Par Andy Blatchford
LA PRESSE CANADIENNE
OTTAWA _ Le marché canadien de l'emploi a rebondi en septembre en créant 74 100 nouveaux postes, faisant reculer le taux de chômage national à son plus faible niveau en près de six ans, a indiqué vendredi Statistique Canada.
Le gain de septembre fait suite à une perte nette de 11 000 emplois pour le mois d'août. Au total, 69 300 des emplois créés le mois dernier étaient des emplois à temps plein, a précisé Statistique Canada.
"Dans l'ensemble, l'embauche du troisième trimestre était en fait très forte. C'était l'un des trimestres les plus vigoureux que nous avons vu depuis quelques années", a observé l'analyste Leslie Preston, du service d'études économiques de la Banque TD.
"Alors nous sommes encouragés par cela. Cet élan, après une année d'embauche stable, commence à contribuer au marché de l'emploi du Canada."
Le taux de chômage a glissé de 0,2 point de pourcentage pour s'établir à 6,8 pour cent. Il n'avait pas été aussi bas depuis décembre 2008.
Le résultat net de septembre était le plus important depuis mai 2013. Quelque 89 500 emplois avaient alors été créés, en majorité des postes à temps plein.
Les économistes s'attendaient en moyenne à voir 20 000 nouveaux emplois le mois dernier et à observer un taux de chômage stable à sept pour cent, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.
Les gains les plus importants ont été observés dans le secteur privé, selon les données de Statistique Canada. Après avoir perdu en août 112 000 emplois, il en a gagné 123 600 le mois dernier.
Mais plusieurs experts ont estimé vendredi que les chiffres de septembre devaient être pris avec des pincettes. La volatilité du marché de l'emploi canadien fait en sorte que les gains peuvent se transformer en perte d'un jour à l'autre, a prévenu Mme Preston.
Dans ses derniers rapports sur le marché de l'emploi, Statistique Canada a fait état d'une perte nette de 11 000 emplois en août, de la création de 42 000 emplois en juillet, de l'élimination de 9400 emplois en juin, de l'ajout de 25 800 en mai, de la disparition de 28 900 emplois en avril et d'un gain de 42 900 emplois en mars.
"L'inquiétude, bien sûr, compte tenu des chiffres en dents de scie dans l'emploi au cours de la dernière année, est de voir ces gains s'effacer le mois prochain", a-t-elle expliqué.
Tout en admettant que les données de septembre étaient "très impressionnantes", l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a souligné lui aussi qu'elles pourraient avoir une courte durée de vie.
"Compte tenu du tumulte dans le reste du monde, sans compter les interrogations croissantes en ce qui a trait à la validité des données sur l'emploi, ces résultats pourraient bien de pas avoir beaucoup d'impact à long terme", a écrit M. Porter dans une note de recherche.
La plupart des nouveaux emplois ont vu le jour en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario et à Terre-Neuve-et-Labrador, tandis que les autres provinces n'ont observé que de légers changements.
Au Québec, environ 6500 emplois ont été créés le mois dernier et le taux de chômage a reculé de 0,1 point à 7,6 pour cent. La totalité des nouveaux emplois étaient cependant à temps partiel.
L'Ontario a accueilli 24 700 nouveaux travailleurs, ce qui a fait chuter son taux de chômage de trois dixièmes de point à 7,1 pour cent.
Le Nouveau-Brunswick a été la seule province à voir son taux de chômage progresser en septembre. Celui-ci a pris 0,9 point à 9,6 pour cent.
L'emploi a augmenté dans le secteur des services d'hébergement et de restauration, dans celui des soins de santé et de l'assistance sociale, ainsi que ceux de la construction, des ressources naturelles, et de la finance, des assurances, de l'immobilier et de la location.
À l'inverse, des emplois ont été perdus dans le secteur des services éducatifs, a précisé l'agence fédérale.
Les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans ont obtenu 43 000 nouveaux emplois en septembre, mais le taux de chômage dans cette catégorie d'âge a malgré tout avancé de 0,1 point de pourcentage à 13,5 pour cent parce qu'un plus grand nombre d'entre eux étaient à la recherche d'un emploi.
Par ailleurs, la Banque du Canada a dévoilé vendredi les résultats de son enquête sur les perspectives des entreprises pour l'automne. Ceux-ci témoignent d'un "modeste raffermissement de la demande" au sein des entreprises, particulièrement chez les exportateurs.
"Certaines firmes indiquent que le renforcement de la demande américaine a déjà eu une incidence sur leurs ventes", a indiqué la banque centrale dans son rapport.
L'institution suggère aussi que les entreprises de partout au pays, et dans tous les secteurs, s'attendent à embaucher davantage de travailleurs dans les 12 mois à venir. Selon l'enquête, 54 pour cent des entreprises prévoient que leur niveau d'emploi sera plus élevé dans la prochaine année par rapport aux 12 derniers mois.
Les répondants de l'étude de la Banque du Canada ont aussi indiqué avoir l'intention d'augmenter leurs investisseurs pour les machines et le matériel au cours de la prochaine année.