Paavo, au zoo Paul Ruban tu n’aimes pas : les globes globuleux du gourami géant, boudeux comme gainsbourg, pressés contre la vitre de l’aquarium. le mouton qui bêle baaaaa sans manières la rainette sans paupières, une montgolfière au fond de la gorge le macaque noir au sourire blanc la loutre qui culbute le nez pincé et le bouledogue qui bave à même ta bavette. mais t’aimes : singer les pingouins titubants te glisser entre les bosses de la chamelle sur sa boîte, la chèvre cabotine à la voix de monoc’serge l’orang-outan qui, voilé sous sa bâche burka, évite les feux de la rampe le bébé rhinocéros à la peau fripée comme une mamie le toucan au bec en portemanteaux et la mouche qui, comme un éternuement, te chatouille les narines la feuille vert lime fondue dans un caméléon et le raton laveur, qui enfile son masque pour mieux te zieuter à travers la fenêtre de la mansarde, quand tu roupilles. Article précédent emerson Prochain article Un petit bar de village Imprimer 5485 Balises: Paul Ruban Articles connexes Jan Van Zanten Air Coma Paavo au zoo Cali, dans l’obscurité emerson
Un jour de grand vent (extrait) Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...
La Voie lactée Il était une fois, au fin fond du Far West canadien, dans une province au nom imprononçable, une cavalière redoutable.
Le grand barrage À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.
Knockout L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline — à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.
Cantate pour légumes (Extrait) Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.
Triptyque - Micro nouvelles Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser. Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.
Entreciel Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.
La mousse Maman, pourquoi c’est mouillé ici? C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.
De la supercherie Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.