Accéder à des services de santé en français en Saskatchewan demeure un besoin non comblé pour une grande majorité des Fransaskois. Pourtant, cette ambition pourrait devenir réalité selon la Direction des affaires francophones (DAF) du gouvernement provincial.
C’est en tout cas ce que la DAF laisse transparaître dans son dernier rapport sur les services en français, publié il y a quelques semaines.
Dans le document de 16 pages, cette branche dédiée à la fransaskoisie, rattachée au ministère des Parcs, de la Culture et du Sport, fait part de données encourageantes quant au potentiel de développement des services bilingues dans le secteur de la santé.
« Au total, 989 employés ont été identifiés comme parlant français, dont environ les deux tiers travaillent dans le domaine des soins cliniques directs », note le rapport.
Autrement dit, près d’un millier d’infirmiers, de techniciens médicaux et d’aides-soignants seraient capables de servir leurs patients en français.
Des données positives
En fait, l’Autorité de santé de la province a collaboré avec le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) pour identifier le personnel capable de fournir des services en français.
« Les données recueillies serviront à donner accès à certains services en français et à planifier la mise en place d’autres services à long terme », indique la DAF dans le rapport annuel 2022-2023.
De son côté, le directeur général du RSFS, Innocent Minega, confirme que l’ambition de son organisme est de concrétiser une offre active de santé pour les Fransaskois.
« La prochaine étape sera de concevoir une cartographie géographique de ce personnel identifié », précise le dirigeant du Réseau.
Si plus d’une centaine de praticiens sont d’ores et déjà prêts à offrir leurs services en français, 585 employés de l’Autorité de la santé de la Saskatchewan indiquent avoir une bonne connaissance du français.
« Nous préparons un projet qui a déjà fait l’objet d’une demande de financement par Santé Canada », confie Innocent Minega.
Former au français
En attendant les prochaines étapes de ce dossier prioritaire pour les Fransaskois, le RSFS dit poursuivre son programme de renforcement des capacités linguistiques des professionnels de santé dans la province.
Intitulée Café de Paris, cette initiative permet aux praticiens d’améliorer leur français à travers des sessions gratuites, en tenant compte de leurs besoins particuliers. Au bout du compte, l’objectif est de favoriser la pratique du français sur le lieu de leur travail.
Dans le domaine de la formation, le Réseau Santé peut aussi compter sur les lauréats formés au Collège Mathieu et à la Cité universitaire francophone de Regina dans les programmes bilingues de sciences infirmières.
Cerise sur le gâteau : le rapport de la DAF précise que le Collège Mathieu propose déjà des sessions de formation en français aux employés du gouvernement de la Saskatchewan. Une trentaine de fonctionnaires ont ainsi été formés en 2022-2023.
Si le potentiel pour se doter de services de santé en français n’est plus à prouver selon ces données, il faudra tout de même une volonté politique forte du gouvernement pour aller de l’avant.
Le directeur général du RSFS en est conscient : « Nous avons déjà demandé de rencontrer le nouveau ministre de la Santé et nous attendons une réponse », révèle Innocent Minega, appuyé dans sa démarche par l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF).
Les services en français au gouvernement provincial en quelques chiffres (2022-2023)
Données issues du rapport annuel 2022-2023 de la Direction des affaires francophones du gouvernement de la Saskatchewan
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726 demandes de services en français
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439 127 mots traduits en français
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35 % des traductions concernent la justice
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989 employés bilingues en santé
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33 fonctionnaires formés à la langue française
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69 postes d’emplois bilingues disponibles, dont 45 déjà pourvus
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500 demandes de traduction d’emplois sur Saskjobs.ca
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389 nouvelles places réglementées en garderies francophones
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105 nouveaux arrivants francophones accueillis par l’ACF
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48 nouveaux arrivants francophones accompagnés par le CÉCS
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2 nouvelles lois bilingues adoptées