Les 26 et 27 mai, le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) et Vitalité 55+ ont tenu leur annuel Forum Santé Vitalité. Étalée sur deux jours à la Cité francophone de l’Université de Regina, l’édition 2023 n’a pas dérogé à la règle avec, au cœur des préoccupations, l’accès aux services de santé en français.
Après les assemblées générales annuelles des deux organismes, un vin et fromage et de l’animation musicale, le forum a offert une série de présentations sur les services de santé en français en Saskatchewan.
À commencer par la navette médicale de Gravelbourg. Initiative unique au pays, elle offre le transport aux Fransaskois qui ont des rendez-vous médicaux en-dehors de leur village.
« À un certain âge, on veut avoir le choix de vivre ailleurs que dans la grande ville, confie Jean Hébert, bénévole et résident de Gravelbourg, mais il y a moins de services de santé disponibles ruralement et il y a un manque de transport public. »
La navette médicale est entrée en service avant la pandémie et a dû se mettre en pause à cause de la crise sanitaire. Désormais rétablie, la navette a effectué 500 trajets pour environ 200 personnes depuis son instauration il y a quatre ans, un chiffre considérable sachant que la navette est toujours conduite par des bénévoles.
Outre Gravelbourg, plusieurs communautés profitent du service, dont Lafleche, Moose Jaw, Swift Current et Assiniboia. « Ceux qui ne conduisent pas ou plus, ou dépendent de la famille, utilisent ce service, décrit Jean Hébert. C’est une bénédiction pour la famille. »
Vers l’offre active
Le gouvernement provincial a pris part au forum en la présence de Mawuli Kugblenu, consultant en communications pour l’Autorité de Santé de la Saskatchewan (SHA), qui coordonne trois projets afin d’augmenter la disponibilité des services de santé en français dans la province.
Mawuli Kugblenu, consultant en communications pour l’Autorité de Santé de la Saskatchewan (SHA), présente les projets qu’il gère par rapport à la langue française.
L’un des projets entoure l’offre active, « une politique du gouvernement fédéral visant à garantir que les communautés de langue officielle en situation minoritaire ont accès à des services de santé dans leur langue. »
Mais avant toute chose, il faut déterminer si le personnel bilingue existe bel et bien. Pour ce faire, l’outil de collecte de données OZi a été employé. Normand Claude, chef des opérations du portail, a ainsi présenté des données inédites.
En se concentrant sur les compétences linguistiques présentes dans les renseignements personnels des employés de la SHA, OZi a été capable de déterminer la capacité de la SHA de fournir des services de santé en français.
Résultat : un millier de personnes travaillant pour la SHA ont indiqué connaître le français, soit 2,5 % du total des employés, un nombre qualifié de « sans précédent » par le logiciel. Parmi eux, environ 600 se disent capables de fournir des services en français.
« Il est fort probable que ces nombres soient sous-estimés, précise Normand Claude. On a seulement analysé les employés de la SHA, mais il y en a d’autres qui travaillent en dehors. Cependant, c’est un nombre suffisant pour la poursuite de l’offre active. »
Normand Claude, chef des opérations d’OZi, dévoile des données sur la capacité linguistique des employés de l’Autorité de Santé de la Saskatchewan (SHA).
Mawuli Kugblenu a conclu son intervention en mentionnant l’existence du service TAO Tel-Aide, une ligne de soutien pour la santé mentale des francophones, accessible depuis décembre 2020.
Être soigné dans les deux langues
Diane Mungambanga, infirmière à l’hôpital Pasqua de Regina, est une ancienne étudiante du programme de baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Regina. Cette dernière a dû faire ses études en anglais en l’absence d’option bilingue à l’époque.
Une formation qui ne facilite pas la compréhension des patients francophones : « Mon problème, c’est que les termes médicaux en français et en anglais ne sont pas les mêmes. Comme j’ai fait mes études en anglais, je connais beaucoup plus de termes en anglais. »
Or, en matière de santé, « une communication claire est cruciale pour maintenir une haute qualité de soins, souligne-t-elle. Les patients veulent comprendre les traitements qu’ils reçoivent. Mais il n’y a pas beaucoup de services de traduction en français. »
Des participants au Forum Santé Vitalité 2023 écoutent les présentations à propos des services de santé en français.
Crédits : Leanne Tremblay
Frédérique Baudemont, directrice générale du RSFS, poursuit en ce sens : « C’est bien connu qu’être fransaskois, c’est être habitué à naviguer le système de santé en anglais. »
Heureusement, il existe désormais un programme bilingue en sciences infirmières à l’Université de Regina.