La Saskatchewanaise Ingrid Alesich a publié l’automne dernier son premier ouvrage pour enfant, Artémis vole au secours de la planète, aux Éditions de la nouvelle plume. Cette ancienne institutrice et chercheuse à l’Université de Regina nous invite à comprendre pourquoi notre terre ne tourne pas rond. Un livre qui sent bon le lys des prairies puisque la Fransaskoise Martine Noël-Maw est à la traduction.
C’est sur le dos d’Artémis, femelle albatros, que nous allons prendre de la hauteur et du recul sur notre planète et notre mode de fonctionnement. Un personnage genré qui n’est pas dû au fruit du hasard selon l’auteur. « De mon point de vue, comme les études le montrent, les femmes sont plus susceptibles de se préoccuper de protéger les formes de vie car elles portent la vie », souligne-t-elle.
Qui de mieux que cette déesse, à l’envergure inégalée, pour nous emmener sillonner les 6 continents de notre planète. « J’ai choisi un albatros car ils peuvent voler plus de 800 kilomètres par jour... Et voir le paysage de très haut. Je voulais que mon livre soit aussi précis sur le plan scientifique, tout en étant accessible aux enfants et aux adultes n'ayant que peu ou pas de connaissances scientifiques. »
De toute façon, nos connaissances géographiques, Artémis va les balayer d’un coup d’aile ravageur lorsqu’elle va découvrir un 7e continent entièrement fait de plastiques. Une référence aux vortex de déchets qui polluent les océans, dont le plus important se situe entre Hawaï et la Californie et s’étend sur 1,6 million de km² et concentre 80 000 tonnes de plastiques selon National Geographic. Vous l’aurez compris, ce livre n’est pas à ranger dans la catégorie fiction.
S’en suit alors un tour du monde où Artémis va se mettre en quête de la vérité et chercher à comprendre d’où vient cette pollution. Des coupables, elle ne va pas tarder à en trouver. Les pages défilent et avec elles l’envie irrépressible de s’excuser auprès de toutes les autres espèces animales. Bien que destiné aux jeunes générations, le livre ne cherche pas à dédramatiser la situation et n’hésite pas à pointer du doigt notre société capitaliste et les drames de la combustion des énergies fossiles.
« Les enfants veulent faire partie de la solution, avoir une mission dans la vie. En effet, de nombreux jeunes, surtout à partir de 9 ans, deviennent des militants et se sentent floués dans leur survie future », observe l’écrivaine. Un juste retour des choses pour elle qui se dit militante écologiste depuis son plus jeune âge quand elle a vu, horrifiée, la destruction d’une grande partie d’une forêt humide sous l’épaisse fumée toxique d’une aluminerie dans sa Tasmanie natale.
Heureusement, Artémis revient de cette expédition des idées plein la tête pour remettre la terre sur de bons rails. Un réel message d’espoir transparait dans cet ouvrage, ce qui était déterminant pour l’auteure : « Les infrastructures renouvelables et la conservation font partie de nos espoirs. Comme l'a dit Vandana Shiva, la militante agricole indienne, "nous ne pouvons pas nous permettre le luxe du désespoir", nous devons continuer à transformer le monde en un monde durable. »
Il est du devoir de chacun d’en prendre conscience en « réduisant certainement notre consommation de combustibles fossiles, en isolant nos maisons, recyclant, réutilisant… » Mais aussi en « exigeant de chaque politicien, municipal, provincial et fédéral, que nous ayons une économie verte dès maintenant. Au Canada, l'Institut Pembina a élaboré un plan pour chaque province. La technologie, les travailleurs, le soleil, le vent et la géothermie sont là, nous avons juste besoin de la volonté de nos communautés », avance Ingrid Alesich.
Tout compte fait, à regarder de plus près les sourires sur la dernière illustration de Sean Winburn où tout le monde vit heureux et en harmonie avec son environnement, nous n’avons vraiment pas envie que ce livre soit une fiction.