William Kenzle
William Kenzle, 100 ans, prodigue des
conseils avisés autour de lui.
Photo : Francine Proulx-Kenzle
Quelle image vous vient en tête quand vous entendez le terme « santé mentale » ? Indifférence, malaise, grincement, doute, curiosité, sourire ? Avec une trentaine de chroniques
Tabou No More à mon actif, l’image qui émerge de plus en plus pour moi,
c’est nous !
Voyez-vous, en tant qu’adultes, il nous revient d’avoir un esprit ouvert pour reconnaître l’impact de notre santé mentale sur l’ensemble de notre vie et celle des personnes autour de nous. « Aucun être humain n’est une île » : vous reconnaissez sûrement cette citation d’un poème écrit en 1624 par le Britannique John Donne. Nous sommes des êtres relationnels. Nous avons besoin les uns des autres. Et nous avons un impact sur la vie des autres.
Quand j’y pense, nous avons une responsabilité collective pour veiller sur la façon dont nos actions et nos paroles influencent positivement ou négativement notre santé mentale et celle des autres. Mais par où commencer ?
Les conseils avisés d’un centenaire
J’ai cru bon de demander à un sage dans ma famille, le père de mon conjoint, William Kenzle, qui vient de fêter ses 100 ans ce mois-ci. En fait, nous avons célébré son centenaire en famille quatre jours durant en Colombie-Britannique. Des soupers en famille ainsi que des rencontres communautaires, et beaucoup de plaisir et de rires ! Il était tellement fier, rayonnant et vibrant de vie !
J’étais très curieuse de découvrir les secrets d’une si longue vie et de son attitude sereine… Alors je lui ai posé la question : « Parlez-moi de votre approche de la vie. »
Sa première réponse a été : « J’ai toujours gardé un certain montant d’argent de côté, pour les imprévus. » Ayant vécu la pauvreté à diverses périodes de sa vie, William a vite appris le bien-fondé de la réduction du stress quant aux finances en faisant attention à ses dépenses. Il a commencé à travailler très jeune, à 14 ans, quand il a quitté la maison pour se joindre à un cirque qui faisait le tour du pays. Avec sa voix de baryton, il vendait des hot-dogs. Il parle de cette aventure avec beaucoup d’affection.
Écouter sans porter jugement
Ensuite, mon beau-père m’a dit : « Reste toujours curieux et écoute les autres sans porter jugement ». Oh, mon doux ! C’est le mantra partagé dans les cours de premiers soins en santé mentale ! J’étais abasourdie d’entendre cet énoncé sortir de la bouche d’une personne de 100 ans. Et, en même temps, des souvenirs faisant preuve de son approche me sont vite revenus à l’esprit. Le plus émouvant étant sa douce réaction d’acceptation à l’annonce que notre fils était gai. Oui, écouter sans porter jugement ! Toujours un choix conscient qui peut générer paix et sérénité autour de nous. C’est le fil conducteur dans toute intervention apportée par un secouriste de premiers soins en santé mentale. Et que dire du fil conducteur pour le développement de toutes relations !
Cette entrevue informelle s’est conclue avec ce dernier conseil : « Aide les autres quand tu le peux, et accepte de l’aide quand tu en as besoin. » À l’âge de 100 ans, mon beau-père a fait sa part pour aider les autres, c’est vrai. Dans les années 1970, la famille Kenzle avait un magasin général dans un petit village rural. Mon beau-père était reconnu pour sa générosité et apprécié pour la façon dont il traitait toutes les familles dans le besoin, quelle que soit leur origine ou leur culture. Quel exemple à suivre !
Bien sûr, mon beau-père a aussi vécu des moments dans sa vie où il a dû accepter de l’aide. Je me rappelle l’histoire de sa faillite à titre de fermier où il a dû recommencer à zéro avec l’aide de ses proches. Ou encore les maintes fois où il a vécu des défis de santé physique majeurs le mettant dans une position vulnérable. Et dernièrement, il y a deux ans, quand il a fallu prendre la décision de lâcher prise et d’aller vivre dans un établissement pour les ainés.
N’est-ce pas intéressant que les conseils partagés par mon beau-père concordent avec ceux abordés par la Commission de la santé mentale du Canada et avec un des gestes enseignés dans les cours de premiers soins en santé mentale ?
Voilà pourquoi je vous dis que la santé mentale, c’est nous ! L’approche à la vie partagée par mon beau-père est à la portée de nous tous. Celle-ci a le potentiel de bonifier notre santé mentale, peu importe où nous en sommes.