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Idayatu Bello : du Ghana au Studio 914

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Balises

Entre plaine et savane à la Fête fransaskoise le 11 juillet 2015

Entre plaine et savane à la Fête fransaskoise le 11 juillet 2015

Idayatu Bello interprète les contes La cruche et Hedia contes africains et fransaskois dans le spectacle de la Troupe du Jour, Entre plaine et savane.
Photo : Pamela Jaton (2015)
Portrait de la comédienne ghanéenne, anglophone mais amoureuse du français depuis l’enfance. Avec la Troupe du jour, elle se fait remarquer sur la scène du théâtre fransaskois. 

En débarquant le 18 janvier 2015 en terre fransaskoise, en provenance d’Afrique, avec pour objectif de consolider son savoir universitaire, Idayatu Bello, jeune ghanéenne de 25 ans, était loin de se douter que son intérêt pour la langue française connaitrait une nouvelle dimension. Elle a été remarquée par la Troupe du jour, installée au Studio 914, à Saskatoon. David Granger, metteur en scène du spectacle Entre plaine et savane, lui a confié le soin d’interpréter deux des quatre récits savoureux de ce spectacle « afro-fransaskois » qui a parcouru les jardins de la province en juillet. 

« Au départ, rien ne me prédisposait à jouer un tel rôle si ce n’est le hasard » confie Idayatu Bello. 

Dans les faits, c’est plutôt le bouche à oreille qui a permis sa rencontre avec David Granger, notamment parmi les étudiants du Département de français de l’Université de la Saskatchewan et sa directrice pédagogique Marie Diane Clarke. Le metteur en scène de Entre plaine et savane lui avait confié la recherche de comédiens africains francophones. C’est finalement une Africaine anglophone mais francophile qui a débarqué.

Au marché d’Accra

« Avant le début des répétitions, vers la fin mai, je n’avais jamais rencontré David Granger, ni même interprété un quelconque rôle dans un spectacle ici à Saskatoon » explique encore Idayatu Bello. Pourtant elle interprète avec talent deux des quatre contes de Entre plaine et savane alors que le français n’est ni sa langue maternelle, ni sa première langue de travail, ni encore la langue officielle de son pays d’origine, le Ghana, ancienne colonie britannique.

En 1998, alors âgée de 8 ans, Idayatu fait une rencontre qui va enclencher et renforcer son désir de parler français. Se servant des rudiments de cette langue appris sur les bancs de l’école élémentaire, la fillette, qui aide aussi sa mère à vendre au marché d’Accra, capitale du Ghana, va servir d’interprète pour des clients francophones venus du Cameroun.

Émerveillés par la vivacité d’esprit et la qualité de l’interprétation de la fillette, les clients remettront à la maman d’Idayatu une forte somme d’argent pour soutenir la poursuite de son éducation en français. « Cette récompense, se souvient encore Idayatu Bello, allait servir pour payer les frais de scolarité d’un trimestre entier et même acheter des manuels de français dont j’avais besoin ».

Plus tard, quand les affaires de maman Bello ont commencé à prospérer, la commerçante a élargi sa clientèle au Togo, au Bénin, ou encore en Côte d’Ivoire.« À chaque voyage, ma mère m’achetait divers ouvrages en français qui revenaient beaucoup moins chers dans ces pays. À la longue, j’ai pu me constituer une petite bibliothèque francophone personnelle », se rappelle la jeune ghanéenne.

Idayatu Bello

Idayatu Bello

Idayatu Bello préparant sa maîtrise en français.
Photos Martin Kakra-Kouame (2015)
Fille au pair

En 2011, alors étudiante à Accra, Idayatu est admise à poursuivre ses études de français à l’étranger dans le cadre d’un programme d’immersion. Sa famille décide de lui donner sa chance pour encourager et soutenir sa détermination. Le choix d’Idayatu Bello se portera sur l’Université de Nantes, en France. Déterminée à acquérir autant de connaissances que possible, l’étudiante s’installera également au sein d’une famille française, les Consigny, comme fille au pair. La voilà en immersion totale dans la langue de Molière.

C’est aussi pour elle une occasion de partager les loisirs de ses hôtes français, tout en s’impliquant dans les activités sociales et culturelles de l’université et de la ville. Or la famille Consigny s’intéresse au théâtre. Idayatu va alors opter pour le théâtre comme activité complémentaire à ses études de français. Ce sera sa toute première montée sur scène au sein d’une troupe de l’Université de Nantes où elle tient divers rôles.

De retour au Ghana en 2013, diplôme universitaire en poche, Idayatu est recrutée au Centre des langues de l’Armée à Accra dans le cadre du service national de son pays. Elle enseigne le français à des militaires. En même temps, elle assure diverses tâches de supervision et de coordination pour la promotion et la diffusion du français.

Après deux années d’activités, Idayatu entreprend d’approfondir son parcours universitaire et d’élargir le champ de ses compétences linguistiques et littéraires. Cette fois, ce sera le Canada. Et sur recommandation d’un ami de la famille, elle optera pour l’Université de la Saskatchewan. Elle y prépare une maîtrise en français et entreprend une « étude comparée entre auteurs d’Afrique francophone et auteurs fransaskois ».