Redonner leur place aux plantes indigènes
La Saskatchewan compte plus de 600 plantes indigènes. Préexistantes à la colonisation européenne, ces dernières sont essentielles à la pollinisation et à l’équilibre des écosystèmes locaux. Alors que beaucoup des plantes vendues en commerce sont exotiques, un mouvement associatif veut faire (re)pousser les jardins indigènes.
L'auteure francophile Candace Savage est une membre active de l’association Wild About Saskatoon depuis plusieurs années. L’organisation s’attelle à faire la promotion de la santé des écosystèmes locaux et à mettre en valeur les espaces naturels.
« Les plantes sauvages et indigènes ont évolué ici depuis des milliers d’années, en synchronicité avec les insectes, les oiseaux, les animaux », souligne la passionnée de nature.
Pour preuve, l’écrivaine a même remplacé sa pelouse par des plantes indigènes. Elle encourage par ailleurs tout le monde à participer au Butterflyway Project lancé par la Fondation David Suzuki en 2021, qui vise à favoriser la croissance des habitats pour les abeilles et papillons à travers le pays.
Un jardin indigène
Crédit : Marie-Lou Bernatchez
« Il y a plus de 300 espèces d’abeilles indigènes en Saskatchewan et elles ont toutes besoin de la bonne plante au bon moment pour assurer la pollinisation », précise Candace Savage, ajoutant au passage que certaines plantes non indigènes peuvent envahir les milieux naturels et nuire aux plantes natives.
Jardiner écologiquement
« Les plantes ne sont pas seulement décoratives, poursuit l’auteure, elles sont puissantes et participent à l’écosystème. »
En outre, les plantes indigènes demandent moins d’attention que la majorité des plantes exotiques que l’on retrouve dans les centres de jardinage, soutient Candace Savage.
Les amateurs pourront commencer avec les tournesols, les asters et les verges d’or, suggère-t-elle. « Ce sont les plantes qui peuvent soutenir le plus d’insectes et qui ont aussi de magnifiques couleurs. »
À Saskatoon, 72 jardins sont certifiés « jardins indigènes ». Mais l’ambition est plus large : « Nous en voulons 100 », affirme l’écologiste.
Penny McKinlay, rédactrice pour le blogue EcoFriendly West et chroniqueuse pour Éco dans les Prairies à Radio-Canada Saskatchewan, encourage aussi les semailles d’une grande variété de plantes indigènes.
« Nous avons besoin des pollinisateurs comme les abeilles, les papillons, les guêpes et bien d’autres insectes. Il y a plus de 800 espèces d’abeilles indigènes au Canada, dont plusieurs sont en danger d’extinction. »
Les insectes pollinisateurs et les plantes sont à la base de la chaîne alimentaire, rejoint Candace Savage. « Sans eux, le reste ne suit pas, il n’y a plus d’oiseaux, plus d’animaux, etc. »
Retour aux sources
De son côté, Laura St-Pierre, artiste visuelle fransaskoise, résidente de Saskatoon, est passionnée de plantes indigènes depuis plusieurs années.
« Je pense que l’on commence de plus en plus à comprendre l’importance des plantes indigènes, observe-t-elle. J’écoute beaucoup de podcasts sur le jardinage et, avec Wild About Saskatoon, j’ai fait des visites de jardins privés indigènes et j’ai trouvé cela vraiment inspirant. »
Celle qui a acheté sa résidence en 2014 affirme avoir vu une grande différence du côté des pollinisateurs dans sa cour.
« Lorsque l’on a acheté la maison, je ne connaissais rien aux plantes indigènes et, maintenant qu’on en a incorporé de plus en plus, les insectes augmentent. Nous avions deux ou trois types d’abeilles et maintenant nous en avons une dizaine ! »
Laura St.Pierre
Crédit: Yolanta Bird
Laura St-Pierre s’inspire également de groupes Facebook tels que Landscaping with Native Plants Saskatchewan et suit des cours de jardinage avec l’Université de la Saskatchewan.
« Les racines de plusieurs plantes indigènes ont 9 à 12 pieds de profondeur et un mécanisme d’adaptation à la sécheresse, explique la passionnée à la main verte, ce qui fait que certaines plantes ne fleurissent pas tout de suite, alors il faut parfois un peu de patience. »
La jardinière met en garde contre les plantes dans le commerce dites « Wild Flowers », car certaines proviennent des États-Unis. Il serait préférable selon elle d’encourager les producteurs locaux pour s’assurer de la provenance des graines.
« Pour ma part, j’achète chez Blazing Star Wildflower Seed Company, une compagnie du sud de la Saskatchewan. Je fais pousser des anémones qui poussent facilement et n’importe où, du millefeuille et du rudbeckia. »
Des projets à grande échelle
En Saskatchewan, les écosystèmes des prairies indigènes comptent parmi les écosystèmes les plus menacés au monde, ce qui en fait une priorité de conservation. La région des Prairies centrales couvre environ un cinquième du continent nord-américain et représente 7 à 10 % des prairies du monde.
Du trèfle plutôt que de la pelouse !
Crédit : Caroline Côté
Plusieurs projets de conservation sont en cours dans la province, notamment par l’organisme Conservation de la nature Canada. Entre autres, citons ici l’aire de conservation des prairies patrimoniales Old Man on His Back, le bassin versant de la rivière Frenchman, Maymont 5, le site Asquith North, le site Fairy Hill South et la Propriété de Big Valley.
À Regina, les bénévoles de Nature Regina et le Musée royal de la Saskatchewan entretiennent un jardin de plantes indigènes à l'entrée est du musée. Depuis 1994, cet espace met ainsi en valeur les plantes qui poussent dans le sud de la Saskatchewan depuis des milliers d'années.
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