La démocratie canadienne d’aujourd’hui n’est pas parfaite. N’empêche qu’elle est perfectible. Mais la possibilité même de parfaire la démocratie canadienne sous-entend une volonté d’entraîner un changement pour son bien. C’est-à-dire, toute tentative d’améliorer le fonctionnement de notre régime démocratique se veut pour son bien, si l’on y croit et l’on y tient ferme bien évidemment.
C’est ce qu’on peut déduire de l’intention du gouvernement canadien à ce qui a trait à la réforme du processus électoral national.
À l’heure actuelle, le Comité spécial sur la réforme électorale étudie des réformes électorales possibles et consulte les Canadiens et Canadiennes à ce sujet. Celui-ci déposera ses recommandations à la Chambre des communes d’ici le 1er décembre 2016.
Dans le cadre de ce processus, j’aimerais témoigner de mon appui envers l’initiative de réduire l’âge légal du vote à 16 ans que mène présentement la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF).
La FJCF a produit un mémoire à ce sujet, intitulé Établir le droit de vote dès l’âge de 16 ans, une priorité pour améliorer le système électoral, qui fut récemment déposé auprès du Comité spécial pour la réforme électorale.
De ce mémoire découlent deux recommandations :
1. Que l’article 3 de la Loi électorale du Canada, qui fixe à 18 ans l’âge minimal pour avoir qualité d’électeur, soit modifié pour fixer à 16 ans l’âge minimal pour avoir qualité d’électeur ;
2. Que le gouvernement du Canada collabore avec ses partenaires provinciaux et territoriaux afin de mettre en place des mesures pour le développement de l’éducation civique chez les jeunes du secondaire dans le but d’encadrer leur première expérience de vote au fédéral.
La FJCF a mis sur pied une pétition électronique sommant le gouvernement du Canada à appliquer ces deux recommandations. La pétition peut être vue et signée à l’adresse suivante :
https://petitions.parl.gc.ca/fr/Petition/Details?Petition=e-600 .
La FJCF a également consacré une section de son site web au dossier du Vote à 16 ans, où l’on peut retrouver des articles et dossiers d’information à ce sujet, ainsi que des lettres types à faire parvenir aux députés pour les inciter à appuyer le dossier. Le tout peut être consulté au
http://fjcf.ca/ressources/vote16/.
Pourquoi ces deux recommandations sont-elles importantes ? Il n’existe aucune raison a priori pouvant justifier raisonnablement la législation actuelle.
Un gouvernement démocratique comme celui du Canada retient sa légitimité si et seulement si les Canadiennes et Canadiens exercent eux-mêmes la souveraineté en élisant librement ses représentants. Le droit du vote a donc une valeur fondamentale dans une démocratie.
La forme démocratique du gouvernement canadien suppose au préalable la capacité des Canadiennes et Canadiens à savoir en quoi consiste son propre bien. De par un désir de préserver, l’objectif de voter est de prévenir un changement pour le pire ; de par un désir de changer, l’objectif de voter est de parvenir au changement pour le mieux. Donc, en soi, voter est l’acte de se laisser guider par une conception du pire et du mieux. Mais cela entend que voter possède le caractère de l’opinion de celui qui vote. Toutes et tous ont des opinions de ce qui est bon pour soi, sa famille, sa communauté, sa province, ou même son pays.
Qui plus est, lors d’une élection, les opinions ne manquent pas. L’un cherche de convaincre l’autre de son opinion. L’autre conteste le fondement de l’opinion de l’autre. On veut comprendre et se faire comprendre. Pourtant, à la base, reste le fait que nous visons toutes et tous au bien commun.
Il faut donc ici se demander si un jeune de 16 ans a la capacité de savoir en quoi consiste son propre bien et si ce jeune a la volonté d’agir selon une conception du pire et du mieux. Autrement dit, et sans ambiguïté, il faut se poser la question suivante : le jeune de 16 ans a-t-il la compétence de pleinement participer comme citoyen de droit dans une démocratie et contribuer au bien commun ?
Certains diront que les jeunes ne disposent pas suffisamment d’expérience pour voter. D’après ce point de vue, l’expérience devient le motif du droit de vote. On présuppose ici que l’expérience se gagne avec l’âge. C’est ainsi qu’en vieillissant que l’on tire de l’expérience, et que, semble-t-il, l’on vote mieux.
Si l’on convient que les jeunes n’ont pas la sagesse des années, ils ont tout de plus la sagesse des dons et des talents, et le potentiel d’agir selon leur rationalité. L’adulte ne justifie pas son droit de vote à cause de son âge mais plutôt à cause de sa capacité de raisonner et prendre en compte les circonstances dans lesquelles il se trouve pour informer son vote. Pourquoi accorde-t-on donc ce bon sens à l’adulte et non au jeune ? Encore plus, si ce n’est pas l’âge qui justifie le droit du vote, ce n’est pas non plus et nécessairement l’expérience tout court. Une bonne idée pour améliorer le sort de son pays demeure quand même une bonne idée même si elle est proposée par un jeune avec moins d’expérience.
Les jeunes constituent une partie intégrale du Canada. Il ne faut surtout pas les mettre à part. Ils contribuent à l’épanouissement et l’avancement du pays. Ils veulent proposer des changements pour améliorer le pays. D’accorder le droit du vote dès l’âge de 16 ans affirmerait un potentiel réel qu’existe chez les jeunes de participer pleinement dans la démocratie canadienne, et d’agir pour le bien commun. Le Canada serait un peu plus parfait.
J’invite donc tous vos lecteurs à se renseigner au sujet de cette initiative, et à témoigner leur appui auprès de leur député local. Une foule d’informations et de ressources, dont des lettres types, vous attendent au www.fjcf.ca !
Bien cordialement,
Justin Johnson
Président
Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)