de décider. Mais branlant dans la manche, on est incapable de prendre une décision. Virant son capot de bord, on change d’idée.

Les excès sont toujours à éviter. Beurrant, donc, épais, on exagère. Ambitionnant sur le pain béni, on dépasse les bornes. Se paquetant la fraise, on boit ou mange trop.

Mais se calmant le pompon, on cesse d’être exagérément scandalisé devant une idée ou une situation. Se lâchant lousse, on laisse libre cours à ses impulsions. Des vertes pis des pas mûres sont des plaisanteries ou des propos désagréables, superflus.

Question humeurs, pognant les nerfs, on s’emporte. S’excitant le poil des jambes, on s’agite. Grimpant dans les rideaux, on s’emballe. Mangeant les bas, on perd patience. Pétant les bretelles, on est fier de soi-même.

Il y aura des hauts et des bas, malgré tout. Prenant une débarque, on se plante. Piquant une fouille, on fait une chute. Échappant le ballon, on ne se montre pas à la hauteur de la tâche.

Entre-temps, faisant patate, on manque vraiment son coup. Mais reprenant du poil de la bête, on reprend de la vigueur après un revers. Attacher sa tuque avec de la broche, on se prépare à affronter ce qui va arriver.

Le comportement humain fascine toujours. Et se faisant passer un sapin, on se fait duper. Tirant la pipe, on raconte des mensonges. Se faire aller la margoulette, c’est déblatérer contre quelqu’un.

Dans l’intervalle, chantant la pomme, on séduit en parlant. Flattant la bedaine, on se vante. Sortant bien par la peau des fesses, on l’échappe belle. Se fendant en quatre, on se donne du mal pour quelqu’un.

Et pourtant, se faisant brasser le Canadien, on se prend un savon. Envoyer quelqu’un chez le bonhomme, c’est l’éconduire, refuser catégoriquement sans ménagement. Parler à quelqu’un dans le casque, c’est le blâmer pour exprimer son mécontentement. Lui faisant serrer les ouïes, on le réprimande.

Enfin, accrochant ses patins, on démissionne, mais chiant sur la bascule, ce n’est pas pour de bon. Arrêtez de tataouiner mes lecteurs, de perdre votre temps, car on va être en retard pour notre prochain rendez-vous dans quelques semaines.

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