La fransaskoisie peine à pourvoir ses postes vacants.
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À l’image de ce qui se passe ailleurs au pays, la communauté fransaskoise subit elle aussi une pénurie de ressources humaines dans plusieurs secteurs. Une situation aggravée par la pandémie de COVID-19.
La pénurie de main-d’œuvre est un sujet récurrent dans l’actualité canadienne et dans les débats médiatiques et politiques, sans pour autant que des solutions durables ne soient trouvées. Avec la pandémie, le phénomène s’impose de nouveau, et avec force.
Les longs mois de confinement depuis mars 2020, les restrictions au niveau des déplacements interprovinciaux et internationaux, sans oublier le quasi-arrêt des flux migratoires de travailleurs qualifiés y sont pour beaucoup selon plusieurs analystes du milieu.
La fransaskoisie n’échappe pas à ce phénomène. Le 16 septembre dernier, un communiqué de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) évoquait la question : « La problématique de la pénurie de main-d’œuvre au sein du réseau fransaskois s’est invitée au centre des discussions, les organismes soulevant les nombreux enjeux et problèmes rencontrés pour la rétention et le recrutement d’employés bilingues ou francophones », indique le communiqué publié à l’issue du Forum associatif et institutionnel du réseau fransaskois.
Un problème généralisé
Quelques jours plus tard, dans le cadre de la tribune publique de la 130e réunion de l’Assemblée des députés communautaires de l’ACF, Isabelle Campeau et Alexandre Chartier, respectivement présidente et directeur général de la Société historique de la Saskatchewan (SHS), ont souligné les besoins grandissants de leur organisme en matière de ressources humaines.
À ces déclarations publiques s’ajoute l’allongement des délais de réception des candidatures pour des postes vacants. Des postes qui restent parfois longtemps non pourvus au sein d’organismes communautaires, comme on peut le constater sur les différentes plateformes d’annonces d’emplois.
« Il ne fait aucun doute que la pandémie a aggravé la pénurie de ressources humaines francophones et bilingues dans tous les secteurs en Saskatchewan, de la santé en passant par l’éducation, les services et le secteur à but non lucratif », confirme Ronald Labrecque, directeur général de l’ACF.
« Les restrictions au niveau des déplacements interprovinciaux qui ont obligé des gens à rester dans la province et à ne pas quitter leur poste pour des opportunités dans l’Est n’ont pas vraiment minimisé ce phénomène », poursuit Ronald Labrecque.
Les jeunes Fransaskois qui sont diplômés chaque année des écoles fransaskoises ne suffisent pas non plus à assurer la relève selon le directeur de l’ACF : « Il est certain que nos effectifs ne se remplacent pas totalement du fait de la structure démographique actuelle. Notre pyramide des âges dans la communauté fait qu’il y a beaucoup plus de personnes qui quittent le marché du travail que de personnes qui y entrent », déplore-t-il.
Il faut aussi prendre en compte le fait que plusieurs jeunes francophones et bilingues de la Saskatchewan quittent la province pour leurs études secondaires et finissent par s’installer durablement dans d’autres provinces.
Un manque d’attractivité ?
Le directeur de l’ACF évoque un autre facteur : l’offre proposée par les employeurs francophones et bilingues ne serait pas forcément en phase avec les attentes des nouveaux entrants sur le marché du travail.
Le directeur de la SHS Alexandre Chartier le rejoint, ajoutant que les organismes à but non lucratif ne peuvent pas concurrencer les secteurs privé et public qui jouissent d’une meilleure attractivité. Les ressources limitées et l’absence de conventions collectives propres aux métiers du secteur n’aident pas non plus selon ce dernier.
« Bien que notre organisme ait réussi le pari de recruter et retenir une équipe stable, on peine encore à recruter de nouvelles ressources qui sont nécessaires pour notre travail de préservation », déplore Alexandre Chartier.
En 2020, les 12 associations régionales et 17 organismes provinciaux du réseau fransaskois embauchaient 515 personnes, incluant le personnel du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Ces chiffres, issus d’une estimation à prendre avec des pincettes d’après Marc Masson, analyste politique à l’ACF, ne tiennent pas compte des garderies, de Radio-Canada ainsi que des services gouvernementaux.