Comme moi, vous aurez entendu les constats des commissaires aux langues officielles qui se sont succédés, lu les différentes études sur la vitalité des communautés et pris connaissance des résultats du sondage mené par Patrimoine canadien sur la dualité linguistique et des critiques à l’égard du gouvernement parce qu’on ne semble pas avoir de vision sur la dualité linguistique.
Oui, ma langue est menacée par différents facteurs tels l’assimilation, le faible taux d’immigrants francophones par rapport aux immigrants anglophones, la non reconnaissance de certains paliers de gouvernement de notre existence, de notre vitalité, de notre apport économique et culturel. Rien de nouveau dans tout ça.
Or, il me semble que de nouvelles menaces à notre vitalité et notre existence aient fait surface en 2016. J’ai beau ne plus faire partie du réseau associatif, reste que je demeure branchée et que je ne peux m’empêcher de voir et d’entendre ce qui se passe. Alors que jusqu’ici les menaces venaient de l’extérieur, voilà que nous devenons nous-même une menace à notre développement. Où est notre vision? Guide-t-elle nos actions?
On voit de plus en plus de tensions raciales dans nos communautés. D’abord, des ignorants qui appellent nos organismes où travaillent des Africains pour les traiter de « sale n… »! Puis selon certains employés, des gestionnaires qui leur rappellent de ne « pas trop fréquenter les blancs, parce qu’ils sont malhonnêtes. » Puis pour couronner le tout, on entend des commentaires négatifs sur les Burundais de la part d’Ivoiriens, sur les blancs de la part de Burundais, sur les musulmans de la part de blancs, etc... Bref, tout le monde semble parler contre tout le monde.
En même temps se jouent des guerres d’égos et de pouvoirs, des guerres « politiques » où un exécutif congédie quelqu’un parce qu’on se sent intimidé par ses compétences et son intégrité et qu’un membre de ce même exécutif cherche ensuite à briguer le poste; ou encore plutôt que de travailler ensemble, nos organismes se battent pour s’accaparer des projets que quelqu’un d’autre mène déjà sans penser que l’on pourrait les mener ensemble pour le bien de la communauté.
Alors que nous devrions nous serrer les coudes et ramer ensemble pour préserver et faire vibrer cette langue qui nous unit, nous passons plus de temps à dénigrer l’autre. Nous semblons avoir oublié notre but commun : le développement communautaire!
Personne n’a le monopole sur la francophonie et son développement, ni les gens qui se disent de souche, ni les nouveaux arrivants. Oui nous sommes différents, oui nous sommes issus de différentes cultures, mais c’est la beauté de la chose. Alors que notre diversité devrait nous enrichir et nous renforcer, voilà qu’elle nous divise. De la place, il y en a certainement pour tout le monde dans ma francophonie. C’est ensemble que nous arriverons à bon port. En se divisant ainsi tout simplement parce qu’on ne vient pas du même endroit, nous nous rendons plus vulnérables en nous exposons davantage aux facteurs externes.
A-t-on oublié que lorsqu’on se porte bénévole ou que l’on travaille pour un organisme, la seule chose qui devrait nous inspirer, nous guider, c’est le bien de l’organisme, de notre communauté? Le bien de notre communauté passe par une vision commune de notre développement, la compréhension, l’entraide, la solidarité et une volonté réelle de changer les choses positivement, pas par une guerre d’égo ou de pouvoir.
Alors que l’on entame 2017, parlons-nous, apprenons à nous connaître, à mieux travailler ensemble, à être solidaires et rappelons-nous que notre seul mandat comme francophone c’est le développement communautaire afin de pouvoir vivre ensemble et nous épanouir en français.
Marie-France Kenny
Regina