Comment faire des villes des lieux de bien-être ? Pour la première conférence de la saison 2023-2024, l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) Saskatchewan a accueilli, le 5 octobre, à l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon, Daniel Fuller, professeur en santé communautaire et en épidémiologie à l’Université de la Saskatchewan, pour répondre à la question.
Le professeur a donné une présentation intitulée Équité et ville en santé : les péripéties d’une décennie de recherche avec les municipalités canadiennes. L’événement a eu lieu dans le bâtiment des sciences de la santé de l’université.
Le concept de « ville en santé » allie santé et processus de développement dans l’optique d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des citoyens.
Daniel Fuller, professeur en santé communautaire et en épidémiologie à l’Université de la Saskatchewan
Crédit : Site web de l’Université de la Saskatchewan
Selon le chercheur Daniel Fuller, les villes canadiennes ont le triple défi de faire face aux changements climatiques, aux iniquités sociales et aux enjeux de santé publique.
Un travail de longue haleine
Après 10 ans de recherche sur le sujet, Daniel Fuller a présenté les résultats de plusieurs études.
Quel est l’effet de la ville sur la santé des citoyens ? Quels sont les facteurs qui encouragent les villes à créer des pistes cyclables ? Quel rôle joue le transport en commun ? Comment accélérer ces processus ? Voilà quelques questions que le professeur et son équipe se posent depuis plusieurs années.
Le chercheur a listé trois formes d’équité. À commencer par l’équité procédurale, qui implique une participation équitable à la prise de décision, y compris la participation du public aux processus de planification des interventions.
Puis, l’équité distributive qui réfère à un accès équitable, à la fois en termes de lieu de mise en œuvre des infrastructures et de personnes qui y ont accès.
Enfin, on retrouve l’équité en santé qui relève des différences dans les résultats en matière de santé entre les groupes d’individus.
État des lieux
« L’étalement urbain réduit l’activité physique et les infrastructures favorables à la santé sont installées dans les communautés plus riches », souligne l’expert.
Il faut noter par ailleurs que seulement 15 % de la population canadienne respecte les lignes directrices en matière d'activité physique, les personnes plus instruites et aux revenus plus élevés étant plus actives.
Parmi les autres conclusions, on retrouve que l’équité et la ville en santé dépendent des processus politiques et du leadership des villes, que les transports en commun contribuent à l’activité physique et que l’affectation mixte dans les villes et les zones piétonnes favorisent l’activité physique.
Ces résultats ont permis au chercheur et à son équipe de produire des données pour l’outil d’engagement public Healthy Plan, lequel permet d’explorer l’équité des villes canadiennes.
La plateforme s’appuie sur des données provenant de différentes sources, notamment les recensements de Statistique Canada, afin de brosser un portrait précis de la situation de plus de 150 villes à travers le pays.
Grâce à cet outil, les urbanistes, professionnels de la santé et organisations communautaires peuvent identifier quelles sont les populations vulnérables qui connaissent des conditions environnementales bénéfiques inférieures à la moyenne.
« L’outil n’est pas officiellement sorti, explique le chercheur, mais l’objectif est de travailler avec les villes et de leur donner des formations. »
Des projets locaux
Le projet INTERACT sur lequel travaille Daniel Fuller évalue l’effet des changements urbains sur la santé et l’équité.
La ville de Saskatoon fait partie des quatre villes étudiées. En particulier, le chercheur examine sur plusieurs années l’impact de la mise en œuvre d’un service rapide de bus sur l’activité physique, la participation sociale et le bien-être.
Cette étude est menée par des chercheurs à l’Université de la Saskatchewan en collaboration avec la Ville de Saskatoon et d’autres scientifiques canadiens.
En outre, le projet CapaCITÉ se penche les transports durables pour évaluer les résultats en matière de santé, de mobilité et d’équité dans les villes.
« Nous nous concentrons sur les réseaux cyclables pour tous les âges et les interventions de réduction de la vitesse », précise Daniel Fuller.
En somme, le scientifique espère faire progresser la science et faciliter la mise en œuvre de stratégies urbaines qui favorisent le bien-être des populations.
À propos de Daniel Fuller
En tant que titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’activité physique des populations, le professeur Daniel Fuller cherche à comprendre la façon dont les environnements urbains peuvent promouvoir ou limiter l’activité physique et réduire les inégalités sociales en matière de santé. En travaillant en étroite collaboration avec les villes et les organismes communautaires locaux et en utilisant les technologies de santé mobiles, les recherches du docteur Fuller aident à concevoir des villes qui augmentent équitablement l’activité physique pour l’ensemble de la population.