Pierre « Pedro » Drouin, prêtre des Missions étrangères, décédé le 26 octobre 2014.
Photo : Sarah Tristan
Mon ami Pedro s'en est allé. Pierre Drouin, prêtre des Missions-Étrangères, montréalais de naissance et hondurien d'adoption, a cessé de souffrir dimanche le 26 octobre dernier. Il s'est éteint juste avant que n'arrive l'hiver, auquel il ne s'était jamais tout à fait réhabitué.
Pedro n'était pas quelqu'un d'ordinaire. Homme de foi et de questionnement, de prière et d'action, d'amour et d'humour, il était doté d'une capacité d'écoute et d'accueil absolument remarquable. Rassembleur, bâtisseur et travailleur acharné, il a beaucoup donné au Honduras(1) où il a consacré plus de 45 ans de sa vie.
C'est là que je l'ai connu au début des années 2000, au Centre de spiritualité El Tabor/Las Tres Rosas (2), lieu de retraite et de formation, dont il était le fondateur et dont il disait : «C'est une sorte de monastère ouvert aux laïcs qui eux aussi ont besoin d'outils, de lieux pour approfondir le sens de leur vie, connaître leur être véritable». C'est là que j'ai découvert un homme plus grand que nature et qu'a commencé pour moi une grande aventure spirituelle et humaine.
Aujourd'hui, au Honduras, on parle de lui : au Centre de spiritualité, dans le réseau de garderies Koinonia (3) , dans les maisons qu'il a fait construire, à la clinique ouverte aux familles de la région (4), partout où il est passé. Au Québec aussi on parle de lui. Sa famille, ses proches, ses amis, ses confrères, ils et elles sont très nombreux à se dire : « un géant de la mission » (5) s'en est allé.
Victime de la maladie de Parkinson, Pedro était revenu au Québec depuis quatre ans. La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a un an. La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était en juillet. La dernière fois que je lui ai écris, c'était en août. C'était pour lui dire adieu.
Ma lettre se terminait ainsi : « À bientôt Pedro, ici ou ailleurs. J’espère vous revoir mais je souhaite encore plus que vos souffrances s’achèvent. Le jour où on m’annoncera que vous êtes parti, je me réjouirai. Je chanterai votre libération en vous souhaitant le plus beau des voyages et en vous remerciant de tout ce que vous avez fait pour moi et pour tant d’autres ».
Il disait souvent que le meilleur moment pour mourir, c'était à Pâques, que mourir c'était ressusciter et que le dimanche de Pâques, c'était le jour de la résurrection.
À défaut de nous quitter un dimanche de Pâques, il est quand-même parti un dimanche. C'était la moindre des choses...
Feliz viaje padre. Dios le espera.
Notes:
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1. Le Honduras, pays de 7,5 millions d'habitants en Amérique centrale, est l'un des plus pauvres d'Amérique latine. 70% de sa population vit sous le seuil de la pauvreté. C'est aussi un pays violent.Selon un rapport de l'ONU de 2014, c'est le pays qui enregistre le plus haut taux d'homicides au monde. (Nombre d'homicides par 100 000 habitants dans des pays en temps de paix).
- 2. Le Centre de formation Las Tres Rosas a été fondé en juin 1983. Deux ans plus tard, ce fut l'ouverture du Centre de spiritualité et de retraite El Tabor. Il fait désormais partie de l'Université catholique du Honduras.
- 3. La fondation Koinonia a été fondée en 1994 dans le but de créer des garderies pour enfants de six mois à six ans dans les quartiers les plus défavorisés de la capitale, Tegucigalpa, ainsi que La Casa de las Flores, un foyer ayant pour vocation la rééducation de fillettes de 7 à 14 ans victimes d’agressions sexuelles et de maltraitance et qui ont vécu dans des conditions de mendicité.
- 4, La clinique du Tabor est une clinique à vocation homéopathique. La collaboration avec Homéopathes sans frontières a permis de former des intervenantes et d'offrir des formations en médecine homéopathique, celle qu'on appelle «la médecine aux pieds nus». Ces formations sont suivies aussi bien par des intervenants locaux que par des médecins de la Faculté de médecine de l'Université catholique du Honduras.
- 5. «Nous, et là je me fais le porte-parole des confrères de la mission du Honduras, nous en témoignons. Pierre aura été un géant de la mission». Homélie de Jean-Paul Guilet p.m.é