L’artiste multidisciplinaire Dominique Ferraton et son mari ne se doutaient pas il y a un an que leur prochaine demeure serait une église de Gravelbourg datant de 1925. C'est pourtant ce qui s'est produit, et le couple montréalais se réjouit un peu plus chaque jour de son choix.
« Au début de nos recherches, on s'est arrêtés sur cette église par plaisir et curiosité. Mais finalement, c'est tellement lumineux, unique et plein d'espace ! Il n'y avait aucune raison de ne pas se lancer dans l'aventure », explique Dominique Ferraton.
De la ville à la campagne
Dominique Ferraton est une artiste multidisciplinaire originaire de Montréal et établie à Gravelbourg depuis un an.
Crédits : Courtoisie
Ce qui ne devait être au départ qu’une simple visite familiale à Gravelboug s'est transformé en véritable changement de vie. En mai 2020, Dominique Ferraton et son mari Bruce Hauman partent de Montréal pour se rendre à Gravelbourg à l’occasion de l'anniversaire de Jean Hébert, le père de Dominique. Voyant que la pandémie prend de l'ampleur à Montréal, le couple de quadragénaires se questionne sur son envie de retourner dans l'Est.
Sans regarder en arrière, les deux aventuriers décident de délaisser la grande ville pour s'établir à la campagne. « Nous ne sommes même pas retournés à Montréal, explique Dominique Ferraton, on se disait que ça allait être trop stressant. On a engagé une compagnie qui nous a expédié nos meubles et notre matériel. »
Les parents de l’artiste visuelle habitent à Gravelbourg depuis quatre ans et sa mère Dolorès est native du village de Montmartre, au sud-est de Regina. De plus, Dominique Ferraton était déjà venue plusieurs fois dans la province, notamment pour y accomplir un stage dans une ferme biologique en 2009 dans le village de Wishart.
Vivre dans une grande ville n'était pas un projet de long terme pour cette native de Montréal. Aussi, le village de Gravelbourg avec son millier d’habitants la tentait bien : « Je savais depuis longtemps que je ne passerais pas ma vie dans une grande ville. Je voulais de la nature et faire partie d'une communauté », dit-elle.
Rescaper le passé
Dominique Ferraton et son mari Bruce Hauman
Crédits : Courtoisie
L’église était abordable et solide, et ne nécessitait que des rénovations mineures. « Ce n'est pas comme les bâtiments abandonnés que l'on voit un peu partout en Saskatchewan, note Dominique Ferraton. Le bâtiment était encore très solide. Le premier gros projet a été d'isoler les murs avant l'hiver et nous sommes présentement en train de construire une vraie salle de bain, car il n'y avait que des toilettes au sous-sol. »
Pour l'artiste, la rénovation était loin d'être une corvée. « J'aimais beaucoup l'idée de rescaper quelque chose qui allait être négligé ou bien même détruit. De cette manière, on conserve un petit bout de la Saskatchewan », explique-t-elle. En outre, son partenaire est un ancien travailleur dans la construction : « Il a habité dans toutes sortes d'endroits non conventionnels. Il a déjà construit son propre chalet dans les bois, donc ce projet l'interpellait aussi. »
L’église aura servi de lieu de culte jusqu’en 2019, laissant de nombreux objets derrière elle. « Quand on a su que notre offre d'achat avait été acceptée, les responsables de la vente nous ont demandé de venir avec eux pour décider ce qu'on voulait garder, car il restait beaucoup de choses d'époque », indique l’acheteuse. Lors de la vente publique, le couple a acquis des éléments pratiques comme le réfrigérateur et le four, mais également une petite collection de livres de chant, des bibles et un banc d'église.
John et Beverly Waebe, membres de la Congrégation des Églises unies de Gravelbourg, étaient responsables de la vente du bâtiment. « Depuis plusieurs années, les fonds diminuaient, regrette le mari. C'est ma femme, secrétaire de la Congrégation, qui a mis l'église en vente avec la permission de l’Église unie du Canada. » La plupart des objets qui se trouvaient à l'intérieur du bâtiment ont été vendus au musée de Gravelbourg. Les bénéfices issus de la vente ont quant à eux été remis à l’hôpital de la ville.
Dominique Ferraton s’estime chanceuse d'habiter ce lieu insolite. « Je dirais que je me suis habituée à l'intérieur, mais pas encore à l'extérieur. Chaque fois que je retourne chez moi, je me dis ‘oh waouh, c'est à moi, ça ?!’ Il y a des gens que je ne connais même pas que je vois au bureau de poste et qui me dise ‘hey, comment ça va à l'église ? »
Sans la pandémie, le couple n'aurait probablement pas sauté sur l'occasion. Aujourd’hui, ils profitent au maximum de leur nouvelle vie dans la province saskatchewanaise.