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/ Catégories: Société, Francophonie

Francophonie internationale: Michaëlle Jean portera la parole

Trois des 100 femmes honorées par l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne

Trois des 100 femmes honorées par l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne

Michaelle Jean en compagnie de Françoise Sigur-Cloutier, la présidente de l'Assemblée communautaire fransaskoise et Nancy Hayes, la présidente de l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne.
Photo: Marie-Andrée Blais (2014)
www.marieandreeblais.com
Le conte de fée continue pour la réfugiée haïtienne à l’aïeule acadienne, devenue journaliste radio-canadienne, gouverneure générale et chancelière d’université. Le 29 novembre, Michaëlle Jean a été élue secrétaire générale de l’Organisation de la Francophonie internationale (OIF).

Les membres réunis pour un XVe Sommet à Dakar ont orienté l’organisme vers la modernité, les jeunes, les femmes et le développement économique. Ils ont choisi un symbole puissant pour incarner le changement. Nommée à l’issue de tractations difficiles, la nouvelle secrétaire générale entrera en fonction dès janvier et pour quatre ans comme première femme et hors Afrique à diriger l’OIF.

« Je ne peux pas vous dire à quel point on était heureux, déclare Paulette Sonier Rioux, représentante de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne. On entendait toutes sortes de rumeurs. On sait aussi que dans certains pays, on pense que la femme est incapable de jouer un rôle comme ça. »

Le professeur de science politique de l’Université de Moncton, Christophe Traisnel, qualifie la Canadienne d’exceptionnelle. « Elle s’est démarquée des autres, elle a du charisme, le sens de la communication et elle sait parler. La nouvelle secrétaire générale n’a pas occupé de fonctions politiques, reconnaît-il. Elle a été gouverneure générale, un poste protocolaire et de représentation. Au plan diplomatique, il y a un point d’interrogation. Mais elle peut apprendre au fur et à mesure. »

Le Sommet s’est terminé avec l’adoption de résolutions pour renforcer l’usage du français, défendre les droits humains, appuyer tous les instruments en éducation, lutter contre le terrorisme et promouvoir une stratégie économique. La Francophonie mondiale compterait 276 millions de locuteurs.

Selon Christophe Traisnel, l’élection de Michaëlle Jean révèle une présence croissante du Canada et un engagement faiblissant de la France. « C’est révélateur de rééquilibrage. La francophonie n’est absolument pas un enjeu en France, où le Sommet est une simple anecdote dans la couverture médiatique. La France sous-estime l’importance de ce terrain.

« Tandis qu’au Canada, soutient le politicologue, l’enjeu linguistique est un enjeu politique, dans cette concurrence continuelle avec l’anglais. La présence de Michaëlle Jean est très appropriée. Elle va inciter les Canadiens à regarder de plus près la francophonie mondiale... Ça ne peut que dynamiser le statut de la langue française au Canada et renforcer la santé des organismes en milieu minoritaire. Dans la francophonie canadienne, on se regarde trop le nombril et on a tendance à voir le français comme un enjeu local. On parle des francophones noyés dans un océan anglophone. Mais on n’est pas tout seul au monde. On est en pleine mondialisation et le français est la langue qui progresse le plus. C’est une langue d’avenir. Si j’étais parent, je me dirais : il faut absolument que je l’enseigne à mes enfants. »

Malgré la thématique jeunesse, le président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, Alec Boudreau s’est senti tout seul de sa génération à Dakar. « J’étais la personne la plus jeune du Sommet. Les autres avaient au moins 30 ans. Dans les autres délégations, il n’y avait aucun jeune. »

Le président est persuadé que les choses vont changer avec l’arrivée de Michaëlle Jean. « Avec madame Jean, ajoute-t-il, le Canada a pris un rôle de leadership. Elle connaît bien la réalité de la francophonie canadienne. C’est pas juste le Québec, elle va nous représenter. En montant dans l’avion pour le retour, on était très excités. Il y avait un grand sens d’accomplissement. »

La présidente de l’Assemblée communautaire fransaskoises, Françoise Sigur-Cloutier, salue également cette nomination. « Il était temps pour la francophonie internationale de connaître un changement de visage, c’est un message très fort d’avoir une personne avec beaucoup de ferveur et de passion à sa tête. C’est une femme qui a une grande connaissance du monde, elle a beaucoup voyagé et elle sait se rapprocher des gens. C’est une femme qui a à la fois beaucoup de tête et beaucoup de cœur, je crois que cet amalgame est bon pour la francophonie en ce moment ».

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