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Presse écrite en crise dans le monde

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La presse écrite est en difficulté. La grande comme la petite. Dans les pays qu'on dit émergents, tel l'Inde, et ailleurs où le taux d'alphabétisation est élevé et où elle est plus accessible et moins coûteuse que la presse numérique, elle se porte plutôt bien. Mais au Canada, aux États-Unis, en Europe, elle ne va pas bien du tout. Cependant, cette « crise du papier » pourrait s'avérer créative.

Des grands noms de la presse, comme France Soir, aux petits, comme l'Express d'Ottawa, des journaux disparaissent ou sont en voie de disparition. Plus de cent cinquante journaux ont fermé en dix ans aux États-Unis. Certains, comme le New York Times, ont opté pour le virage numérique.  Mais la plupart des quotidiens et hebdos tâtonnent encore. Le quotidien La Presse (Montréal) publie désormais en version numérique, exception faite de son édition du samedi. Plus près de nous, l'Eau vive passe au numérique – bien qu'on espère que cette mesure soit temporaire. La plupart essaient de chevaucher le papier et le numérique, avec un succès relatif. 

Le virage numérique est inévitable et irréversible. Et les défis qu'il pose sont de taille. N'est pas le New York Times qui veut. Avec son site payant comptant plus de 700 000 abonnés, ce grand quotidien pourrait servir de modèle au passage de la presse écrite à la presse numérique.

Défis importants

Le monde numérique ne comprend pas seulement Internet mais aussi des médias multiplateformes : portables, tablettes, téléphones intelligents. Ces moyens de communication ont fait apparaître une pléthore de fournisseurs de contenu de tout acabit. La qualité des articles varie énormément.

Comment faire évoluer le métier de journaliste face à une information continue presque instantanée?  Comment attirer et surtout fidéliser des lecteurs susceptibles d'y réagir et de la partager ? Et surtout, comment produire une information de qualité et financer les rédactions dans un environnement où règne la gratuité ?

Il existe toujours une demande pour des reportages rigoureux, des articles de haut niveau et des publications papier. Il n'y a pas que les octogénaires qui privilégient la lecture d’une publication papier.  Mais les lecteurs souhaitent également, et de plus en plus, obtenir des informations différentes sur une plateforme unique.  Parmi eux, beaucoup de jeunes. 

Le rapport 2015 sur les tendances de la presse mondiale (World Press Trends 2015) rendu public en octobre dernier par l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de presse (World Association of Newspapers and News Publishers) révèle que chez les 20-40 ans, sept lecteurs sur dix consomment  l'actualité quotidiennement.  Fait intéressant, ils sont 40% à souscrire un abonnement et/ou une application numérique.

Pistes de solution

Ce n'est pas la première fois que la presse écrite traverse un passage à vide.  Lorsque la télévision a fait son entrée dans les foyers nord-américains, près de la moitié des journaux du continent ont disparu. Qu'a-t-on fait? Les journaux du matin et du soir se sont associés pour survivre et ont lancé des quotidiens uniques et prospères dans la plupart des villes américaines. Des associations, des partenariats, ont redonné un élan à la presse écrite des années 50. Il serait temps de penser en ces termes pour redonner vie, non pas juste à la presse écrite, mais à la presse tout court.

À court terme, il semblerait qu'il faille encore réduire les coûts tout en trouvant des moyens de garder vivante la presse écrite, voire augmenter sa valeur, pour les lecteurs qui y sont fidèles.  Mais à moyen terme, il faudra que les entreprises dans le secteur de la presse écrite pensent à se regrouper, surtout les petites qui ont un lectorat modeste.  Cette conjugaison d'intérêts constituerait un moyen de faire de substantielles économies d'échelle. 

Enfin, les éditeurs de la presse écrite doivent comprendre la pertinence des diverses plateformes, savoir laquelle préfèrent leurs lecteurs, savoir comment cibler efficacement ces lecteurs et les publicités pour cette plateforme.  Toujours selon le rapport 2015 sur les tendances de la presse mondiale, les revenus publicitaires de la presse écrite ont été supérieurs à toute autre forme de revenus publicitaires en 2014.  Mais on prévoit que d'ici 2018, l'Internet deviendra le premier support de publicité. 

Les journaux francophones de l'Ouest canadien auraient-ils de meilleures perspectives d'avenir s’ils décidaient de conjuguer leurs ressources et leurs expertises?  Il me semble que la proposition vaudrait qu'on s'y arrête. Juste pour voir...