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Tribune libre

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Lettre ouverte : Triste anniversaire

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Il y a plus de 5 ans, le président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de l’époque encourageait fortement les francophones hors Québec à présenter un projet de chaîne de télé de langue française qui exprimerait la voix et les réalités  de la minorité francophone canadienne partout au Canada, et cela avec une distribution obligatoire payante à l‘échelle du pays pour en assurer la viabilité, modèle à l’image de l’APTN. Il a réitéré ce message en personne dans mon bureau de l’époque, à TFO.

 

Un travail herculéen a été fait pour préparer ce dossier par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures. Cette fondation nationale, dont le quartier général est à Ottawa, regroupe, à son conseil d’administration, des personnes solides, connues et reconnues de toutes les régions canadiennes, incluant bien sûr des Québécois émérites. La Fondation a recruté des vétérans du domaine pour préparer la demande et ensuite gérer la chaîne. En même temps, TV5 Québec-Canada, de Montréal, risquant de perdre son propre statut de distribution obligatoire payante, présentait un projet de chaîne des régions, également pour distribution obligatoire payante, la chaîne TV5 Unis.

 

Il y a un an, en août 2013, le CRTC (Jean-Pierre Blais, nommé à sa présidence par le gouvernement Harper) accordait cette licence de distribution télévisuelle payante obligatoire à TV5. C’est un peu comme si le CRTC avait accordé la licence de l’APTN à la BBC Canada. Cela aurait soulevé un tollé chez les Peuples des Premières Nations. Pas parce que la BBC Canada n’est pas fine ou compétente. C’est simplement une question de gouvernance de la voix publique d’un regroupement identitaire, et cela à l’échelle du pays. Mais chez nous, pas de tollé. 

 

Les fonctionnaires québécois du CRTC, pourtant très sensibles aux questions de gouvernance québécoise, n’ont pas accepté ce même principe pour les communautés francophones hors Québec. Il n’y a qu’en éducation qu’on y aura réussi, grâce à l’article 23 de la Charte (merci Jean-Robert Gauthier!). Même Montfort a survécu non pas parce que la francophonie ontarienne a réussi à faire reconnaître son droit aux services de santé en français, mais parce que le gouvernement de Mike Harris a perdu sa cause, n’ayant pas tenu compte des modalités de suppression des services en français prévues sous la Loi 8. 

 

Le CRTC nous a remis à notre place sur la question de gouvernance au plan fédéral. Triste anniversaire. Quant à certaines de nos institutions représentatives à travers la francophonie canadienne, une lecture ou relecture des livres d’Albert Memmi (NDLR: écrivain franco-tunisien auteur du Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur) pourrait s’avérer éducative. 

 

Claudette Paquin

Lafontaine, Ontario