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La vitalité mémorielle abordée par Bibliothèque et Archives Canada

Comment conserver la mémoire d’une communauté, la mettre en lumière et débattre des enjeux et du devenir des archives et bibliothèques des communautés de langue officielle en situation minoritaire ? Voilà la problématique abordée par Bibliothèque et Archives Canada (BAC) à travers une série de conférences retransmises en français et en anglais du 12 au 27 mai sur YouTube.

Née en 2004 de la fusion de la Bibliothèque nationale du Canada et des Archives nationales du Canada, l’institution BAC a décidé de mettre les communautés de langue officielle en situation minoritaire au cœur de récentes recherches. Le but : mettre en avant les besoins et les défis de préservation que le patrimoine documentaire représente pour ces communautés. 

« Bibliothèque et Archives Canada a à cœur de remplir ses obligations en matière de soutien à la vitalité mémorielle des communautés en situation minoritaire », indique Leslie Weir, bibliothécaire et archiviste à BAC.

Une recherche pointue

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Les archives, un dépôt de la mémoire et plus encore.
Crédit : Mr Cup-Fabien Barral / Unsplash

La recherche a d’abord consisté en une revue de la littérature disponible autour du concept de vitalité, incluant divers rapports et articles réalisés ou soutenus par le Commissariat aux langues officielles et Patrimoine canadien. Les données ont ensuite été complétées par une enquête menée à l’automne 2017 auprès de neuf archivistes et historiens spécialistes et, en 2019, des échanges entre les différents chercheurs. 

Cette analyse documentaire a permis de faire émerger le concept de vitalité mémorielle. Selon la définition fournie par BAC, la vitalité mémorielle est avant tout « une force et une diversité avec lesquelles s'exprime la mémoire d'une communauté dans un espace réel et symbolique déterminé ». Elle est observable dans la présence du passé dans les différents domaines de la vie collective d'une communauté.

Au final, les travaux de recherche sur le terrain ont examiné 68 communautés et ont révélé que les notions de mémoire et de patrimoine tombaient dans un angle mort, comme le rapporte Linda Savoie, maîtresse de cérémonie, secrétaire générale et championne des langues officielles à BAC.

« La dimension patrimoniale incluant les archives a été peu explorée, de même que la part des bibliothèques et autres lieux culturels donnant accès à la littérature reste à revoir. Ces deux domaines contribuent de manière décisive à la mémoire collective, à l’enracinement des communautés, à leur expression culturelle et à leur rayonnement », souligne cette dernière.

D’après le rapport, on ne peut considérer les archives et leur apport à la vitalité d’une communauté qu’en appréhendant les différentes dynamiques mémorielles comme celle de la mémoire collective qui se manifeste dans diverses sphères de la vie et différentes époques. Il s’agit donc de placer le patrimoine documentaire non seulement comme un « dépôt de la mémoire », mais aussi comme un matériel qui soutient les diverses formes d’expression de la relation au passé de la collectivité.

Un enjeu local…

Les conférences ont été également l’occasion de se rapprocher des institutions et associations locales telles que les sociétés historiques afin de leur apporter appui et encouragement dans leur travail de préservation de l’histoire et de la mémoire de leur communauté respective.

« C’est une formidable opportunité de réseauter avec nos homologues du milieu patrimonial et documentaire […] Nous soutenons l’œuvre qu’ils accomplissent dans le but de créer un environnement bilingue dynamique et d’assurer à cette dualité une place solidement ancrée dans notre société », encourage Alain Roy, conseiller en politique et recherche stratégique pour BAC. 

La préservation du patrimoine documentaire apparaît donc un enjeu majeur, car il témoigne des contributions des communautés à la vie collective. Les journaux locaux jouent d’ailleurs un rôle essentiel dans cette démarche. 

La communauté fransaskoise a notamment pu voir le lancement du projet collaboratif de numérisation du journal L’Eau vive à travers le Centre des archives fransaskoises inauguré en 2019. « L’enjeu de la préservation des journaux est une importante préoccupation, tant pour les communautés que pour les institutions de mémoire qui doivent assurer la pérennité de leurs collections. La numérisation est sans doute un élément clé de cette meilleure préservation, tout en donnant un accès élargi à ces ressources », souligne ici Alain Roy, très inspiré par la citation du Centre acadien de l’Université Sainte-Anne : « Un groupe sans journal passe sous silence, un groupe avec un journal forme une communauté ! »

…et national 

L’Eau vive en Saskatchewan, Le Franco pour l’Alberta ou encore et Le Courrier de la Nouvelle-Écosse en Nouvelle-Écosse, tous s’inscrivent dans une stratégie nationale de numérisation qui a été mise en place pour les dix prochaines années. Une stratégie qui sera périodiquement révisée et adaptée afin que les projets de numérisation se poursuivent.

Ces projets de numérisation font échos à des enjeux clés rejoignant la question de la Loi sur les langues officielles. « On ne peut nier le rôle que ces acteurs jouent en donnant accès à la mémoire et au patrimoine documentaire qui sont au cœur de l’identité et de la vitalité de ces communautés en situation minoritaire », relève Mona Fortier, ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances.

Le 19 février dernier, le gouvernement fédéral a déposé un plan visant à moderniser la Loi sur les langues officielles qui répondra aux réels besoins linguistiques du 21e siècle. Une loi qui n’a pas été révisée en 50 ans : « Nos deux langues officielles sont une richesse et une valeur apportée pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Elles nous représentent, nous font vibrer et nous permettent de nous épanouir. Je vois que le travail de BAC a progressé et commence à ouvrir des échanges intéressants sur la place des archives et des bibliothèques dans la vitalité des communautés de langues officielles en situation minoritaire », ajoute la femme politique. 

Les conférences de Bibliothèque et Archives Canada étaient organisées en partenariat avec le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa et l’Association des bibliothèques de l’Ontario-Franco (ABO-Franco), avec le soutien actif des réseaux archivistiques et des bibliothèques des communautés de langue officielle en situation minoritaire.