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Tribune libre

NOTE: Les opinions exprimées sur cette pages sont celles de nos lecteurs et lectrices et ne reflètent pas nécessairement celles de l'Eau vive. Si vous désirez soumettre un texte veuillez le faire parvenir à redaction@leau-vive.ca.

Consultations communautaires fransaskoises, 2012

Quelques réflexions muries

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Dans une série d’articles, je vous propose d’aborder quelques grandes problématiques qui ont été communiquées par les participants des consultations communautaires à l’échelle de la province en 2011-12. Je vous propose cet exercice, espérant que nous trouverons collectivement des solutions durables plutôt que de répéter les mêmes pratiques souvent nuisibles. Je vous propose ensuite une avenue alternative, qui trace une voie plus efficace pour répondre aux aspirations de développement des communautés francophones de nos villes et villages.

La relation entre l’agent de développement local et son conseil d’administration 

Cette relation de pouvoir est centrale à l’action communautaire. La dynamique entre le conseil d’administration (CA) de l’organisme local et son employé (souvent unique) est fréquemment la source de défis plus que de bénéfices pour le développement local. Cette relation peut même, dans plusieurs cas, être une source de dégradation ou d’obstruction aux efforts de développement communautaire. Il y a plusieurs scénarios possibles qui peuvent engendrer un disfonctionnement. Je vous en présente quatre ici, qui ont été soumis plusieurs fois lors des consultations :

1) Les nouveaux membres du CA (parfois seulement le président) souhaitent imposer leur vision à l’agent en place et ce dernier est contraint de s’y plier ou de quitter, même si cette direction va à l’encontre du développement communautaire positif en cours.

2) Les nouveaux membres du CA manquent de connaissance des dossiers et de la réalité du travail de l’agent, ce qui nécessite beaucoup de temps à l’agent pour informer, former et expliquer. Le pire étant que ces membres peuvent quitter le CA au bout de quelques mois et ont rarement beaucoup de temps à investir pour comprendre les enjeux locaux.

3) Le CA engage un nouvel agent de développement, ce qui entraîne une surcharge importante pour les membres du CA, qui n’ont pas nécessairement les compétences en matière de ressources humaines pour bien encadrer le nouvel agent dans son entrée en fonction. Ce dernier peut – et c’est de plus en plus le cas – être un nouvel arrivant qui connaît très peu la communauté; il y a donc souvent une longue période d’adaptation.

4) Le CA s’appuie sur un agent qui est en poste depuis de nombreuses années, et par le fait de son ancienneté et de ses connaissances approfondies, détient un maîtrise de son rôle et mandat. Toutefois, méfiant des nouveaux membres sur le CA, l’agent peut facilement tendre à limiter l’information qu’il communique et tenter de défendre son contrôle sur les activités du Centre, d’autant plus s’il sent que son CA remet en question son travail.

5) Les agents sont sous-payés pour tout le travail qu’ils doivent réaliser. 

Ces scénarios sont récurrents et rendent la participation au développement local souvent pénible, tant pour les élus, le public ou l’employé.  J’aimerais vous proposer une alternative viable, qui redonne le pouvoir à la communauté, plutôt qu’à un groupe restreint, soit les élus.

1. L’Assemblée générale annuelle (AGA) adopte une programmation et un budget annuel et effectue l’évaluation (recommandations, critiques, félicitations, etc.) du travail de l’agent sur les résultats visés l’année précédente.

2. Le CA est élu lors de l’AGA mais ne s’ingère n’y dans la programmation, ni dans le budget adopté en assemblée. Les membres du CA sont responsables des signatures de chèques, de la représentation publique et de conseiller l’agent lors des défis qu’il ne peut relever seul(e).

3. L’agent crée des groupes de travail autour de sa programmation et va chercher les appuis administratifs et professionnels nécessaires auprès des organismes provinciaux spécialisés dans le domaine.

Avec ce modèle décentralisé, l’agent est plus autonome et devient redevable directement aux membres de la communauté, plutôt qu’aux seuls élus. Le CA a moins de responsabilités, ce qui permet aux membres de s’impliquer davantage dans les activités qui les intéressent plus particulièrement. L’agent cherche d’avantage de collaborations locales et avec les organismes provinciaux, plutôt que principalement avec son CA.