Ma mélopée Laurent Poliquin au retour incessant du signe dans la marge peinte un trait de lumière pèse sur une prophétie une fleur s’égoutte serait-ce une pervenche qui pleure « cher poète : la distance est acquise » l’inconnu apaise l’œuvre reprend son visage la floraison confirme le sentier limpide des questions vides percevoir l’alternance l’écart le cercle ailé de l’évidence multipliant les aller-retour une façon de se rappeler le piétinement d’une voix haute celle d’une pierre priant sa délivrance logos immaculé se refusant à la sagesse de sa parole l’émotion immobile conserve une valeur la perfection est brève se reflète à l’aisance d’un poème qui sait sa nouvelle naissance sa mélopée une lenteur dans ma main peuple la nuit elle passe longue randonnée comme un croisement des regards alors que tout est noir la tristesse s’allonge délie cette modération gantée qui gêne ma parole libérer ce poing intérieur creusant des vibrations dans le deuil de ma disparition Illustration : Michel St.Hilaire Imprimer 619 Balises: Laurent Poliquin Articles connexes Éditions du blé : Lancement de Sur les sentiers brulants du vertige L’improbable rédemption du poète L’argument liquide de l’amour Ô toi souveraine souvenance
Un jour de grand vent (extrait) Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...
La Voie lactée Il était une fois, au fin fond du Far West canadien, dans une province au nom imprononçable, une cavalière redoutable.
Le grand barrage À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.
Knockout L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline — à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.
Cantate pour légumes (Extrait) Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.
Triptyque - Micro nouvelles Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser. Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.
Entreciel Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.
La mousse Maman, pourquoi c’est mouillé ici? C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.
De la supercherie Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.