Sous son nouveau nom de Festival fransaskois, le rassemblement annuel de la fransaskoisie a rassemblé environ 500 personnes du 5 au 7 juillet. Au parc provincial Pike Lake, l’atmosphère était à la détente, aux retrouvailles et à la musique !
Les festivaliers ont craint la pluie, mais le temps est finalement resté au beau fixe. Le réseau fransaskois était une nouvelle fois au rendez-vous pour cette édition 2019 afin d’offrir de nombreuses activités au public. Avec huit artistes et plusieurs concerts, une dizaine de tentes et d’ateliers, des jeux et des repas collectifs, les festivaliers n’ont pas eu le temps de s’ennuyer.
De son côté, l’Association jeunesse fransaskoise (AJF) a organisé des Olympiades, un moment familial et ludique autour de divertissements, d’épreuves et de jeux d’obstacle. « C’était génial », commente Julien Gaudet, directeur de l’organisme, conquis par cette édition 2019. Ancienne hôte du festival de 2009 à 2012, l’AJF a par ailleurs offert l’entrée à 100 jeunes.
Un atelier sur la perspective autochtone était également au rendez-vous. Animé par Alexandre Chartier, directeur de la Société historique de la Saskatchewan, l’exercice des couvertures Kairos a permis à la trentaine de participants d’adopter le point de vue des Premières Nations pendant une heure. « Au moyen de couvertures représentant le territoire, on sensibilise au phénomène de la dépossession, explique l’animateur. On reprend le cheminement historique avant et après la venue des colons. C’est une trame narrative presque théâtrale. »
Autre activité phare de cette année, la course de la fransaskoisie, organisée entre autres par le Collège Mathieu. L’activité a fait fureur auprès des festivaliers, leur donnant l’occasion de découvrir les nombreux organismes, services et événements de la communauté.
L’emphase sur la musique
Depuis 2014, l'événement est gérée par le Conseil culturel fransaskois (CCF). Sa présidente, Anne Brochu Lambert, estime que 2019 est un bon cru. « Je ressens beaucoup de fierté. Je considère qu’on a offert une programmation de haut calibre. » L’objectif du CCF était d’offrir une programmation musicale forte, « colonne vertébrale de l’événement », indique la responsable nouvellement en place.
L’accent a donc été mis sur une programmation artistique diversifiée. Plusieurs spectacles ont mis en vedette des talents provinciaux, comme Shawn Jobin, Annette Campagne, Lord Byrun et Ponteix. Mais la scène a aussi profité à des artistes venus d’ailleurs, tels que l’animatrice albertaine Isabelle la Wonderful, le chanteur autochtone Shauit, l’Ontarien Yao et le guitariste Alpha Yaya Diallo établi en Colombie-Britannique. « Il y avait un beau mélange de talents émergents et établis », résume Anne Brochu Lambert. Il faut aussi noter la présence des Tambours du Burundi, de la Raquette à claquettes et des Colocs.
La présidente du CCF se félicite de l’engagement de la vingtaine d’organismes qui ont fourni une cinquantaine de bénévoles. « On peut lever le chapeau à l’équipe et aux bénévoles qui ont permis de faire briller tout ce monde-là sur scène. C’est important que la communauté contribue au succès de cette fin de semaine. Avoir des joueurs comme ça, c’est très important, et ça reflète aussi l’importance que tient ce festival pour eux. »
Une fréquentation en baisse ?
Si les chiffres finaux ne sont pas encore établis, le Festival semble avoir rassemblé moins de monde que les 650 personnes de l’an passé. Laurier Gareau, pour sa part, a été déçu du vide de l’après-midi du samedi, faute d’activité fédératrice. « Ça donnait l’impression qu’il n’y avait personne », observe-t-il, regrettant le café terrasse lors duquel des artistes montaient sur scène. « Il faudrait peut-être repenser l’idée d’un chapiteau avec des spectacles à ce moment-là », évoque le président des Éditions de la nouvelle plume, qui ont lancé, durant les festivités, le 6e tome de Le théâtre fransaskois, un recueil de huit pièces créées pour et avec des élèves des écoles fransaskoises et d’immersion,
Pour Julien Gaudet, la mobilisation est toujours un défi. Mais, dans tous les cas, « il faut vivre la célébration et ne pas s’inquiéter de ne pas être beaucoup », estime-t-il. La présidente du CCF, elle, se veut rassurante : « C’est un site très grand, les gens peuvent être présents sans nécessairement avoir un sentiment de grande foule. »
De vives émotions
Malgré tout, la coordonnatrice de l’événement Marie-France Kenny qualifie l’édition de « belle réussite », soulignant l’émotion présente. « Les gens ont beaucoup chanté et dansé. J’ai vu des pleurs, des fous rires… » Moment mémorable : la prestation endiablée de YMCA des Village People par Jean de Dieu Ndayahundwa, Alexandre Chartier, Laurier Gareau et Serge Cloutier. « C’était super amusant », ponctue-t-elle.
Le moment le plus touchant pour Anne Brochu Lambert n’est autre que la chanson Au nom des noms de Francis Marchildon, qui a tendu le micro en demandant aux gens de donner leur nom de famille pour clamer leur appartenance à la communauté. « Les parents portaient leurs enfants à bout de bras, ça donnait des frissons. On sentait qu’on était dans un moment de rassemblement et de célébration. »
Nouveau nom, nouvelle formule
Créée en 1980 sous le nom de Fête fransaskoise, puis renommée Festival Fête fransaskoise en 2015, la rencontre porte désormais le nom de Festival fransaskois. Ce changement vise à rendre les choses plus claires, notamment pour atteindre la communauté majoritaire. « On veut rendre ça bilingue et plus accessible aux anglophones », explique Marie-France Kenny.
Pari gagné pour Anne Brochu Lambert : « Je suis particulièrement heureuse de la réputation du festival qui a permis de marquer des points auprès des commanditaires, comme Patrimoine canadien, Tourisme Saskatchewan, Unis TV, ou Air Canada. »
Et la formule est vouée à évoluer encore. « L’idée, c’est de revoir la formule chaque année », promet Marie-France Kenny. Un sondage sera d’ailleurs réalisé d’ici la rentrée prochaine afin d’établir le bilan de cette édition 2019. Des nouveautés sont donc à prévoir.