Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Jean-Étienne Sheehy (Francopresse)
/ Catégories: 2014, Arts et culture, Musique

Thomé Young: la nature est toujours là, Victoria

Critique du dernier disque de Pascal Lejeune

Pascal Lejeune, alias Thome Young

Pascal Lejeune, alias Thome Young

CD Victoria
Cette nouvelle excursion de Pascal Lejeune, sous le pseudonyme Thomé Young, s'ouvre sous des airs de familiarité. Après tout, l'auteur-compositeur le chante bien en introduction sur Le croche à Edgar; "on se connaît depuis longtemps, longtemps".

Il est vrai que Pascal Lejeune, sous une forme ou une autre, est présent sur disque depuis 2007. Pourtant, chacun de ses albums semble explorer une avenue, sans pouvoir aboutir au bout de son potentiel. Sous Thomé Young, Lejeune emprunte les mêmes travers que sur ses offrandes précédentes, sans savoir où concentrer ses énergies.

Le problème ici ne réside pas au niveau chansonnier. Une fois épurée des arrangements ou des faux-pas techniques, l’œuvre de Pascal Lejeune livre de petits bijoux, fidèles à son habitude. C'est particulièrement vrai dans l'optique où les référents régionaux et les mises en gardes amicales sont efficaces, fidèles à l'habitude de l'auteur-compositeur acadien.

Le problème de Victoria est plus précis : des titres folk sont dénaturées en ayant été arrangées en chanson rock, dont la portée se trouve limitée par la rythmique primaire de l'album. Cette observation persiste lorsque Lejeune tente sa chance au niveau des intentions country et americana.

Le produit final souffre de la sonorisation à plat du disque, entre les voix doublées maladroitement et la compression sonore lourde. Au long de la douzaine de titres, des éléments récurrents enlèvent aux qualités des chansons, comme si la spontanéité se retrouvait remplacée par un résultat dépareillé.

Mieux vaut tendre l'oreille à Victoria pour ses bons coups, comme la superbe Fume ton joint, sorte de synthèse de la technique chansonnière de Pascal Lejeune, sous un fond folk rock relativement bien maîtrisé. La nature dépouillée du disque se révèle sur la pièce-titre, dans la tradition instinctive du folk. 

C'est toutefois lorsqu'il arrête son char, sur Le croche à Edgar que Pascal Lejeune est le plus mémorable. Après tout, le grand retour évoqué sur cette chanson est si universel qu'il parvient à résister aux défauts de Victoria.

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