Après le départ de Frédérique Beaudemont en août dernier, Innocent Minega est devenu le nouveau directeur général du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS). Gestionnaire expérimenté, le Fransaskois d’adoption veut faire de la création de services de santé bilingues sa grande priorité.
Qu’est-ce qui vous a motivé à occuper le poste de directeur général du RSFS ?
Cela fait à peine six mois que je me suis installé en Saskatchewan à travers le programme d’immigration des travailleurs qualifiés.
J’ai été accueilli à bras ouvert par la communauté fransaskoise de Saskatoon. L’accueil chaleureux qui m’a été offert m’a beaucoup aidé à m’établir, et surtout à construire un réseau.
En occupant la fonction de directeur du RSFS, je veux redonner à la communauté fransaskoise.
Monsieur Minega est le nouveau directeur général du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) depuis le 1er septembre.
Crédit : Courtoisie
J’ajouterais aussi que travailler pour bonifier les services de santé français est une mission qui me concerne en tant que francophone de la Saskatchewan. La francophonie fait partie de mon identité et c’est très important pour moi d’être servi en français.
Pouvez-vous nous donner une idée de votre parcours ?
J’ai fait carrière en gestion de projets à but non lucratif depuis de nombreuses années dans mon pays natal, le Rwanda, ainsi que dans d’autres pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest.
J’ai été directeur de programmes pendant 14 ans, années durant lesquelles j’ai beaucoup travaillé sur l’évaluation des besoins en matière de services publics et le plaidoyer.
La santé était parmi les secteurs de prédilection lors de mes missions. J’ai également assumé plusieurs rôles en coordination de projets juste après avoir eu une maîtrise en développement international.
Bien que le contexte du Canada et de la Saskatchewan soit différent, l’ensemble de ces expériences m’aideront certainement à bien mener mon mandat au RSFS.
À quels défis fait face le RSFS d’après vous ?
Le RSFS fait face à beaucoup de défis. Subvenir aux besoins des francophones de la Saskatchewan en matière de santé dans leur langue demeure un défi majeur.
Malgré tout le travail important qui a été fait jusque-là, les services en français sont presque inexistants.
Mes prédécesseurs ont réussi le pari de bâtir une relation solide avec l’Autorité de santé de la Saskatchewan et de sensibiliser les parties prenantes du secteur sur les besoins de la communauté fransaskoise, tout en offrant des activités et services en français.
Actuellement, la priorité est de poursuivre le travail en partenariat avec l’Autorité de santé et le gouvernement de la province pour l’offre de services en français.
Avez-vous une idée de la manière de relever ce défi ?
Il y a un grand potentiel pour l’offre de services de santé en français en Saskatchewan. Les résultats d’une étude récente à ce sujet sont très encourageants.
L’infrastructure est là. Il existe déjà un noyau fort de personnel bilingue. Ce qui reste à faire est de plaider auprès des décideurs et de la province pour qu’ils avancent vers la création de services bilingues. Ce sera mon travail de concrétiser cette vision.
Les chiffres vont-ils en ce sens ?
Selon un dernier sondage effectué en mars 2023, environ 1 000 personnes sur 40 000 employés de l’Autorité de santé en Saskatchewan ont indiqué avoir une connaissance du français.
Parmi eux, 585 employés ont indiqué avoir une bonne connaissance de la langue, dont 129 qui ont déclaré être prêts à offrir des services en français.
La plupart des professionnels de santé bilingues sont en milieu hospitalier (89 %) alors que le reste est en milieu de santé communautaire ou en coordination et supervision.
C’est très encourageant comme effectifs. Nous venons d’ailleurs de finaliser une demande de financement pour améliorer le renforcement des capacités de ces professionnels.
Un dernier mot ?
Mon ambition est de faire grandir le RSFS, en cherchant davantage de financements pour lancer de nouveaux projets et services.
J’aimerais aussi que le Réseau soit plus présent et plus proche des communautés fransaskoises en milieu rural. Cela dépendra certes du financement de nos bailleurs, et c’est pour cela que j’en ferai une priorité.