L’accessibilité à des services de santé en français en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique est à peu près inexistante, en raison de l’absence d’obligations juridiques et réglementaires dans ces provinces. L’appui financier du fédéral est disponible et il appartient aux réseaux de santé en français de ces trois provinces de mettre en œuvre des actions concrètes pour préserver la santé mentale des populations francophones.
Le RésoSanté Colombie-Britannique (RésoSanté), le Réseau santé albertain et le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) travaillent à unir les différents intervenants, les décideurs et les demandeurs, en plus de piloter quelques projets concrets. Leur présence et les actions que ces réseaux prennent sont essentielles puisque les trois provinces canadiennes les plus à l'ouest du pays ne reconnaissent pas le droit à leurs résidents francophones de recevoir des services de santé dans leur langue, tel que l’indique un rapport de 2016 préparé par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques.
L’offre active, fondement de la santé mentale des francophones
Selon la directrice de la programmation de la Société Santé en français (SSF), Gabrielle Lepage-Lavoie, les deux enjeux principaux de l’heure en santé sont l’accès à des professionnels et la promotion des services de santé en français. « L’offre active est devenue une priorité, explique-t-elle, et pour ce faire, on vise à offrir des formations aux professionnels de la santé [qui parlent le français] pour les outiller et les sensibiliser au fait qu'ils ont la responsabilité de s'afficher ».
Cependant, seul le RSFS semble avoir développé des liens concrets avec son gouvernement provincial pour stimuler l’offre active. Le conseiller aux communications et coordonnateur des projets francophones pour L’Autorité de la santé de la Saskatchewan (SHA), Mawuli Kugblenu, confirme l’intérêt de sa province pour le portail Web OZi, une solution web intégrée permettant d’appuyer les fournisseurs de services de santé dans le développement de leur offre active de services en français.
Les initiatives propres aux immigrants
Selon Gabrielle Lepage-Lavoie, l’augmentation « extraordinaire » de nouveaux arrivants francophones constitue un enjeu majeur qui préoccupe particulièrement l’Ouest canadien. « Les réseaux de santé et les communautés francophones en milieu minoritaire, surtout dans l'Ouest, développent présentement des stratégies particulières pour subvenir aux besoins de santé et de santé mentale des nouveaux arrivants parce qu'ils ont constaté des détresses, des suicides et des histoires d'horreur causés par la barrière linguistique ».
Un projet de recherche interprovinciale-territoriale sur l’état de santé des immigrants francophones dans l’Ouest et d’autres régions du Canada, financé par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) par l’entremise de la SSF, a été annoncé en novembre. Les réseaux de santé en français de l’Alberta et de la Saskatchewan seront de la partie. La recherche s’intéressera « particulièrement en ce qui a trait à la santé mentale, incluant les traumatismes, les impacts relationnels, l’abus de substance et le suicide, ainsi qu’aux maladies chroniques et aux déterminants de la santé. »
Le IRCC finance également le projet Accueil en santé, piloté par RésoSanté Colombie-Britannique. Selon le coordinateur des communications à RésoSanté, Nicolas Roux, « l’initiative vise, dès 2021, à délivrer un guide de la santé aux professionnels de l'établissement, afin qu'ils puissent répondre aux demandes en santé des immigrants francophones. Des formations seront également offertes, de 2021 à 2023, au sujet du stress que peut subir le personnel de prestation au contact de certaines populations vulnérables qui peut affecter sa capacité à prodiguer les conseils adéquats, mais aussi au stress subit par leurs clients qui peuvent affecter leurs réactions et interactions avec les agents d’établissement et leur capacité à s’intégrer. Enfin, une étude sur l'état de santé des immigrants francophones sera menée en 2025, afin d'avoir des données à jour et de faire état des progrès d’une étude similaire menée en 2018. »
RésoSanté soutient également l’initiative La santé mentale on s’en parle, financé par l’Agence Santé Publique Canada. L’application, destinée aux jeunes de 13-25 ans et offerte également en Alberta, sera disponible dès la fin janvier 2021. Selon la directrice générale par intérim de RésoSanté, Céline Maisonneuve, le besoin est criant comme « les jeunes immigrants ont des problèmes de santé mentale communs [à l’ensemble de la population], des défis de santé mentale propres aux jeunes et des obstacles spécifiques à leur statut d’immigrant. »